La Chronique Agora

-23% au Japon, -6% en Chine, -5% aux Etats-Unis. A votre avis, je parle de quoi ?

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

La hausse soudaine du brut vous désespérait ?
En quelques semaines, le cours du baril de pétrole à New York est passé de 37 $ à 53 $, soit plus de 40% de hausse en deux mois.

Vous vous disiez que vous aviez "raté" l’opportunité de vous positionner à long terme sur le brut lorsqu’il était à 37 $ ? Et pourtant vous êtes convaincu de son potentiel de hausse à long terme.

Vous allez peut-être avoir une seconde chance…

Plongeon impressionnant de la demande de pétrole
Les chiffres de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) sont tombés lundi. Ils sont sans appel. Mais surtout, ils sont bien plus mauvais qu’attendus : la demande mondiale de pétrole a reculé de 4% au premier trimestre. Un décrochage d’une brutalité impressionnante. Il faut remonter à 1980 pour trouver un mouvement d’une telle ampleur.

Du coup, et pour la huitième fois de suite, l’AIE revoit ses prévisions de consommation mondiale de brut à la baisse. Et de façon nette. Elle abaisse carrément la consommation journalière de un million de barils par rapport à se précédente estimation.

Elle s’attend pour 2009 à un repli de la demande de 2,8%, c’est-à-dire de 2,4 millions de barils par jour. La consommation revient ainsi à 83,4 millions de barils par jour.

D’où vient ce décrochage ?
Des pays développés principalement car ce sont eux les plus touchés par la crise : notamment les Etats-Unis — où la demande a diminué de 5% en févier — et le Japon.

Je vous en ai déjà parlé, le Japon est touché par une violente récession. Et pour le coup, les chiffres ne font pas dans la demi-mesure : la consommation de brut plonge de 23% ! Même tendance en Europe, mais en beaucoup moins marquée.

Les choses se gâtent : les BRIC sont sur nos traces
Nous pensions que la Chine résistait mieux que nous. Erreur ! Sa demande de brut sur janvier/février s’affiche en repli de 7% par rapport à la même période N-1. Donc, les BRIC ne sont pas préservés.

La croissance de la demande chinoise de brut, qui explosait au rythme de 4% en 2008, devrait cette année régresser de 1%. Pas de doute, les usines tournent au ralenti là-bas aussi.

La baisse des quotas a été respectée
Face au repli généralisé de la demande ces derniers mois, l’OPEP a fortement réduit sa production, effectivement. Cela suffira-t-il ? Réponse le 28 mai lors de la prochaine réunion de l’OPEP. Certains estiment déjà qu’une nouvelle baisse des quotas sera nécessaire.

Je regarde mon écran et constate que malgré ces mauvaises nouvelles, le cours du WTI de cille pas. Il rebondi même de plus de 1% hier matin et reste à présent scotché sur les 50 $. A croire que le marché est actuellement immunisé contre les mauvaises nouvelles. Suivez le cours de près.

Et si vous voulez mon avis…
La violente baisse des cours du pétrole ces derniers mois entraîne l’annulation ou, au mieux, le report d’un très grand nombre de projets de prospection. Nous semons aujourd’hui le chaos de demain…

En sortie de crise, ce boomerang pourrait bien nous revenir en pleine face. Avec d’un côté une demande de brut qui repart, tirée par les BRIC, et de l’autre une offre qui, faute d’investissements, ne sera pas à la hauteur. Je vous rappelle qu’il faut investir tous les ans 400 milliards de dollars, juste pour maintenir le niveau de l’offre "en l’état", l’empêcher de refluer…

Les tensions sur les prix du brut à moyen long terme sont inévitables
D’ailleurs, les marchés ne s’y trompent pas. Les échéances lointaines sur les marchés à terme prennent la tendance haussière du brut, qui clairement ne compte pas.

Voilà pourquoi il me semble que vous devriez réfléchir à utiliser les replis du brut pour vous positionner dans une optique long terme… et ne vous inquiétez pas : nous serons là pour vous y aider — restez à l’écoute…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux rédige chaque jour l’Edito Matières Premières & Devises (Publications Agora), une lettre internet gratuite consacrée au marché des matières premières. Passionnée depuis toujours par la Bourse et par tous les marchés financiers, Isabelle s’est spécialisée dans les matières premières et veut permettre à l’investisseur particulier de découvrir et de comprendre l’investissement sur ce marché des matières premières.

L’Edito Matières Premières & Devises est bien plus qu’une chronique quotidienne. C’est un pôle d’activités centré sur les matières premières qui vous donne les moyens de suivre et de maîtriser ces marchés ! Vous pouvez recevoir gratuitement l’Edito Matières Premières & Devises en cliquant ici.

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