La Chronique Agora

Zone euro : les AQR, nouveaux stress tests, pourront-ils assainir le secteur bancaire ?

▪ On croit la crise européenne terminée, l’incendie éteint sous les tombereaux de liquidités déversées par un Super Mario sudiste… mais voilà que certains signes montrent qu’elle pourrait se réveiller.

L’année 2014 sera marquée par les nouveaux stress tests conduits sur les banques. Mais depuis que les stress tests versions 1 et 2 se sont ridiculisés pour cause de faillites d’établissements qui les avaient brillamment passés, on ne dit plus stress tests.

On dit AQR comme asset quality review, ou revue de qualité des actifs en français technocratique, ce qui fait RQA. Après ces importantes précisions (en matière financière où la confiance est le maître mot, le verbe fait tout, le reste n’est qu’accessoire), voyons ce que cela recouvre.

"Un des objectifs que nous attendons de ces tests est de dissiper le brouillard qui entoure les bilans bancaires de la Zone euro et de l’Europe".

Mario Draghi, lundi 23 septembre 2013

Sacré Mario, va ! Nous voilà rassurés. Avec tous ces fonctionnaires et ces consultants, on va le déchirer, ce brouillard.

▪ Du renfort à Francfort

En premier lieu, 1 000 fonctionnaires ont été engagés à la Banque centrale européenne en renfort à Francfort. Comme 130 banques seront auscultées, cela nous fait 7,69 fonctionnaires par banque. En deuxième lieu, le cabinet Olivier Wyman est aussi appelé à la rescousse. Ses faits de gloire ? En 2007, il estimait que feue Anglo Irish Bank était la banque la plus performante au monde. Trois ans après, Anglo Irish Bank faisait faillite, entraînant dans sa chute l’Irlande et un sauvetage par l’Union européenne et le Fonds monétaire international.

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En 2012, Olivier Wyman effectuait ses propres tests de résistance sur les banques espagnoles et les estimait sous-capitalisées de 59,3 milliards d’euros… alors même que peu auparavant l’Eurozone concluait de son côté à un besoin de 100 milliards d’euros. Le choix de ce cabinet laisse donc perplexe, d’autant plus que le brouillard est dense en cette fin d’automne.

▪ Le grand ménage commence

"Les banques espagnoles améliorent leurs comptes en restructurant les prêts des propriétaires".

Financial Times du 6 novembre 2013

Cet article répond à la question qui intriguait depuis un certain temps : comment se fait-il que malgré un chômage de 26%, les défauts de paiement ne se multiplient pas ? Tout simplement parce que les banques accordaient des facilités à près d’un emprunteur défaillant sur 12. Des facilités qui touchent 50,8 milliards d’euros de prêts et pouvaient aller jusqu’à trois ans de grâce. Mais le chômage est le plus fort.

Cet article a aussi son côté pathétique : les bénéficiaires de ces arrangements jettent l’éponge d’eux-mêmes. Ils n’en peuvent tout simplement plus. Des facilités de paiement, c’est bien, mais un emploi, c’est mieux. Du coup, des prêts vont être reclassés en créances douteuses. Déjà deux milliards d’euros pour Santander, trois milliards pour Banco Bilbao. Le grand ménage commence.

"La Banque d’Italie estime dans son rapport annuel sur la stabilité financière que les banques du pays devront lever 1,2 milliard d’euros […] La BCE effectuera les tests de résistance l’an prochain […] La Banque d’Italie mène déjà des inspections de son côté […] en s’intéressant tout particulièrement aux dépréciations de créances irrécouvrables".

Brève de L’Agefi du mercredi 13 novembre 2013

Argh… On pensait les créances irrécouvrables bien au chaud sous le comptoir de la BCE.

Après tout, n’était-ce pas la vocation de l’entourloupe des LTRO (long term refinancing operations) de Mario ? "Vous m’amenez tous vos prêts pourris, et en échange je vous donne de la monnaie électronique toute fraîche. Vous vous amusez avec ça et quand vous aurez fait suffisamment de profits vous me remboursez". Et puis si les créances sont "irrécouvrables", il n’y a pas lieu des les "déprécier" : elles valent zéro. Point final. Une suspicion affreuse m’agite, cher lecteur…

On peut mettre un fonctionnaire derrière chaque guichetier et cadre de banque. On peut faire surgir du néant des milliards d’euros de liquidité, on peut engager tous les consultants du monde. Les faits sont têtus : il y a trop de mauvaises créances et pas assez de création de richesse, de vraie richesse, pas les liquidités frelatées de Mario, celles qui donnent du travail aux chômeurs.

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