La Chronique Agora

2019, l’année du retournement de cycle

En ce début d’année 2019, les investisseurs commencent à s’inquiéter du ralentissement de la croissance mondiale. Simple coup de mou ou vrai retournement ?

Voici les effets que pourraient avoir la guerre commerciale sur l’activité économique si les choses venaient à dégénérer.

D’après une étude de Natixis (avril 2018), une taxation des importations de 20% aux Etats-Unis entraînerait (compte tenu du poids des importations) une hausse de trois points des prix intérieurs des Etats-Unis, propulsant l’inflation au-dessus de 4% .

En septembre 2018, la situation s’était déjà largement dégradée, relevait l’OCDE.

Naturellement, cela se répercute sur la production industrielle mondiale.

Par ailleurs, « la croissance de l’investissement est [non seulement aux Etats-Unis mais également à l’échelle mondiale] trop faible pour soutenir les gains de productivité », commentait l’OCDE.

En somme, comme le souligne Natixis, on peut douter que la croissance mondiale vienne en relais de la croissance américaine, en particulier avec une Chine « obligée de tripoter les chiffres pour faire semblant de rester au-dessus des 6% », pour reprendre les mots de Bruno Bertez.

Il n’est donc pas étonnant que Christine Lagarde ait averti début octobre que certains des « nuages » qu’elle apercevait à l’horizon « se sont matérialisés », ce qui devrait conduire la croissance mondiale à ralentir.

Etats-Unis : une croissante forte qui ne sera que « transitoire »

La consommation interne et les firmes zombies américaines sont de plus en plus dépendantes de la dette.

Par ailleurs, outre la progression de l’emploi, ajoutons que la réforme fiscale — l’autre composante majeure de la forte croissance américaine — aura produit « l’essentiel de ses effets en 2018 », analysait Natixis.

Enfin, comment ne pas évoquer le soutien budgétaire qu’a apporté l’administration Trump à l’économie américaine ?

Certes, comme le nuance Olivier Maurice sur Contrepoints :

« Il y a […] des différences fondamentales entre la dette Obama et la dette Trump : la première a été majoritairement employée pour augmenter le périmètre de l’Etat, la seconde pour financer une baisse des impôts ; la première s’est vu associée à une croissance du PIB de 1,5% en moyenne par an, la seconde d’une croissance qui au dernier trimestre atteignait les 4%. »

Mais les finances publiques américaines ne sont pas belles à voir. Comme le relève Lance Roberts de RealInvestmentAdvice.com :

« Le problème […] est que les dépenses publiques sont passées d’investissements productifs, tels que le barrage Hoover, qui créent des emplois (infrastructures et développement) au profit principalement de la protection sociale, de la défense et du service de la dette, avec un taux de rendement négatif. Selon le Centre sur le budget et les priorités politiques [Center On Budget & Policy Priorities], près de 75% de chaque dollar d’impôt est consacré à des dépenses non productives. »

Outre le problème de l’accroissement de la charge de la dette que le futur programme d’infrastructure va générer, il est loin d’être certain qu’il aura un taux de rendement positif et il risque de pousser les taux longs à la hausse.

En effet, comme l’expliquait Natixis le 16 novembre :

« Une nouvelle relance budgétaire conduirait à une forte hausse des taux d’intérêt à long terme des Etats-Unis ; cette hausse des taux d’intérêt ferait reculer le marché des actions, déclenchant des effets de richesse négatifs. »

Donald Trump jouera le tout pour le tout en vue de favoriser sa réélection

 Donald Trump sera de toutes façons poussé à « bruler les meubles » pour favoriser sa réélection en novembre 2020. « Il sait que la seule chose qui peut faire échouer sa réélection dans deux ans, c’est une récession. Jimmy Carter et Georges Bush père ne seront pas réélus à cause d’une récession. Donc il ira au bout du bout du bout du bout de ce qu’il peut faire pour essayer de maintenir cette croissance absolument insolente qu’il a effectivement réussi à mettre en place », commente l’éditorialiste de BFM Business Nicolas Doze.

La reprise résistera-t-elle à la hausse des coûts de l’endettement ? Cette croissance « insolente » des Etats-Unis n’aurait-elle qu’un « caractère transitoire », comme le craint Natixis ?

2019 a de bonnes chances d’être l’année du retournement, comme nous le verrons demain.

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