La Chronique Agora

80 millions de barils de brut sous New York ! L'Eldorado énergétique américain à portée de main

Dans cette conjoncture morose, il y a aux Etats-Unis encore un secteur qui fait figure d’ultime Eldorado énergétique… Imaginez un peu : il y aurait l’équivalent de 80 millions de barils de brut sous New York !

Pour le récupérer, il faut casser la roche, encore et encore…
Le gaz naturel conventionnel, quand il n’est pas issu de l’extraction du pétrole, provient de gisements piégés dans de vastes anfractuosités d’une couche rocheuse (le réservoir), où il est en général mélangé à de l’eau ou de l’huile. Une fois que vous avez trouvé un gisement, il n’y a plus qu’à percer un trou et à extraire.

En revanche, le gaz de schiste (shales) lui, est réparti en minuscules quantités, sur de vastes et denses massifs rocheux, piégé dans des fissures millimétriques, ou bien imprégnant un composé intermédiaire entre la matière organique et le minéral, le kérogène. Bref, il y en a beaucoup, mais dans des concentrations très faibles. Pour le récupérer, il faut casser la roche, encore et encore…

On connaît depuis longtemps l’existence de ces incroyables gisements, mais…
Mais leur exploitation semblait jusqu’ici difficile et non-rentable. Et puis, dans les années 90, la diminution des réserves classiques a renouvelé l’intérêt pour ces ressources. Tout a commencé quand Mitchell Energy — rachetée depuis par Devon Energy — a commencé l’exploitation du Barnett Shale, au Texas.

Jusqu’à ce que le progrès technologique s’en mêle
Il existe deux techniques de pointe : le forage horizontal, qui consiste à creuser un trou en L, afin de se "promener" sur toute l’étendue du gisement. Et les procédés de fracturation (nitroglycérine, gaz à haute pression, azote liquide), qui facilitent la circulation du gaz en brisant la roche.

C’est dans les années 2000 que les extracteurs ont découvert leur combinaison, qui, appliquée aux shales, se révèle très efficace. Aujourd’hui, les taux de récupération restent encore faibles (20% contre 75% pour le gaz conventionnel), mais suffisants pour l’exploitation commerciale.

Des réserves de gaz qui deviennent soudainement accessibles
Dopés par le souci de l’indépendance énergétique sous le gouvernement Bush, les shales sont en plein boom. A l’exception du charbon, industrie très polluante, c’est la seule ressource énergétique encore abondante en Amérique du Nord

L’Agence américaine à l’énergie estime déjà les réserves prouvées de gaz schisteux récupérable aux Etats-Unis à 267 TCF (trillions of cubic feet, 1 TCF équivalant à 28,3km3), soit davantage que les réserves prouvées de gaz conventionnel.

Ce gaz du "troisième type" pourrait atteindre 18% de la production nationale…
Selon un scénario "raisonnable", publié dans son rapport 2009, l’extraction de shale gas devrait quadrupler d’ici 2030, pour atteindre 18% de la production nationale… Mais la vérité, c’est qu’on ne sait pas trop où cela s’arrêtera !

"Selon un rapport commandité par l’industrie, signale le Wall Street Journal, "les Etats-Unis disposeraient de plus de 2 200 TCF de gaz directement accessible, de quoi satisfaire 100 années de consommation au rythme actuel" !

–  Le Marcellus Shale, qui inquiète les New-Yorkais, contiendrait à lui seul 500 TCF de gaz — l’équivalent de 80 millions de barils de pétrole –, même si tout n’est pas récupérable.
– Pour le Haynesville Shale, en Louisiane, il s’agirait de 200 TCF. Les gisements de Haynesville et de Barnett sont les deux fers de lance de Chesapeake Energy, que nous avons en portefeuille et que je vous ai présentés dans les numéros 29 et 8 de Matières à Profits.

A n’en pas douter, les gaz schisteux sont le "sujet chaud" du moment
Le domaine a vu émerger une génération de juniors prometteuses — Antero, Dominion, Talisman –, aux côtés de leaders indépendants des shales tels que Pioneer Energy, Devon Energy, Chesapeake ou encore, les Texans de Range Resources corp. dont le cours a quasiment doublé depuis le début de l’année. Sans parler des géants du secteur, comme Exxon, BP ou Texaco, qui suivent le dossier de près.

…Et les cours s’en ressentent
Dès lors, faut-il s’étonner de cette décorrélation appuyée entre le cours du natty et celui du pétrole ?

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