La Chronique Agora

Zone euro : l’Allemagne se rapproche de la sortie

▪ L’Allemagne pourrait sortir de l’euro pour revenir au deutschemark. Alors qu’une sortie de l’Allemagne donnerait une visibilité attendue depuis longtemps sur l’avenir de l’Europe, elle pourrait également déclencher une course folle et désordonnée pour s’ajuster à une nouvelle réalité.

Une sortie de l’Allemagne mettrait à mal la valeur de l’euro par rapport à la monnaie qui est de plus en plus en passe de devenir la réserve de choix : l’or. Seules les économies faibles avec des gouvernements en faillite subsisteraient encore dans l’euro. La Banque centrale européenne (BCE) serait libre de monétiser autant de dette italienne et espagnole qu’elle le souhaite (c’est-à-dire qu’elle serait libre d’imprimer des euros pour acheter les obligations d’Etat de l’Italie et de l’Espagne).

Les économistes appelant à une monnaie plus faible pour relancer la prospérité dans les Etats PIIGS verraient ainsi leur proposition prendre corps dans le monde réel. Les résultats montreraient qu’une dépréciation monétaire ne crée pas des économies plus fortes, plus compétitives. Les pays restés dans l’euro verraient leur niveau de vie s’effondrer : les prix à l’importation augmenteraient et les investissements chuteraient dans un régime monétaire chaotique.

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Le président de la BCE Mario Draghi a jugé l’euro « irréversible » ; il fera tout ce qui est nécessaire pour le préserver. Mais ce que Draghi considère comme nécessaire sera finalement estimé intolérable dans les pays créditeurs comme l’Allemagne. Dès que Draghi commencera à monétiser la dette espagnole, l’Allemagne et d’autres pays riches trouveront que le coût de l’euro est plus élevé que ses bénéfices.

▪ Après la Grèce, l’Espagne
La Banque centrale allemande — la Bundesbank — existe encore. La Bundesbank pourrait convertir ses dettes en euros en deutschemarks à un taux de change prédéterminé et passerait en une fois la dépréciation sur les actifs liés aux dégâts des banques centrales des PIIGS. Cela coûterait sans doute cher mais l’alternative est pire : perpétuellement financer les Etats de la Zone euro qui ne veulent pas restructurer leurs programmes de prestations publiques que leurs économies ne peuvent pas financer.

Au vu de l’exemple grec, le peuple espagnol soupçonne que l’austérité ne fera qu’empirer la situation. L’Espagne en viendra à croire que son salut réside dans la planche à billets — dans la capacité à faire fondre son énorme dette. Après avoir promis aux marchés que la BCE achèterait la dette espagnole, Mario Draghi n’a à présent pas d’autre choix que de faire tourner les rotatives à plein régime.

La plupart des autres détenteurs de dette fuiront le chaos qui s’étend en Espagne. Ils refuseront de détenir des obligations espagnoles à des rendements trop faibles pour compenser le risque de défaut. La BCE, une fois qu’elle aura établi un prix artificiel, supérieur à celui du marché, pour les obligations espagnoles, finira par se retrouver être le seul détenteur de ces obligations. C’est ce qui arrive lorsque les banquiers centraux imposent des prix très éloignés de ceux que les investisseurs privés considèrent comme justes (dans notre cas, pousser les taux sur la dette espagnole en dessous de 4%, à l’encontre d’un taux bien plus élevé établi par le marché). Lorsque les contribuables allemands verront que la BCE deviendra le principal détenteur de la dette espagnole, ils demanderont aux politiques allemands de planifier une sortie de l’euro.

L’acte suivant de cette longue tragédie verra le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy demander officiellement un sauvetage à l’Union européenne. Le refus, pour l’instant, d’un sauvetage de la part de Rajoy n’est en fait qu’une tactique de négociation pour obtenir les meilleurs termes possibles. Son budget soi-disant « d’austérité », annoncé il y a quelques jours, montre qu’il est encore loin des exigences des bureaucrates de l’Union européenne. Par exemple, le budget de Rajoy ne tient pas compte de la suggestion de l’UE que l’Espagne élève l’âge officiel de la retraite.

Lorsque les négociations prendront fin, alors le sauvetage débutera. La BCE agitera sa baguette magique et pénétrera dans le marché obligataire espagnol que les autres fuient. Les investisseurs qui vendent à perte leurs obligations espagnoles savent que l’Espagne vivra la même expérience que la Grèce : une série de chèques de l’Europe pour sauver le pays, des programmes d’austérité qui échouent et sans doute une perte sèche pour les porteurs d’obligations. C’est pour cela que ceux qui détiennent encore des obligations espagnoles seront ravis que la BCE leur permette de sortir de leurs positions grâce à des euros fraîchement imprimés.

Les réductions de budget prévues par Rajoy ne suffiront pas. L’Espagne ne peut se permettre de tergiverser. Elle a besoin d’une restructuration financière centrée sur les banques zombies. Les banques sont encore loin d’admettre leurs réels besoins en capitaux. Tant qu’il n’y aura pas de restructuration, avec de fortes dépréciations pour les actionnaires et les porteurs d’obligations, les projections de reprise économique ne sont que pure fantaisie.

Même si les réductions de budget proposées satisfont l’Allemagne et l’Union européenne, il n’y a pas de volonté politique d’austérité en Espagne. Cela est très clair au vu des manifestations massives dans les rues de Madrid. Les manifestations contre les réductions budgétaires ne font que commencer. Des grèves paralysantes sont également prévues.

Nous pourrions même voir la riche région de Catalogne voter une rupture du lien financier avec le gouvernement national. Croyez-vous que beaucoup d’investisseurs garderaient des obligations espagnoles alors que des régions entières menacent de faire sécession ou combattent un gouvernement central qui pourrait se transformer en dictature militaire ? Ou que, dans ce scénario, l’Allemagne tolérerait de rester dans un euro garanti par des obligations espagnoles ? Je ne le crois pas.

L’Allemagne surveillera de près comment tourne la situation et se rendra compte que les promesses d’austérité de l’Espagne ne seront pas tenues. La BCE se retrouvera avec des centaines de milliards de dette espagnole sur les bras, sans issue possible et une pression constante pour continuer à monétiser la dette espagnole. Alors, à ce moment-là, le besoin de sortir de l’euro se fera plus pressant.
[NDLR : Un éclatement de la Zone euro reste un danger clair et présent… N’attendez surtout pas pour prendre les devants et mettre en place une vraie stratégie de protection : tout est là…]

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