La Chronique Agora

Visite en pays politique

** "Que se passe-t-il ? Quand est-ce que ça sera terminé ? Jusqu’où pensez-vous que ça s’aggravera ? Que peut-on faire pour retourner la situation ?"

* Les politiciens ont les mêmes questions que le reste d’entre nous. Ils lisent les mêmes sottises dans les journaux. Ils entendent les mêmes fadaises de la part des économistes et des officiels. Ils se demandent ce qui se passe vraiment.

* Nous n’en savons rien. Mais ils nous ont tout de même posé la question.

* La semaine dernière, nous étions sur les rives du Potomac. Notre vieil ami Ron Paul, membre du Congrès américain, a organisé une discussion informelle avec plusieurs de ses collègues. Le sujet en était l’effondrement financier… et les renflouages. Nous étions là pour parler, bien entendu, mais nous aurions préféré écouter.

* "Vous ne comprenez pas", a déclaré un fonctionnaire du Sénat que nous avons rencontré plus tard, "ces gens vivent dans une bulle. Ils sont protégés du monde réel par leurs équipes et par le système lui-même. On imagine qu’ils savent ce qui se passe. Mais pas du tout. Ils en savent moins que nous. Et ils seront les derniers à le découvrir. Ils sont si occupés à rencontrer des administrés… dialoguer avec leurs donataires… élaborer des accords avec leurs partis et leurs alliés… et d’une manière plus générale rouler des mécaniques… qu’ils n’ont pas vraiment le temps d’étudier les dossiers. Ils comptent donc sur leurs équipes et sur les comités du parti pour leur dire quoi dire, comment voter… et que penser".

** Alors que nous attendions dans les couloirs, deux hommes en costume gris sont passés à côté de nous… et nous avons entendu une bribe de leur conversation :

* "Vous avez voté ‘non’ sur la dernière résolution ? Vous étiez censé voter ‘oui’."

* "Je croyais que j’étais censé voter ‘oui’ pour la fin de la discussion… en ce qui me concerne, on en a assez entendu sur les problèmes de Jane avec la CIA"…

* "Mais il ne s’agissait pas de mettre fin au débat, c’était juste technique… pour leur permettre de modifier le vote précédent"…

* "De quoi est-ce que vous parlez ?"

* "Je ne sais pas… je ne pensais pas que ça avait un quelconque rapport avec tous ces bla-bla sur Jane et la CIA"…

* Nous tenons pour acquis que les membres du Congrès ne savent souvent pas de quoi ils parlent. Mais il est choquant de réaliser que souvent, ils ne savent pas non plus pour quoi ils votent. Les électeurs non plus.

* The Economist rapporte par exemple que les mesures présentées aux électeurs californiens lors d’un récent référendum ont été mises en cause… non par les tribunaux, mais par une linguiste. Elle affirmait que ces mesures étaient formulées de telle sorte qu’il était impossible, pour une personne d’intelligence moyenne, de comprendre ce qu’elles étaient censées signifier.

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