▪ Warren Buffett n’aime pas l’or. Cette année, dans sa lettre aux actionnaires de Berkshire Hathaway, Warren Buffett a critiqué l’or comme étant un actif « éternellement stérile ». Il a raison sur ce point…
… Mais les investisseurs n’achètent pas l’or dans l’espoir de le voir produire quelque chose. Ils achètent de l’or parce qu’ils savent que personne ne peut en produire. Par conséquent, moins les gens font confiance à leur devise nationale, plus ils font confiance à la devise ultime : l’or.
Le prix de l’or a grimpé durant 11 années consécutives — un délai durant lequel, au passage, il a écrasé le retour sur investissement de Berkshire Hathaway. Pourquoi ? Parce qu’une nouvelle ère de destruction monétaire se déploie à travers le monde occidental. C’est pour cette raison que de plus en plus d’investisseurs consacrent une part croissante de leur portefeuille d’investissement à l’or et autres actifs tangibles.
Néanmoins, la communauté des amateurs d’or reste minuscule en comparaison des amateurs de Berkshire Hathaway ou des amateurs d’Apple. Dans ce sens, Buffett est pile dans la moyenne — il déteste l’or autant que le premier venu.
▪ Tous les milliardaires ne pensent pas comme Buffett
Il est toutefois intéressant de constater que Buffett est l’un des rares milliardaires de la planète à dédaigner l’or. En fait, plusieurs investisseurs milliardaires ont récemment révélé qu’ils adoptaient une stratégie opposée à celle de Warren Buffett.
George Soros, fondateur milliardaire de Soros Fund Management LLC, a augmenté ses participations dans le SPDR Gold Trust (GLD) à 85 450 parts, contre 48 350 au cours des trois derniers mois de 2011. Le gestionnaire de fonds milliardaire John Paulson possède lui aussi une grosse part du GLD.
« Paulson s’est fait une place dans les livres d’histoire financière grâce à ce que de nombreuses personnes appellent désormais ‘la meilleure transaction de tous les temps' », rapporte Money Morning :
« Paulson & Co. ont vendu à découvert le marché des prêts hypothécaires subprime avant l’effondrement, enregistrant un gain de 15 milliards de dollars. Si bien que lorsque Paulson a acheté de l’or en quantité en 2009 et 2010, les investisseurs l’ont remarqué… En fait, les parts que détient Paulson dans le SPDR Gold Trust (GLD) font de sa société le principal actionnaire de cet ETF, avec une position actuellement valorisée à 2,9 milliards de dollars ».
Le « roi des obligations » chante lui aussi les louanges de l’or, ces derniers jours. Bill Gross, l’homme qui a fondé PIMCO, la société financière de 1 300 milliards de dollars qui se consacre à la gestion de portefeuilles obligataires, a remarqué le mois dernier : « le comportement récent des banques centrales, y compris celui de la Fed US… pourrait aussi bien provoquer des distorsions inflationnistes que faire grimper les matières premières et l’or en tant que réserves de valeurs alternatives alors qu’il reste peu de valeur dans le papier ».
Un dernier admirateur de l’or n’est ni gestionnaire de fonds ni milliardaire. Cet admirateur est milliers-de-milliardaire ! Littéralement.
▪ Quand la Chine s’y met
En 2011, la Chine est devenue le premier importateur d’or au monde. La Chine était déjà le plus grand producteur d’or. Le géant asiatique a également réduit ses détentions de titres gouvernementaux américains l’an dernier pour la première fois depuis que le Trésor a commencé à suivre ces données en 2001. Le 31 décembre, la Chine détenait 1 150 milliards de dollars de bons du Trésor US, en baisse par rapport à 1 160 milliards à la fin 2010.
Cette réduction peut sembler faible, mais la tendance en dit long : or en hausse, bons du Trésor US en baisse.
La Chine n’est pas seulement le plus grand importateur d’or — c’est aussi le principal extracteur de métal précieux. Selon le World Gold Council, la Chine produit près de 50% de plus d’or (environ 300 tonnes par an) que le pays qui la suit au classement… l’Australie. Et pas une seule once de cet or nouvellement extrait ne quitte le pays. Légalement, le gouvernement chinois achète chaque once sortant d’un puits de mine chinois… quoi qu’il arrive.
De toute évidence, les Chinois ont un point de vue de long terme en matière d’accumulation aurifère. Ils pensent pouvoir faire plus confiance au métal jaune qu’aux bons du Trésor US.
Peut-être que Soros, Paulson, Gross et les Chinois ont tous perdu la tête, pour acheter autant d’or. Ou peut-être que Buffett est fou de ne pas le faire.