La Chronique Agora

2001-2011 : une décennie perdue pour les investisseurs ? (2)

Nous voyions hier que des bouleversements sont en train de se produire dans les économies développées — Europe en tête. Voyons un peu ce qu’il en est dans le reste du monde…

▪ Les Etats-Unis désormais en première ligne
Si l’Europe traverse la plus grande crise financière de son histoire, les Etats-Unis ne sont pas en reste. Si l’on considère la dette totale, il n’y a pas grande différence entre l’Europe et les Etats-Unis. Rendez-vous compte que les ratios dette totale/PIB s’échelonnent entre 250% et 300% !

Cependant, aux Etats-Unis, ce sont les ménages qui ont ruiné leurs finances personnelles. Ils ont compensé le manque de croissance des revenus par une croissance des dettes. Cela leur a permis de continuer à améliorer leur niveau de vie jusqu’au début du siècle. Au pays de la responsabilité individuelle, il est surprenant de voir que les gens ont pensé qu’ils pouvaient emprunter et dépenser sans limite.

J’en parlais d’ailleurs avec un ami français marié à une Américaine, et ayant adopté le mode de pensée de sa femme, il me disait : « ah bon, il faudra vraiment rembourser ? ». A ce stade, les gens se sont mis à croire qu’ils pouvaient éviter les conséquences d’un excès d’emprunt
en empruntant encore plus.

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Pour que les Américains puissent subvenir à leurs besoins, il leur reste leur épargne ; mais alors, cela réduit les dépenses de consommation… ce qui pousse l’économie dans la crise. Et d’ailleurs, ont-ils une épargne liquide ? Les ménages américains ont perdu 800 milliards de dollars de valeur immobilière ces 12 dernières années, le taux d’épargne a baissé, de 5,1% à 4,1%.

Sinon, le dernier levier, c’est la dette, avec le risque de s’enfoncer toujours un peu plus. Alors, ils ont recours à des expédients…

Aux Etats-Unis, l’activité se partage en deux, grosso modo : en dehors de ce qui a été délocalisé ou abandonné au nez et à la barbe de la population, il y a les activités de proximité impossibles à délocaliser comme le bâtiment ou la restauration rapide, et d’autre part ce qui relève des services les plus complexes. Et bien entendu, l’écart entre ces deux populations actives se creuse pour ce qui est des revenus.

▪ Comportements dans une économie de crise
Ainsi se développe une économie de crise qui va durer. D’abord parce que le chômage va rester élevé, ce qui tétanise beaucoup de ménages dans leurs projets de consommation ou d’investissement. Les Etats ensuite, contraints à des politiques de rigueur pour réduire les déficits et les dettes, feront bien sûr des coupes dans les dépenses, y compris dans celles qui contribuent à faire tourner l’économie. Mais ils ne se priveront pas d’augmenter les impôts, réduisant par là-même les disponibilités des ménages. Un cercle vicieux…

Personne n’y échappera, investisseurs, rentiers, salariés, entreprises. Mais il est certain que les plus modestes souffriront le plus. Savez-vous que d’ores et déjà 35% des Français finissent le mois avec leur compte bancaire dans le rouge ? Et ce ne sont pas forcément des chômeurs.

Vous voyez, le séisme qui secoue les économies mondiales et principalement les économies « avancées », a une origine morale et sociale. Qui pouvait croire que l’on peut consommer plus sans travailler plus ? Qui pouvait croire que l’on pouvait indéfiniment dépenser l’argent que l’on n’a pas ? Est-ce un problème de niveau d’éducation ? Non, car cela a touché toutes les classes de la population et les gouvernements eux-mêmes.

Pourtant, c’est cela que l’on a fait croire aux classes les plus modestes, aux Etats-Unis (d’où la naissance de l’affaire des subprime, amplifiée par la cupidité des banquiers), mais aussi en Europe. Pour autant, l’endettement bancaire a été une roue de secours qui a compensé la stagnation du pouvoir d’achat des classes moyennes et qui a permis de soutenir la croissance. Cette roue de secours est en train de se dégonfler, par la force des choses.

▪ Les inégalités obligent à s’adapter
Le mouvement Occupy Wall Street s’autoproclame représentant 99% de la population et n’est rien d’autre qu’une protestation contre une répartition de la richesse que les gens trouvent trop inégale.

Alors que l’économie US est basée sur un système où la majorité se constitue elle-même ses revenus, l’augmentation des inégalités ébranle les fondements de la croissance, et au final, affectera aussi bien les nantis que les autres. Le fossé qui s’élargit entre les riches et les pauvres fragilise l’économie US en cas de crises financières récurrentes, et la rend moins capable de générer des périodes d’expansion durable.

Selon Bloomberg, l’IRS a établi qu’entre 1993 et 2008, 1% des familles a perçu 52% des revenus. De quoi engendrer une instabilité sociale. Et figurez-vous qu’au sein de l’OCDE, seules la Turquie et le Mexique sont des sociétés plus inégales que les Etats-Unis !

Les Américains sont pris au piège de leur propre système. Par exemple, l’éducation des enfants est un gouffre pour les ménages : imaginez qu’il y a en cours 1 000 milliards de dollars de prêts étudiants dans les comptes des banques. Un taux de chômage supérieur à 9% n’est pas de nature à réduire ces inégalités, il faudrait des changements politiques drastiques pour gérer ce problème et pour réduire la vulnérabilité du pays en cas de choc sur les marchés financiers.

A la lumière de cet enlisement pathétique, j’en suis arrivé à penser que l’on peut s’intéresser, dans une optique d’investissement, aux sociétés qui se spécialisent dans le marché des familles à revenus modestes. Les sociétés de financement alternatif, en effet, sont en train de prendre de l’importance au moment où les banques ferment le robinet du crédit facile et commencent à facturer à leurs clients des services qu’ils avaient l’habitude d’avoir gratuitement.

▪ Les comportements se figent
Ainsi, la restauration rapide n’a jamais aussi bien marché. Prenez McDo, qui a été une valeur de notre portefeuille pendant la crise 2008-2009, et dont ceux qui ont suivi mes conseils sont sortis avec une plus-value agréable. L’entreprise se déploie de plus en plus ; ses bénéfices augmentent régulièrement ; et le cours de Bourse se porte bien. Même chose pour son concurrent KFC.

Regardez les offres qui fleurissent en France comme ailleurs, proposant de racheter des bijoux — bien entendu grâce à la hausse du cours de l’once d’or. Regardez comme les sites Internet de vente de toute chose entre particuliers se développent à grande vitesse. Au fond, c’est un gigantesque « système D » qui s’organise sous nos yeux… et j’ai trouvé une valeur idéale pour en profiter, dans le dernier numéro de ma lettre, Défis & Profits. Pour la découvrir, continuez votre lecture

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