▪ Il y a quelques jours, l’arabica est passé de 135 à 198 cents la livre : une hausse de 60% en trois mois. Hausse qui atteint 90% depuis son point bas de mars 2009..
▪ Qu’est-ce qui a mis le feu aux poudres en juin ?
Alors que les spéculateurs étaient début juin fortement positionnés à la baisse sur le marché à terme du café, soudainement un acteur important du marché décida de demander la livraison physique de tous ses contrats arrivant à échéance en juillet. Contrats qu’il avait massivement accumulés.
▪ Les spéculateurs ont été piégés
Ils n’avaient pas la contrepartie physique de leurs contrats short puisqu’ils ne livrent — ni n’achètent — jamais quoi que ce soit. Ils ne font que jouer, et roulent leurs positions juste avant l’échéance des contrats pour éviter la livraison.
Pire : l’offre physique de café étant actuellement très faible (pénurie), il leur était très difficile de s’approvisionner en café pour faire face à leurs engagements. Ils ont donc été forcés de racheter leurs positions vendeuses, et contraints d’acheter du café au prix fort pour faire face à leurs engagements.
▪ D’où l’explosion impressionnante des cours
Voilà qui a déclenché un fort signal d’achat. Il n’en fallait pas plus pour attirer les capitaux errants, sans cesse à l’affût d’investissements à fort rendement.
Si cette hausse vertigineuse est actuellement "poussée à l’extrême" par la spéculation, elle a aussi et surtout des fondamentaux porteurs bien réels. Je m’explique :
▪ Où produit-on de l’arabica ?
Principalement en Amérique du Sud et centrale : surtout au Brésil, premier producteur et exportateur, ainsi qu’en Colombie, second producteur mondial, mais aussi au Mexique, ou au Guatemala…
Mais également un peu dans les pays d’Afrique de l’est (le fameux moka d’Ethiopie, ainsi qu’en Ouganda notamment).
▪ L’offre est à la peine
Voilà deux années de suite que la récolte de Colombie, qui produit des fèves de haute qualité très recherchées (les meilleurs crus du monde), sont catastrophiques. L’an passé sa production a chuté de 32% ! Météo peu clémente, champignons… ont nui au rendement.
De même, le Brésil, plus gros exportateur d’arabica de la planète, a connu une mauvaise récolte l’an passé avec seulement 43 millions de sacs de café (60 kg) produits.
Plus globalement, la production mondiale de café pour 2009/2010 serait en repli de 6,6%, à 120 millions de sacs, alors que la demande, elle, ne se dément pas.
▪ Conséquence
La saison dernière, le marché de l’arabica s’est trouvé déficitaire, ce qui a pesé sur le niveau des stocks qui se sont affaiblis.
L’offre peine depuis quelques mois à satisfaire la demande. Le marché est étroit. D’où la pression sur les prix à la hausse, bien normale.
On attend donc avec impatience la récolte de café 2010/2011 qui commence en octobre au Brésil et en Colombie. Mais en attendant les arrivages, les marchés restent étroits et l’offre réduite.
Et les autres facteurs haussiers ne manquent pas, comme nous le verrons demain…