La Chronique Agora

Vladimir Poutine est-il d’utilité publique ?

▪ Le G20 va nous booster la croissance mondiale de 2% supplémentaires d’ici 2020. Cela a été réaffirmé par nos grands argentiers depuis Washington ce week-end. L’objectif est à portée de main puisqu’il suffit d’accélérer certains réformes structurelles dans les pays émergents… — euh non pardon, de contraindre les Etats-Unis à respecter leurs engagements en matière de dotation du FMI (en faveur des émergents qui se réformeront quand ils auront reçu l’argent promis).

Oublions cela… Il suffit de libéraliser un peu plus le commerce international… — euh non pardon, de protéger un peu mieux certains pays de mouvements monétaires erratiques et déstabilisants.

Bon, bon laissons tomber ce qui précède : il suffit en fait de relancer la consommation dans les pays qui sont en déficit de croissance… — euh non, pardon M. Jens Weidman : oui, en effet, la Bundesbank a bien raison d’insister sur le fait que de trop nombreux pays sont en déficit (tout court) et qu’il faut poursuivre les efforts de réforme structurelle et de consolidation budgétaire, même si c’est impopulaire.

Alors voilà… La solution pour doper la croissance, eh bien, euh… on en rediscute au prochain G20. On va bien trouver une solution qui fasse consensus d’ici là !

Quoi ? Pas de consensus tant que les Etats-Unis sont en phase de préparation des élections de mi-mandat (jusqu’en novembre) ? Ah d’accord… C’est parce que les républicains ne veulent pas valider le refinancement du FMI car il y a déjà assez de dépenses que l’Amérique ne peut plus se permettre ?

Avec les aides versées à l’Ukraine, les caisses du FMI seront bientôt vides… sans parler d’un troisième plan d’aide à la Grèce

▪ Il y a pourtant urgence…
Je suis bien d’accord avec une majorité de membres du G20 : avec les aides versées à l’Ukraine, les caisses du FMI seront bientôt vides… sans parler d’un troisième plan d’aide à la Grèce sans l’anticipation duquel Athènes n’aurait pas pu placer trois milliards d’euros de dette à cinq ans jeudi dernier ; les acheteurs ont misé sur une sorte de garantie implicite du FMI et d’Angela Merkel, qui s’est déplacée pour saluer le retour de la Grèce sur les marchés.

Faites fructifier votre épargne deux fois plus vite…
… sans toucher à une seule action !

Découvrez une forme d’investissement immobilier simple… flexible… et surtout très profitable : il suffit de cliquer ici.

 

Mais au fait, les aides à l’Ukraine, le FMI et l’Europe peuvent-elles les verser alors qu’une vague insurrectionnelle menée par des russophones contre le gouvernement de Kiev déferle dans les principales villes industrielles de l’est du pays ?

Washington accuse de nouveau Moscou d’être derrière la multiplication des troubles des derniers jours — ce que Sergueï Lavrov dément naturellement, accusant Kiev de vouloir mener une répression sanglante contre une opposition ; des terroriste à la solde du Kremlin prétend-on côté pro-occidental.

Vous vous souvenez de mes commentaires sur la partie d’échecs entamée il y a deux ans entre Washington + Bruxelles (l’OTAN) d’un côté et Moscou de l’autre ?

Elle se déroule désormais en Ukraine et je ne saurais exclure qu’elle déborde vers d’autres ex-républiques soviétiques productrices de gaz et de pétrole, alors que les Etats-Unis envisagent de faire concurrence à la Russie par le biais d’exportations de gaz liquéfié.

Le climat géopolitique continue donc de se tendre et il n’est pas exclu que cela puisse expliquer au moins en partie la correction boursière survenue la semaine dernière, avec une chute de 3% du Nasdaq.

▪ Une solution "miracle" pour l’euro et le dollar ?
L’autre explication, c’est l’opportunité pour les grosses mains de sortir des marchés au plus haut alors que les banques centrales ont multiplié les déclarations visant à instaurer un climat d’euphorie chez les investisseurs. Le discours ultra-dominant jusqu’à mercredi dernier c’était : "peu importe des PER élevés, peu importe une croissance capricieuse, le monétaire ne rapporte rien, les actions restent le seul choix possible, l’appétit pour le risque n’est pas près de retomber".

Maintenant que le Nasdaq a rechuté de 8% depuis ses sommets, les opérateurs s’inquiètent de valorisations qui seraient devenues extrêmement élevées et de banques centrales qui sont prises à leur propre jeu à force de nous balader à coup de petites phrases.

Mario Draghi a d’ailleurs profité du G20 du week-end pour en rajouter :

"Si nous voulons que la politique monétaire reste aussi accommodante qu’elle l’est aujourd’hui, une poursuite de l’appréciation de l’euro pourrait nécessiter une action monétaire". Et de préciser : "les parités jouent un rôle de plus en plus important dans les prises de décision de la BCE […] une inflation trop basse rend le processus d’ajustement plus difficile dans les pays sous pression et complique le désendettement à la fois des secteurs public et privé".

Jens Weidmann (Bundesbank) tempère les craintes déflationnistes : la fermeté de l’euro est due aux "flux de capitaux étrangers qui témoignent d’un retour de la confiance dans la Zone euro".Ce qui pourrait signifier que plus la BCE prendra de mesures non-conventionnelles, plus les investisseurs seront tentés d’acheter de l’euro en pariant sur l’appréciation des dettes des pays du sud et des actions… Ce qui relancerait la mécanique des bulles d’actifs tout en engendrant le processus inverse de celui recherché sur le front des changes avec une appréciation incoercible de l’euro face au dollar (que la Fed n’a aucun intérêt à faire monter).

La vie est bien faite : il se pourrait que Vladimir Poutine rende service à tout le monde !

Mais la vie est bien faite : il se pourrait que Vladimir Poutine rende service à tout le monde !

Avec une Europe en première ligne en cas de conflit à ses frontières, le dollar retrouverait rapidement son rôle de valeur refuge et l’euro pourrait rapidement chuter de 1,39 vers 1,36.

L’Europe serait soulagée sur le front des changes… et si les prix du gaz et du pétrole se mettaient à flamber, elle serait également rassurée sur le front de l’inflation.

Avec un cocktail baisse de la devise + hausse des coûts énergétique… l’objectif des 2% d’inflation pourrait être atteint bien avant 2017 !

Alors un grand merci par anticipation à l’intention de M. Poutine qui pourrait, en mobilisant quelques chars d’assaut (des moyens conventionnels peu coûteux), nous tirer du pétrin de la déflation alors que nos banquiers centraux échouent depuis des années avec leurs moyens… non conventionnels et qui mobilisent des milliers de milliards de dollars !

[NDLR : Retrouvez les analyses (et surtout les recommandations) de Philippe Béchade au quotidien dans le Pitbull… une lettre d’information mordante sur les coulisses des marchés — et comment transformer manipulations et rumeurs en opportunités de gains ! Il suffit de cliquer…]

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile