La Chronique Agora

Nous vous faisons visiter la mine d’or de Modder East

▪ La semaine dernière, je me trouvais 1 000 pieds sous terre dans la mine d’or de Modder East, près de Johannesburg, en Afrique du Sud.

Au bout d’environ deux heures de marche — et parfois de reptation — sous la terre, mon T-shirt était trempé de sueur. Autant vous dire que j’ai annulé le cours d’aérobic proposé par l’hôtel ce jour-là.

Modder East est l’une des plus récentes mines d’or d’Afrique du Sud. En mai 2006, le site était encore un champ de blé. Fin 2009, les puits étaient creusés, les équipements étaient installés et les opérateurs sortaient la première pépite d’or de la terre. Mi-2010 la mine affichait un cash-flow positif. Cela paraît facile sur le papier… mais en réalité uniquement sur le papier !

Pour faire bref, je dirai simplement que malgré ce que je vous ai raconté ci-dessus, il est difficile — et je soupèse mes mots, il est TRES difficile — d’extraire de l’or. Il faut le voir pour le croire. Mais c’est pour cela que nous publions des lettres comme celle-ci — parce que si vous ne pouvez pas aller sur le terrain, je le ferai pour vous…

Voulez-vous savoir à quoi ressemble réellement l’extraction d’or dans les entrailles de la Terre, là où les roches sont les plus dures ?

▪ Suivez le guide, m’sieurs-dames !
D’abord, il vous faut revêtir une combinaison de protection — en Nomex, recouverte de dispositifs réfléchissants — ainsi que des bottes de sécurité caoutchoutées. Puis vous devez vous harnacher d’une douzaine de kilos d’équipements de sécurité — lumière, batterie (une seule taille — comme une brique !), appareil respiratoire d’urgence (une seule taille — très encombrant) et j’en passe.

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Ainsi convenablement — et lourdement — équipé, vous entrez dans une cage qui vous mènera jusqu’au premier niveau sous terre. Vous vous enfoncez dans les profondeurs de la terre d’une longueur équivalente à la hauteur de l’Empire State Building. A Modder East, on traverse ensuite un long tunnel sombre et humide creusé dans la roche, d’une largeur d’environ quatre mètres sur une hauteur d’environ cinq mètres — la galerie principale.

Finalement, on arrive à ce qu’on appelle des « travers-bancs » où des équipes de huit mineurs (principalement des hommes) recherchent des « filons d’or » dans la croûte de la terre. A l’aide d’outils hydrauliques, ils creusent des trous dans la roche. Puis, un homme surnommé le « boutefeu » arrive et place ses explosifs. Deux fois par jour, la terre tremble du fait de l’énergie dégagée par les explosions.

Une fois le tir terminé, quelques âmes courageuses se dévouent pour vérifier la stabilité des roches. Plus tard, une fois le signal de levée de danger donné, les mineurs peuvent commencer à déblayer les roches. A Modder East, la zone la plus riche en minerai est appelée Buckshot Reef. C’est un conglomérat de cailloux de quartz avec des inclusions de pyrite d’or (naturellement, j’en ai rapporté un échantillon).

▪ Une extraction très technique
Il faut dire que la zone de minerai de Buckshot Reef est épaisse d’environ 20 à 30 centimètres, au mieux. Certes, elle est riche en or — près de 40 grammes par tonne (g/T). Mais on ne peut se contenter d’extraire une veine de 30 cm. Aucune technologie n’existe le permettant.

Il faut alors enlever beaucoup de roche — principalement en dessous de la zone de minerai, pour retirer le filon. Mais on ne peut creuser trop de roche stérile, parce que chaque morceau cassé et déblayé coûte une fortune. Tout est dans le coût par tonne.

Par conséquent, ce genre d’extraction minière implique de creuser des travers-bancs relativement minces pour les extraire des zones latérales de la grande galerie principale. Quelle est l’épaisseur de ces travers-bancs ? Et bien, pour commencer, on creuse un trou très étroit, perpendiculaire et de la taille d’un homme pour que le foreur puisse s’y tenir.

Ce trou plus ou moins perpendiculaire part de la galerie principale. A partir de ce trou, les mineurs forent dans la zone de minerai, créant une ouverture d’environ 1,20 mètre de hauteur. Tout le long, les mineurs doivent soutenir le toit avec des poutres épaisses en bois.

Pendant le processus d’extraction et de nettoyage, les gros morceaux de minerai du Buckshot (pyrite avec des inclusions d’or) vont directement dans les wagonnets de la mine pour être ensuite envoyés à la surface. Mais après cela, on se retrouve avec toujours beaucoup de détritus intéressants — les débris restants du processus d’explosion-forage.

Ces détritus sont un mélange de sable, de graviers mais également d’or de bonne qualité. L’or étant beaucoup plus lourd que les autres minerais présents dans les roches du Buckshot, il a tendance à se concentrer vers le bas des roches sablonneuses — comme si on lavait le sable aurifère dans un ruisseau.

Les mineurs doivent se mettre à quatre pattes et mettre de côté l’or, à l’aide d’une pelle. Toutefois, cet effort en vaut la peine parce que ce sable gris fait partie du plus précieux minerai de la mine. Il en est rempli (à un niveau microscopique, certes). Donc, le temps que le travers-banc soit nettoyé, la surface inférieure a été littéralement balayée, pour ne perdre aucun grain d’or ou fraction de gramme d’or.

Puis le minerai est remonté pour être écrasé, séparé et concentré. La mine de Modder East n’a établi aucun planning pour l’affinage final et le moulage de l’or, parce que ses dirigeants ne veulent pas faciliter la planification d’un hold-up.

Toutefois, il est vrai qu’environ une fois par semaine, l’or est moulé. Alors, le métal jaune est rapidement chargé dans un hélicoptère et transporté à la South Africa’s Rand Refinery pour un traitement final. C’est de là que proviennent les lingots, les krugerrands, etc.
[NDLR : Vous voulez en savoir plus sur l’or, l’extraction aurifère, les mines et toutes les possibilités que ce secteur ouvre pour les investisseurs individuels ? C’est très simple : il suffit de continuer votre lecture…]

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