La Chronique Agora

A chacun son G

▪ En Europe, il y a la Grèce… aux Etats-Unis, il y a Goldman… et ces deux G ébranlent toutes les belles certitudes des marchés.

C’est surtout la Grèce qui avait fait parler d’elle lors des séances précédentes, mais avec un plan de sauvetage arrivant à l’horizon, les investisseurs s’étaient quelque peu rassérénés. Vendredi, ça a été le tour de Goldman Sachs de prendre le devant de la scène : une enquête au pénal a été annoncée, ouverte contre la banque d’investissement par le procureur général de New York.

Tout cela rappelle à votre correspondante le projet sur lequel elle travaille depuis quelques mois : la traduction de la biographie autorisée de Warren Buffett — qui narre notamment l’affaire Salomon Brothers… suivie de près par l’affaire Long-Term Capital Management.

Saviez-vous que Warren Buffett avait monté (avec Goldman Sachs et AIG, d’ailleurs) une offre de rachat potentiel de LTCM ? Elle devait lui permettre de prendre le contrôle du fonds de couverture qui vacillait, plombé par ses modèles inadaptés et ses paris ultra-risqués, et menaçant d’emporter avec lui le système financier mondial.

Hélas pour Buffett, il était en vacances avec Bill Gates à Yellowstone lors des événements… et une mauvaise liaison téléphonique l’a empêché de négocier comme il l’entendait. Imaginez un peu : une meilleure réception… et LTCM était racheté par un consortium privé, au lieu du premier renflouage gouvernemental de l’histoire. Où en serions-nous aujourd’hui ?

"On n’insistera jamais assez sur la signification du sauvetage d’une société financière privée par une banque centrale", conclut le chapitre sur l’affaire LTCM. "Si un hedge fund, aussi grand soit-il, était trop important pour sombrer, quelle institution financière laisserait-on s’effondrer un jour ? Le gouvernement risquait de devenir la marge de sécurité. Aucune conséquence sérieuse n’avait suivi le quasi-effondrement des produits dérivés. Les marchés, par la suite, semblèrent se comporter comme si aucune conséquence grave ne pouvait jamais se produire".

Décidément, plus ça change, plus c’est la même chose…

▪ En tout cas, les marchés ont terminé la semaine sur une séance de baisse — parce qu’il faut ajouter à tout ce qui précède un chiffre du PIB américain moins bon que prévu pour le premier trimestre 2010 : +3,2% au lieu de +3,4%. Certes, on reste dans le vert… mais en cette période d’incertitude, le moindre signe de faiblesse peut suffire à déclencher une vague de baisse.

A noter aussi : l’indice d’activité de la région de Chicago a terminé avril à 63,8 points, soit un sommet de cinq ans. Mais dans le même temps… l’indice de confiance du consommateur, mesuré par l’Université du Michigan, a connu une petite chute, passant de 73,6 en mars à 72,2 le mois dernier.

Tout ça a pesé sur les marchés. Le CAC 40 a perdu 0,62% sur la journée de vendredi, clôturant à 3 816,99 points — soit une perte de 3,4% sur la semaine. Le Footsie a perdu 1,15% en une séance, tandis que le DAX pliait de 0,4%.

Côté américain, le Dow Jones a abandonné 1,42%, à 11 008,61 points. Le S&P 500 chutait quant à lui de 1,66% ; enfin, le Nasdaq a subi une belle raclée, perdant 2,02% à 2 461,19 points.

Et devinez qui se porte bien, pendant ce temps ? L’or, évidemment… qui a pris 4 $ entre le premier et le second fixing londonien — il a terminé vendredi à 1 179,25 $ l’once. Notez que ça ne va pas trop mal pour l’euro non plus : le sauvetage grec se précise, la monnaie unique semble moins menacée d’explosion imminente… elle remonte donc, à 1,3305 $.

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