La Chronique Agora

Zone euro : le dérèglement fatal de Mario Draghi

créditisme banques centrales Carl Icahn

▪ Cet homme est totalement dérangé, tout comme l’ensemble de l’appareil politique de la Zone euro. Comme la plupart des administrations partout ailleurs dans le monde, la BCE tente de combattre une croissance et une inflation faibles à l’aide de nitroglycérine monétaire. Ce n’est qu’une question de temps avant que toute la structure financière ne vole en éclat.

Une croissance faible du PIB réel dans la Zone euro n’a absolument rien à voir avec la différence entre –0,3% sur le taux de dépôt de la BCE et le nouveau taux de –0,4% annoncé il y a quelques jours ; ni d’ailleurs avec le fait d’avoir porté de 60 milliards d’euros à 80 milliards d’euros par mois le montant des achats d’obligations. Le seul but d’une telle intrusion financière maladroite est de rendre l’emprunt meilleur marché pour les ménages et les entreprises.

Le secteur privé européen ne veut plus de dettes douteuses ; il y est déjà plongé jusqu’au cou, et ce depuis pas mal d’années

Mais voici ce que ne comprend pas Mario. Le secteur privé européen ne veut plus de dettes douteuses ; il y est déjà plongé jusqu’au cou, et ce depuis pas mal d’années.

Le problème de croissance en Europe est dû à un excès d’assistance sociale, de régulation et d’imposition par l’Etat, non à une insuffisance d’emprunt privé. Ce sont là des problèmes qui relèvent de la politique budgétaire et des élus politiques, pas des apparatchiks de la banque centrale.

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Le secteur privé de la Zone euro a connu son ultime frénésie d’emprunt au cours des 10 premières années du régime de monnaie unique jusqu’en 2008 ; l’encours de la dette a augmenté au taux intenable de 7,5% par an. Mais depuis, le secteur privé de la Zone euro s’est bien évidemment échoué sur les hauts-fonds du pic de la dette.

▪ Stagnation et pause de l’inflation
Les encours ont stagné ces huit dernières années — en dépit d’une pression de plus en plus importante sur les taux d’intérêt par la BCE, ce qui a fini par faire tomber les taux dans les enfers du taux négatif.

Les encours des prêts bancaires pour le secteur privé s’élevaient à 10 240 milliards d’euros fin janvier

Les achats d’obligations pour près de 700 milliards d’euros depuis le début de l’assouplissement quantitatif en mars dernier n’ont pas fait non plus la moindre différence. Les encours des prêts bancaires pour le secteur privé s’élevaient à 10 240 milliards d’euros fin janvier soit exactement la somme enregistrée en mars 2015 lorsque Draghi et sa joyeuse bande d’amateurs de planche à billets s’en donnèrent à coeur joie.

Par la même occasion, il est clairement établi qu’une faible inflation n’est pas un problème et que, dans tous les cas, elle n’a pas pour origine une impression monétaire et une pression sur le taux monétaire insuffisantes de la part des rigolos réunis au siège flambant neuf de la BCE à Francfort. Le répit que connaît la Zone euro par rapport à sa dose annuelle normale de 1%-2% d’inflation globale provient entièrement de la vague de baisse du pétrole, des matières premières, de l’acier et d’autres prix industriels.

A son tour, cette vague opportune de déflation importée améliore les conditions des échanges commerciaux de la Zone euro et augmente le niveau de vie des consommateurs ; cela n’a rien à voir avec ce qu’a fait ou n’a pas fait la BCE l’année dernière, voire il y a quatre ans.

Nous verrons la suite dès lundi.

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