La Chronique Agora

Vous n'êtes pas inquiet ? Vous avez peut-être tort… (1)

Par Isabelle Mouilleseaux (*)

Je vous sens plutôt euphorique ces derniers jours. Tout va bien dans le meilleur des mondes, n’est-ce pas ? Notre ami Bernanke a baissé ses taux directeurs, et maintenant la voie est libre pour une nouvelle envolée vers le Nirvana. Evaporés les problèmes, d’un seul coup de baguette magique.

Pourquoi donc seriez-vous inquiet ? me demanderez-vous.

Du fait de l’éventualité d’un ralentissement économique américain, pardi ! vous répondrai-je. Vous n’y croyez pas ?

C’est normal… Il est caché, le coquin, juste derrière l’arbre devant vous. Vous ne le voyez pas encore. Regardez  bien, le soleil trahit sa présence…

Les bons observateurs, ceux qui scrutent attentivement les évènements, voient déjà son ombre se projeter au sol. Notre ralentissement est bien là. Quant à déterminer son intensité, là, les choses se corsent. Le soleil rasant du matin et du soir nous font craindre le pire, car ils allongent l’ombre et la grandissent. A midi en revanche, écrasée par le soleil, l’ombre s’attenue, devient quasiment inexistante.

Ce bon vieux ralentissement joue avec nous et nos émotions !

Première certitude, il est là, tapi devant nous. Non loin…

Seconde certitude, hier il était midi tapante toute la journée ! Du matin au soir, aucune ombre au tableau. Le CAC s’est envolé de 3,27%

Tout le monde vous dit d’acheter des actions 
Et ce, depuis le début des soubresauts boursiers en juillet.

Logique, me direz-vous. Puisque tout le monde est d’accord pour dire que tout va bien et que les problèmes ne sont pas graves. La crise du subprime est définitivement contenue et les affaires vont repartir de plus belle, vous dit-on.

Alors saisissez l’opportunité qu’offre tout repli pour acheter les plus belles valeurs de la cote française.

Banquiers, conseillers en investissement, brokers… leurs avis convergent. Ajoutez à cela les gros titres de vos journaux financiers du week-end ces dernières semaines (achetez !) et vous ne pouvez qu’être convaincu.

Et si tout cela n’était que façade ? Et s’ils se trompaient, tous ?…

Ce qu’on ne vous dit pas…
Grattez la façade, et vous serez surpris. Surpris de l’écart entre le "discours officiel", celui dont vous êtes abreuvé, et le "discours officieux", réservé aux initiés et aux professionnels du milieu. Allez donc discuter avec les professionnels les plus pointus des grands noms de la finance, comme Goldman Sachs ou Calyon par exemple. En privé bien sûr… tout ça, c’est du off. Vous verrez, le discours est tout autre. Bien plus pessimiste…

Le seul qui ait osé dire tout haut ce que les autres pensent tout bas, c’est Eric Chaney, économiste en chef de Morgan Stanley Europe : "il y aura inévitablement un ralentissement assez prononcé de l’économie (US). La consommation va commencer à pâtir de la crise immobilière et des pratiques de crédit plus restrictives qui vont affecter en particulier les crédits à la consommation", dit-il.

En réalité, la plupart s’attendent à un ralentissement plus ou moins marqué de l’activité aux Etats-Unis et à des secousses sur les marchés actions à l’automne. Ils en sont convaincus. Moi aussi, sauf que je le dis tout haut et depuis cinq mois déjà.

Les records affichés la semaine dernière ne font qu’enfoncer le clou un peu plus
Au risque de me répéter, la croissance américaine tient à la consommation des ménages US qui représente 70% du PIB. Or cela ne vous aura pas échappé, le baril grimpe toujours plus haut, affichant hier en cours de séance un nouveau record historique absolu, à plus de 82 $ le baril WTI livraison octobre !

Parallèlement, le dollar s’effondre toujours plus. Jamais l’euro n’aura été aussi haut et le dollar aussi faible. Encore un record absolu battu en brèche, à 1,40 $ pour un euro.

Les ménages américains ne vont pas se remettre si facilement de leurs excès
Regardez : pour nous autres Européens, la hausse du prix du brut est partiellement neutralisée par la baisse du cours du dollar. L’impact net sur notre budget est donc fortement amoindri et notre "souffrance" atténuée au maximum.

Rassurez-vous, vous n’avez pas besoin de vous serrer la ceinture pour l’instant ! En revanche, pour les pauvres consommateurs américains qui suffoquent déjà tant leur ceinture a été reserrée fortement et rapidement, c’est un "double coup de massue".

Ils se prennent de plein fouet la hausse du brut, plus la baisse du dollar qui vient renchérir davantage encore l’impact de la hausse du cours du brut. Vous imaginez un peu ! A quand le K.O ?

Nous en saurons plus dès demain…

Meilleures salutations,

Isabelle Mouilleseaux
Pour la Chronique Agora

(*) Isabelle Mouilleseaux et toute son équipe vous communiquent quotidiennement les dernières nouvelles du marché des matières premières, et vous expliquent comment profiter de ce qui promet d’être le plus grand boom du 21ème siècle… Pour profiter de leurs conseils,
rien de plus simple : il suffit de vous inscrire à L’Edito Matières Premières. Cliquez simplement ici, laissez-vous guider… et n’oubliez pas : c’est entièrement GRATUIT !

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile