La Chronique Agora

Votre argent s’auto-détruit

inflation

De nos jours la monnaie tombe du ciel : on peut en user et en abuser sans conséquences – ou du moins on le pensait. Sauf que cette monnaie porte en elle sa propre destruction…

Depuis que je travaille sur la monnaie, j’ai utilisé un concept que j’ai forgé : la monnaie de crédit est biodégradable, et c’est son avantage.

La monnaie de crédit « marche » parce qu’elle contient en elle-même sa propre négation. Plus on en crée, plus on la dévalorise et on met en place les conditions de sa dévalorisation.

Avant, ce processus se faisait de façon continue, de façon douce. La monnaie se détruisait à un rythme de 2%… 3%… 4% l’an ; ainsi, la masse pouvait croître en valeur absolue mais, en relatif, elle restait raisonnable.

En quelque sorte, cette monnaie se détruisait sans douleur ; elle effaçait elle-même ses propres traces dans les bilans. La dévalorisation en continu des flux permettait de limiter les effets de stock.

C’est pour cela que les démiurges des banques centrales voulaient et veulent toujours une inflation minimum de 2%… et que maintenant ils en veulent plus : pour que le processus d’auto-destruction de la monnaie fonctionne, pour éviter la fameuse accumulation qui est le vice interne de notre système.

La monnaie de nos zozos contient ainsi les forces et les structures de sa propre destruction. Voilà le grand secret alchimique.

La monnaie est une promesse – mais la particularité de ces promesses est que plus on en émet, plus on en fait, plus on en « imprime », moins elles valent.

Plus la masse s’alourdit et plus elle s’allège !

Avec l’inflation institutionnelle de régime de croisière, cette masse de monnaie ne s’allège que de quelque pourcents l’an… mais avec l’accélération hyperinflationniste, un jour elle s’allège définitivement, elle fait bulle, elle va au paradis de la monnaie morte.

Cette monnaie a l’avantage que l’on peut en fabriquer : on peut faire de la fausse monnaie, on peut la faire tomber du ciel en multipliant les crédits. On peut en user et en abuser – et c’est pour cela qu’elle a été adoptée par les rois modernes, les gouvernements.

Cette monnaie met de l’infini – c’est-à-dire des promesses sans limites – sur du fini et sur de la rareté. Elle permet de dépasser la création de vraies richesses réelles, concrètes ; elle permet de tromper et de donner ce que l’on n’a pas.

Son atout majeur, retenez-le bien, c’est sa capacité à produire sa propre destruction. La seule question est de savoir qui sera la victime de la destruction.

A suivre…

[NDLR : Retrouvez toutes les analyses de Bruno Bertez sur son blog en cliquant ici.]

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