On ne peut pas dire que le zinc fasse souvent les gros titres des journaux mais ce pourrait bientôt être le cas en 2017. La plupart du temps, les métaux précieux comme l’or et l’argent attirent toute l’attention des investisseurs alors que les métaux de base comme le zinc restent ignorés. Mais ce métal indispensable pourrait bientôt passer de l’ombre à la lumière.
Déjà cette année, le prix du zinc a fortement rebondi par rapport à son plus bas de six ans, atteint en janvier dernier. D’ailleurs, le PDG de l’une des plus grandes compagnies minières de zinc au monde pense que le prix du métal est sur le point d’enregistrer une flambée.
Lors d’une interview donnée le 10 novembre sur Bloomberg TV, Don Lindsay, PDG de la compagnie canadienne Teck Resources Ltd., déclarait :
« Nous pensons que la matière première la plus intéressante est le zinc parce qu’il a déjà terminé son processus de baisse et affiche un déficit de l’offre très significatif… Nous pensons donc que le zinc est sur le point d’enregistrer une forte hausse. »
La perspective optimiste de Lindsay est étayée par le fait que l’offre minière est bien en deçà de la demande. Ce déficit d’offre va probablement persister pendant encore plusieurs années.
Etudions maintenant de plus près l’autre côté, la demande…
Dans notre vie quotidienne, la plupart d’entre nous sommes inconscients du zinc qui nous entoure. Pourquoi ? Peut-être parce que nous ne portons pas d’alliance de mariage en zinc… ni de piercings en zinc. Pourtant le zinc est un métal omniprésent, dont on ne pourrait se passer.
En fait, c’est le quatrième métal le plus utilisé au monde derrière le fer, l’aluminium et le cuivre.
Le zinc se combine avec divers métaux pour donner une grande variété d’alliages comme, par exemple, l’alliage appelé aux Etats-Unis « penny de cuivre ». Le cuivre ne représente en fait que 2,5% du métal avec lequel est fabriqué un penny américain ; les 97,5% restants sont du zinc.
Autre exemple : le zinc combiné avec du cuivre donne du laiton. Mais la principale utilisation industrielle du zinc sert à galvaniser l’acier. Du fait de ce lien avec l’acier, la demande de zinc suit de très près la croissance économique mondiale, en particulier la croissance économique alimentée par le bâtiment que connaît la Chine.
Actuellement, malgré le récent ralentissement en Chine, la demande en zinc reste soutenue. Résultat : la demande mondiale a augmenté de près de 14% au cours de ces quatre dernières années. Entre temps, l’offre minière de zinc a chuté, entraînant un déficit de l’offre.
Malgré ce déficit récent, le prix du zinc n’a pas augmenté. Cela s’explique par le fait que les réserves en surface du métal, comme celles à la London Metals Exchange, ont suffi à combler le déficit. Mais comme le montre le graphique ci-dessous, les stocks de zinc à la LME chutent fortement.
De toute évidence, les stocks en surface ne peuvent combler l’offre déficitaire indéfiniment. En fait, selon Lindsay, la baisse des réserves à la LME, combinée à l’affaiblissement de la production minière de zinc, créera un « point de pincement d’ici six mois. » A partir de ce point, « nous verrons un grand mouvement. »
L’histoire récente le prouve : lorsque les réserves de zinc à la London Metals Exchange ont fortement chuté entre 2004 et 2006, le prix a grimpé en flèche.
Ne pouvant résister, les compagnies minières de zinc ont augmenté leur production pour profiter du prix élevé du métal. A mesure que la production augmentait et que les stocks de métaux remplissaient les entrepôts agréés par la LME, le déficit de zinc s’est transformé en surplus, entraînant une nouvelle fois une chute du prix.
Mais un nouveau marché haussier se prépare… à grands pas
Teck s’attend à ce que la demande augmente d’environ 20% au cours des quatre prochaines années. En même temps, l’entreprise anticipe une très faible croissance de l’offre mondiale.
Résultat ? Un déficit de l’offre qui se creusera.
Début 2016, lors d’une conférence destinée aux investisseurs, Teck a présenté une version du graphique reproduit ci-dessous, qui prévoit une augmentation du déficit de l’offre jusqu’en 2020.
Si ces déficits prévisionnels se matérialisent, le prix du zinc pourrait facilement dépasser son plus haut atteint en 2006, de 2,11 dollars par livre. Cela représenterait un gain de 73% par rapport au prix actuel de 1,22 dollar par livre.
De toute évidence, des compagnies minières de zinc comme Teck en tireraient un immense bénéfice. Selon Lindsay, chaque augmentation de 0,01 dollar du prix du zinc augmente l’EBITDA de Teck d’environ 1%, toutes choses étant égales par ailleurs.
Une différence de 1% peut ne pas sembler beaucoup… jusqu’à ce qu’on commence à imaginer un scénario comme celui-ci.
Si le prix du zinc devait retrouver son plus haut de 2011, l’EBITDA de Teck doublerait quasiment… toutes choses étant égales par ailleurs.
Bien sûr, toutes choses ne sont jamais égales par ailleurs. Mais si le zinc est au bord « d’un mouvement majeur, » les entreprises comme Teck en bénéficieront certainement.
Surveillez le zinc. Il pourrait bientôt briller plus fort que l’or et l’argent.