Par le dollar, les Etats-Unis prétendent contrôler l’ensemble du commerce mondial, et le Deep State invente des méchants avec lesquels il est interdit de contracter.
Tout le bien potentiel engendré par la trêve commerciale Trump/Xi de Buenos Aires a été probablement anéanti par ce qui a été fait à l’aéroport de Vancouver un peu plus tôt dans le mois.
Les marchés américains avaient commencé à apprécier l’idée d’un cessez-le-feu lundi dernier. Puis on a appris que le gouvernement américain avait arrêté Meng Wanzhou, directrice financière de la société de technologie Huawei. Les autorités ont demandé aux Canadiens d’appréhender la pauvre femme alors qu’elle était en correspondance à Vancouver.
Peu de gens aux Etats-Unis ont entendu parler de Huawei. Tout de même, l’événement ressemblait assez à une épingle à l’assaut d’une bulle : une fois arrivée la fin de la semaine, les investisseurs avaient perdu 1 000 milliards de dollars. Ce n’est sans doute qu’un début.
Quel était le crime de Mme Wanzhou ? Meurtres multiples ? Vol qualifié ?
Non. Elle-même ne connaissait pas ses transgressions.
Quelles qu’aient été ses fautes, les Etats-Unis en avaient fait un cas fédéral… ainsi qu’une cause célèbre à l’international.
Ce dont Mme Wanzhou est accusée n’est pas un crime authentique, ni même un délit.
Il semblerait plutôt qu’elle ait contrevenu à quelque programme du Deep state conçu pour lutter contre le croquemitaine. Officiellement, son entreprise est accusée d’utiliser des sociétés écrans pour accéder au marché iranien, défiant ainsi les sanctions américaines à l’encontre du pays.
En d’autres termes, il ne suffit pas que les autorités américaines réglementent toutes les créatures vivantes et toutes les transactions qui se déroulent aux Etats-Unis ; elles prétendent aussi avoir autorité sur le reste du monde.
Les Etats-Unis déterminent avec qui chacun peut commercer
Aucune transaction financière ne peut avoir lieu sans le consentement des Etats-Unis (qui contrôlent la devise de réserve de la planète — le dollar — ainsi que les protocoles bancaires internationaux — le système SWIFT — permettant de transférer de l’argent d’un pays à un autre).
Personne ne peut faire de commerce avec un autre pays si ce dernier n’a pas l’approbation des Etats-Unis…
… Et aucun passereau ne peut tomber à terre dans le monde sans que le Pentagone ne l’ait poussé.
Mme Wanzhou est directrice financière du deuxième plus grand fabricant de téléphones portables au monde, et la fille de son fondateur. Huawei compte 170 000 employés. La société est aussi importante pour le gouvernement chinois que General Motors l’était autrefois pour les Etats-Unis.
Hystérie du Deep State
Evidemment, Mme Wanzhou n’a rien contre l’Iran. La Chine n’a rien contre l’Iran. La majeure partie de la planète n’a rien contre l’Iran.
Mais le Deep State prétend protéger les Américains contre les méchants — dans le cas présent, les Iraniens — en imposant des sanctions aux gens partout dans le monde.
Imaginez le scandale qui s’en suivrait si les Chinois se livraient à la même manoeuvre.
Supposez qu’ils tentent d’imposer leur volonté à d’autres nations avec une liste de « sanctions » incluant près d’un demi-million des plus grandes entreprises et autorités gouvernementales dans le monde.
Et supposez — suite à un mandat d’arrêt chinois — que les autorités de Singapour mettent la main sur Mark Zuckerberg ou Bill Gates.
Les Chinois, par exemple, considèrent Taïwan comme leur territoire, et estiment que le gouvernement taïwanais actuel est composé de traîtres illégitimes.
Ils pourraient facilement annoncer des « sanctions » contre quiconque fait du commerce avec Taïwan…ce qui impliquerait des milliers d’entrepreneurs, de politiciens et de fonctionnaires américains.
Suite à quoi, lors d’une escale à Singapour, peut-être de retour d’une conférence à Moscou, en route vers son bureau à San Francisco ou Sydney, un cadre dirigeant pourrait être épinglé parles Chinois — pour une offense que les Américains trouveraient peut-être dérisoire, superflue voire carrément idiote.
Si les humains étaient des vaches ou des écureuils, cela n’aurait sans doute aucune conséquence. Mais nous les homosapiens, nous vivons dans un monde de jalousie, de haine et de revanche. Les Etats-Unis seraient scandalisés. Ce pourrait être l’équivalent de l’assassinat de l’archiduc Franz-Ferdinand — le genre d’événement difficile à réconcilier avec les politiques actuelles… et dur à ignorer ou oublier.
Dans le cas présent, les Chinois– pour qui garder la face est plus important que l’argent — se sont vexés. Ils considèrent cette arrestation comme illégale, répréhensible et enfreignant le cessez-le-feu atteint il y a à peine une semaine.
Quand la puissance remplace la raison
Les accords commerciaux sont gagnant-gagnant. Ce sont des accords où l’on donne pour gagner. Le problème, avec l’arrestation de la directrice financière de Huawei, c’est qu’il n’y avait rien à gagner.
Les Chinois ont dû se dire : « ah c’est comme ça ? »
Ils ont raison ; c’est effectivement comme ça. Un accord de pur pouvoir, en d’autres termes, où la puissance ne signifie pas qu’on a forcément raison… mais empêche quiconque d’y faire quoique ce soit.
La portée impériale du DeepState est très étendue, en d’autres termes. Mais l’arrestation de Mme Wanzhou a peut-être démontré que l’équipe de politique étrangère de Trump l’a dépassée.
Non que les Etats-Unis ne soient plus le M. Muscle qu’ils étaient il y a bien longtemps. Mais ces 40 dernières années, ils ont pris un peu de bide. Ils ont des soldats dans 170 pays du globe. Leur gouvernement a 20 fois la dette qu’ils avaient en 1980.
Les Américains subissent 100 fois plus de contrôles et de réglementations. La valorisation du marché actions américain (si l’on se base sur le Dow Jones) est passée d’une once d’or en 1980 à plus de 20 onces aujourd’hui.
La cellulite est partout –dettes, gaspillage, gabegies, compères et zombies, réglementations, fantasmes, mythes absurdes, fake news, statistiques bidon, argent factice, guerres idiotes… et des milliers de milliards de promesses impossible à tenir.
Les marchés valorisent bon nombre de ces promesses au quotidien — en Bourse. Les prix grimpent. Ou ils baissent.
Nous verrons ce qu’ils vont faire maintenant.