La Chronique Agora

Voici pourquoi la classe moyenne se meurt

maisons classe moyenne

Les Américains ont un sentiment de déclassement. L’appauvrissement de la classe moyenne est la conséquence des politiques monétaires conduites mais personnes ne songe à blâmer la Fed et Janet Yellen quant à la montée des inégalités.

La route a été longue mais je suis là

Mon cœur brûle et tu l’attises

Moi je suis mordu de toi,

Je n’ai qu’une chose à dire,

et c’est ça : bon sang, Janet, je t’aime

– Rocky Horror Picture Show, “Dammit Janet”

Comme prévu, Mme Yellen a souri, hier, en annonçant qu’aucun changement n’interviendrait sur la politique extraordinaire de la Fed.

Depuis ces huit dernières années, elle a été complice du plus grand casse de l’histoire.

Chaque année, grâce au ZIRP (la politique des taux à zéro) et au QE (l’assouplissement quantitatif), environ 300 milliards de dollars ont été ponctionnés à des épargnants, appartenant majoritairement à la classe moyenne, pour être transférés à de bien plus riches spéculateurs et propriétaires d’actifs financiers, ainsi qu’aux plus grands emprunteurs de cette période : les entreprises et l’État.


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La presse financière, néanmoins, voit un certain héroïsme dans le fait d’avoir favorisé le plus grand casse jamais réalisé. D’après Bloomberg :

La présidente de la Fed, Janet Yellen, a bravé l’opposition grandissante qui se manifeste au sein et hors de la banque centrale américaine, et reporté à nouveau le relèvement des taux d’intérêt, afin de donner à l’économie davantage de marge de manœuvre.

L’économie américaine parvient à peine à se traîner péniblement. Comme nous l’avons indiqué la semaine dernière, lorsque l’on corrige la croissance du PIB en intégrant une mesure d’inflation plus précise – l’indice des prix à la consommation « Flyover » de David Stockman – on constate que l’économie est véritablement en récession.

Une marge de manœuvre ? Mais l’économie recule !

Bloomberg poursuit son discours débile :

Même si elle convient que les arguments en faveur d’un relèvement des taux se sont renforcés, Yellen a dit mercredi qu’il était cohérent de reporter ce relèvement, pour l’instant, alors que certains signes montrent que des Américains sortis du marché du travail par découragement, ils le réintègrent et cherchent un emploi.

L’économie a peut-être une marge de manœuvre légèrement supérieure à ce que nous pensions » a déclaré Yellen lors de la conférence de presse, à Washington, alors qu’elle expliquait sa décision de ne pas relever les taux. « Ce sont de bonnes nouvelles ».

Des pratiques vaudoues

Nous avons écouté les remarques de Mme Yellen. Elle avait le ton d’une fonctionnaire qualifiée, d’une technicienne.

Beaucoup de charabia économique. Des expressions théoriques. Des mots latinisés et des phrases utilisant la voix passive.

Elle aurait pu faire un bon médecin, avons-nous pensé. Ou peut-être une bonne métallurgiste. En faisant un métier honnête, elle aurait peut-être pu garder la tête haute.

Au lieu de cela, la pauvre femme est condamnée à exercer ses pratiques vaudoues, en faisant croire qu’elles ont un fondement scientifique et qu’elles améliorent l’économie.

Vous pouvez avoir pitié des économistes dépourvus de sens de l’humour…

Ils doivent avoir mal à la tête en entendant parler Mme Yellen. Leur cœur doit se briser lorsqu’ils voient leur profession tournée en ridicule par ses plus éminents praticiens. Leur morosité doit basculer dans une profonde noirceur, lorsqu’ils regardent la première économie du monde se faire manipuler par des crétins et des vauriens.

Pire encore, s’ils espèrent faire carrière, acquérir gloire et fortune, ils doivent rejoindre leurs rangs !

Un film d’horreur

Parallèlement dans le monde réel, Jim Clifton, qui dirige l’institut de sondages Gallup, visionne un film d’horreur.

Au cours des glorieuses années au cours desquelles l’équipe Bernanke-Yellen a géré l’économie, remarque-t-il, le pourcentage des Américains ayant répondu à ses sondages en disant appartenir à la classe moyenne, ou à la classe moyenne supérieure, a chuté de 61 à 51%.

La population adulte américaine compte environ 250 millions de personnes. Donc, 25 millions de personnes auraient dégringolé de la classe moyenne au cours de la période où cette dream-team a manigancé une « relance ».

Ces personnes-là “ont vu leurs vies s’effondrer”, déclare Clifton :

« Ce que les medias oublient, c’est que 25 million de personnes ne sont pas visibles dans le taux de chômage officiel de 4,9%.

Prenons quelqu’un de la classe moyenne, qui a un bon boulot à 65 000 $ par an. Cet emploi est supprimé dans un monde en mutation, bouleversé, et son nouvel emploi à plein temps est rémunéré à 14 $ de l’heure – soit environ 28 000 $ annuel.

Notre Américain dévasté reste comptabilisé comme employé à plein temps puisqu’il a effectivement un emploi à plein temps, bien qu’avec une paye amputée de façon drastique. Il est sorti de la classe moyenne et il est invisible dans les statistiques actuelles ».

Ces “Américains invisibles”, comme les désigne Clifton, sont profondément marqués, sur le plan émotionnel. Ils se sentent déclassés.

Qui blâment-ils ? Eux-mêmes ? Les Mexicains ? Obama ?

Il y a bien une personne qu’ils ne blâment pas, et c’est pourtant celle qui leur a fait le plus de mal : Janet Yellen.

En maintenant des taux d’intérêt bas, elle a dérobé l’information la plus importante, au sein du système : le coût du capital.

C’est comme si elle avait retiré les étoiles du ciel, la nuit, et caché l’aiguille de la boussole : rapidement, l’économie s’est perdue en mer.

L’investissement de capitaux réels a diminué. Les revenus moyens des ménages ont chuté, revenant à leurs niveaux de 1973. La croissance de la productivité – qui hisse les salaires réels vers le haut – enregistre l’effondrement le plus prolongé depuis 1979.

Tout en bas de l’échelle

Les plus durement touchés sont ces travailleurs marginaux, qui se débattent tout en bas de l’échelle.

Soudain, les barreaux ont été passés à l’eau savonneuse de la Fed.

Entre 1947 et 1970, ce groupe – les Américains les plus pauvres, représentant un cinquième de la population – enregistraient une progression annuelle de 3% de leur revenu réel disponible.

A mesure que le régime de l’argent facile du 21e siècle commettait ses méfaits, ces augmentations annuelles ont disparu.

Les 1% les plus riches, eux, n’enregistraient qu’une progression annuelle de 1,7%, entre 1947 et 1970.

Mais après l’an 2000, ils se sont rattrapés, leurs revenus progressant annuellement de 2,3%.

 

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