La Chronique Agora

Vive les philosophes (surtout français) ! Le point de vue de nos lecteurs

▪ Eh bien, le moins qu’on puisse dire, c’est que le piètre avis que Bill a de BHL — et de la France dans son intégralité — n’a pas laissé nos lecteurs indifférents. Les accusations d’américanisme primaire (un comble quand même, pour un Américain qui ne ménage pas son pays et a passé les 10 dernières années à critiquer les autorités qui le gouvernent…) ont volé.

Bref, ça passe mal. A.C. nous envoie par exemple une missive pleine d’amertume :

« La chronique au vitriol sur l’état de la France en 2011 est tout à fait compréhensible après le voyage de Bill et ses enfants à Shanghai. Les Chinois en ont mis plein la vue aux jeunes Américains qui se sont moqués de leur père à cause de son amour de la France ».

« Notre situation est encore pire depuis que Sarkozy a fait allégeance aux Etats-Unis. La France est devenue un simple jardin à la disposition des Américains fortunés ou des nouveaux milliardaires chinois, indiens, russes, arabes ou brésiliens. Paris est une ville musée sans avenir etc. »

« Selon la bonne habitude des militaires anglo-saxons, les Français font le sale boulot à leur place et en plus, ils se moquent d’eux. Adieu le château en Normandie de Bill et les concours hippiques d’Elizabeth au Lion d’Angers. Tout est oublié. Vive l’Argentine, la Californie et l’Amérique centrale ».

Personnellement, je doute que Bill ait eu besoin de ses enfants pour se former une opinion sur l’état de la France… mais il est vrai qu’au regard de la croissance chinoise, du dynamisme de l’Amérique centrale ou du potentiel des pays émergents, la France fait pâle figure. (Quant à la Californie, nous avons été parmi les premiers à nous alarmer de l’inquiétant état de ses finances…)

▪ X.R. est plus nuancé :

« Cher monsieur Bonner, vous vous égarez. Que la France soit un pays de zombies, soit. Mais déduire cela, de ce qu’il serait impossible à un individu lambda de citer un domaine d’excellence française — voilà qui ne tient pas la route ».

« Vous n’ignorez évidemment pas que ces domaines sont, en fait, nombreux — moins nombreux, certes, que les individus lambda parfaitement incultes, tout spécialement aux Etats-Unis — mais suffisamment pour ne pas en restreindre la liste à la ‘dette publique’, sinon en toute mauvaise foi ».

« Quant à BHL, c’est une andouille phrasouilleuse, dont on aimerait qu’il se cantonnât aux publicités pour shampooing et lessives — nous sommes d’accord. Mais pourquoi en faire celui qui aurait ‘entraîné’ l’Amérique dans la mélasse libyenne ? L’Amérique n’a jamais eu besoin de personne pour entreprendre ce genre d’aventure — et surtout pas de la France ».

« Vous parlez méchamment, comme un amoureux blessé. Reprenez-vous, M. Bonner ! »

Eh oui… mais peut-être faut-il rappeler à notre lecteur que « qui aime bien châtie bien » ?

▪ Enfin, E.S. nous livre un véritable plaidoyer pour la culture française — ainsi qu’une belle liste d’inspiration pour individus en mal de lecture :

« J’apprécie toujours les chroniques de B. Bonner, si pénétrantes et inspirées. Quelle déception pourtant à la lecture de celle du 11 avril ! »

« J’abhorre celui que Céline appelait le ‘tartre’, mais réduire la philosophie française du XXe siècle à ce pitre est injuste. Il suffit de citer Bergson, parmi beaucoup d’autres. Nietzsche considérait que les philosophes et les moralistes français étaient les plus grands, avec Emerson ! »

« Quant à la musique, on ne peut pas citer de musiciens français, dites-vous ? Allez, je viens à votre aide : Duparc, Ravel, Debussy, Fauré, Dupré, Poulenc, Auric, Milhaud, Honegger, Alain, Messiaen… Et plus récemment, le regretté Olivier Greif, Ohana, Jacques Lenot… Avec les Russes, les Français ont produit les plus grands musiciens du siècle ! »

« Allez, monsieur Bonner, replongez-vous dans La Rochefoucauld, Nerval, Apollinaire, Taine, Courtot, Ravaisson, écoutez (attentivement) Gaspard de la Nuit ou le Catalogue d’Oiseaux… Les Français ont creusé aussi loin que les autres, sans le souci germanique de la profondeur ni le moralisme empesé des Anglais. C’est en cela que leur apport est inégalable ».

Je remercie E.S. de ce rappel utile — surtout concernant les musiciens : on a tendance à les oublier un peu dans notre monde où la musique est omniprésente, des supermarchés aux ascenseurs, et pourtant rarement « écoutable » !

Et je m’abstiendrai de souligner — avec un brin de malice — qu’une grande partie des noms cités provient de la première partie du XXe siècle… ce qui aurait plutôt tendance à apporter de l’eau au moulin de Bill, puisque ce dernier se lamente du déclin français depuis la deuxième moitié du siècle dernier.

En ce qui me concerne, je suis un peu de l’avis de Bill ; entre « débat » sur la laïcité et postures démagogiques, j’ai parfois du mal à reconnaître la France dans le pays frileux et apeuré reflété au quotidien par les médias.

Et puis je vais faire un tour du côté du Canal Saint-Martin, à l’ombre des platanes, parmi les passants qui flânent au soleil. Et je me dis que, peut-être, dans la poussette que je viens de croiser, sommeillait le prochain Montesquieu…

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

 
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