La Chronique Agora

2011, année de la colère… 2012, année de la rage ?

▪ A présent que les résolutions du Nouvel An sont derrière nous, nous nous demandons que faire de cette année qui s’ouvre devant nous. C’est le début d’un nouveau chapitre de notre calendrier grégorien… et, d’après certains, le début du dernier chapitre du calendrier maya. Où nous mènera cette année ? Vers une Saint Sylvestre 2012 ?… Ou vers la destruction du ciel, de la terre et de l’univers ? Comment utiliser au mieux le temps intermédiaire ?

Au lieu de nous perdre dans l’interaction de plus en plus rugueuse entre les gouvernements et les marchés qu’ils font semblant de sauver et de servir, nous vous proposons de prendre du recul, de commencer par le commencement. Après tout, les forêts sont souvent cachées par les arbres et la majesté et la grandeur de l’univers souvent éclipsées par une seule étoile.

Sur bon nombre des grandes questions de la vie, nous restons fermement, sûrement, absolument et formellement dans le camp agnostique. Seul varie le degré d’agnosticisme. Avec une longue liste bien connue d’erreurs qui sont derrière nous, comment pouvons-nous être totalement certains de quoi que ce soit ? Un exemple : on a longtemps cru que la terre était plate avant de « découvrir » qu’elle était ronde. Mais même à ce moment-là, les navigateurs n’étaient pas entièrement convaincus — ou pas capables — de risquer leurs navires là où leurs courageuses hypothèses osaient s’aventurer. L’astronomie hellénistique a établi la forme sphérique de la terre comme un fait physique à peu près au troisième siècle avant J.-C. Ce n’est que 1 800 années plus tard que le périple autour du monde (1519-1521) de Juan Sebastián Elcano l’a prouvé sans l’ombre d’un doute. Certes, les tenants d’une terre plate devaient sans doute être sûrs de leur fait. Peut-être aussi sûrs que nous le sommes tous aujourd’hui de la « sphéricité » de la terre.

En outre, l’agnosticisme n’a pas besoin de ne se limiter qu’aux affaires terrestres. Nous avons aussi le ciel à questionner, et l’arrangement complexe des nombreux rouages qui le composent.

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Récemment, au mois de septembre dernier, la principale doctrine de la physique moderne a été elle-même remise en question. Jusqu’à ce qu’un groupe de sceptiques se réunisse pour réfléchir sur la nature des choses et leur fonctionnement, on croyait que rien dans notre univers connu ne pouvait voyager plus vite que la vitesse de la lumière, soit 299 792 km/s. Pas même — comme le laisse entendre le terme — la lumière elle-même. On a cru que cette limite était une sorte de limite de vitesse céleste, la constante « c » dans l’équation d’Einstein E = mc2.

Un article paru dans Universe Today raconte cette histoire du 22 septembre dernier, jour où il a été déclaré que la limite de vitesse avait été dépassée :

« Une équipe internationale de scientifiques du laboratoire du Gran Sasso, près de Rome, a annoncé hier avoir chronométré des neutrinos voyageant plus vite que la vitesse de la lumière. Les neutrinos, particules sub-atomiques ayant une masse très faible, étaient contenus dans des faisceaux émis depuis le CERN à 730 km de distance, en Suisse. Sur une période de trois ans, 15 000 faisceaux de neutrinos ont été émis du CERN vers des détecteurs spéciaux situés très profond sous terre à Gran Sasso. Là où la lumière aurait accompli le trajet en 2,4 millièmes de seconde, les neutrinos l’ont fait 60 nanosecondes plus tôt — c’est-à-dire 60 milliardièmes d’une seconde — une différence qui nous paraît certes minime, mais qui est énorme pour les physiciens des particules ! »

▪ Spaghettis et révolutions
Voyez-vous, cher lecteur, c’est ce qui arrive lorsque l’on tire sur un fil ! Si vous le tirez pendant un assez long moment, avant même de vous en rendre compte, le tissu de tout l’univers « connu » se défait comme une écharpe que l’on aurait tricotée à partir de spaghettis.

Vous souvenez-vous de ce qui est arrivé lorsque les gens ont commencé à tirer sur de semblables fils l’année dernière ? Des individus ont commencé à remettre en question la nature du monde qui les entourait, en particulier le monde politique. Cela a commencé, comme vous vous en souvenez sans doute, dans un petit pays d’Afrique du Nord appelé Tunisie…

Mohamed Bouazizi ne s’attendait probablement pas à ce que son pays lui rende hommage avec la publication d’un timbre-poste lorsqu’il s’est immolé en décembre 2010, un acte qui conduira à son décès quelques jours plus tard, en janvier 2011. Ce vendeur de rue âgé de 26 ans protestait contre le harcèlement et l’humiliation que lui infligeaient les agents municipaux en lui confisquant sa marchandise. C’est au gouvernement de récupérer une tragédie provoquée par l’ingérence insidieuse qu’elle a établie dans le but de grandir l’influence de l’Etat.

En dépit de cette lamentable ironie, l’acte de M. Bouazizi a ouvert la voie à ce qui est peut-être la crise sociale la plus étendue de la région aujourd’hui. Commencées en Tunisie, le pays de Mohamed Bouazizi, les révolutions — en grande partie grâce à la diversité des canaux open source — ont gagné le sud et l’ouest via la Libye et l’Egypte, où la chute de Mouammar Kadhafi et de Hosni Moubarak a mis fin à un demi-siècle de dictatures brutales soutenues par les Etats-Unis.

Les révolutions en Tunisie et en Egypte et la guerre civile en Libye ont été suivies par des insurrections civiles à Bahreïn, en Syrie et au Yémen — cette dernière ayant résulté en la démission du Premier ministre yéménite — et par d’importantes manifestations en Algérie, en Irak, en Jordanie, au Koweït, au Maroc et à Oman. On a également assisté à des manifestations de moindre ampleur au Liban, en Mauritanie, au Soudan et au Sahara Occidental. Fait significatif dans cette partie du monde fortement dépendante d’un pétrole relativement bon marché, d’accès facile et de haute qualité, la maison des Saoud a également pris conscience d’un esprit révolutionnaire bouillonnant, si ce n’est naissant, juste sous la surface.

La liberté est un air entraînant. C’est ce que nous avons compris en voyant la propagation de ces troubles. Une fois que vous l’avez en tête, il est difficile de s’en débarrasser… non pas que vous le vouliez. Du Printemps arabe susmentionné (et qui continue encore aujourd’hui) à la Révolution de jasmin en Chine — rapidement réprimée — 2011 est devenue « l’année de la révolution ».

Ce sentiment s’est propagé à la vitesse de la lumière — quelle que soit la pertinence que cela peut avoir à présent — jusqu’en Europe, où des diplômés au chômage, des retraités et tous les laissés pour compte se sont réunis dans les capitales du continent pour protester contre les sauvetages déguisés des banques, les programmes d’austérité et le pillage généralisé des masses par la classe politique, que beaucoup d’entre eux ont eux-mêmes élue.

Beaucoup de pillages ont été perpétrés par les masses elles-mêmes. De la Place Syntagma à Athènes à Tottenham Square à Londres, les émeutiers ont testé la force de leur nombre contre les forces de police, manifestement incapables de suivre le rythme de la nouvelle réalité des flash riots (émeutes éclairs) et des techniques avancées, open source, qu’ils utilisent pour se rassembler et se disperser avant que la police ne puisse prendre le contrôle de cette situation inhabituelle.

Le monde s’est mis en marche, littéralement, lors de la « journée mondiale de la colère », en octobre, où se sont réunis tous ceux qui ont été floués et escroqués, de Tokyo à Zurich et dans les villes de plus de 80 pays à travers le monde. Ils ont laissé éclater leur colère pour rejeter le monde tel qu’ils le connaissent. Mais ce monde-là pourrait bientôt prendre fin de toute façon : une recomposition globale s’annonce, d’un genre que même les Mayas n’auraient pu imaginer.

Affaire à suivre (de très près)…

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