La Chronique Agora

Violence urbaine : Vitriol et fanatisme Made in the USA

violence urbaine

Dublin est une ville très (trop) calme. Pour doper son taux de violence urbaine, le maire devrait s’inspirer des recettes américaines.

Dublin est une ville enchanteresse. Mais elle est rétrograde.

Il faisait bon, la nuit dernière. Aucun air glacial ne s’engouffrait avec force par la bouche d’aération.

Alors nous avons fait quelque chose de rétrograde… quelque chose que l’on ne peut pas faire dans la plupart de ces hôtels américains, où l’on s’arrête lors de déplacements professionnels : nous avons ouvert la fenêtre, laissant la brise du parc St-Stephen’s Green se glisser à l’intérieur, légère et rafraichissante.

Mais nous ne pouvions trouver le sommeil.

Certaines personnes aiment le son réconfortant des cloches qui sonnent au coeur de la nuit. D’autres sombrent dans le sommeil aux notes des berceuses chantées par leurs grand-mères. Mais lorsque vous venez de Baltimore, vous ne pouvez vous détendre sans le son des sirènes de police et quelques coups de feu occasionnels. Sans cela, vous avez l’impression qu’il y a quelque chose d’anormal.

Mais que se passe-t-il à Dublin ?

A Baltimore, le taux d’homicides, l’an dernier, a atteint un sommet record : 49 pour 100 000… soit 25 fois plus qu’ici. Le taux d’homicides de Dublin, à deux pour 100 000, semble très insuffisant.

Alors quel est le problème ?

Il n’y a pas de musulman fou ? Pas de policier à la gâchette facile ? Pas de guerre entre trafiquants de drogue ? Pas de vétérans de l’armée traumatisés ?

« Nous ne cèderons pas à cette violence », a déclaré la maire de Baltimore, Stéphanie Rawlings, alors que les meurtres frappaient un électeur par jour, en moyenne.

Non… nous en sommes complices !

Qui sème le vent récolte la tempête

Quelque part, dans un coin reculé du Tennessee, en ce moment même, un prédicateur doit relier les données entre elles, ou les points. Il lit le journal. Il prépare son sermon.

Il commence, d’un air grave, l’index impatient de s’agiter face aux premiers bancs : « Galates 6:7 – Chacun récolte ce qu’il a semé ».

Pendant ce temps, dans l’état de Géorgie, un pasteur baptiste a la même idée, à peu près, mais sur un ton plus proche de celui de Cassandre :

« Osée 8:7 », commence-t-il : « Puisqu’ils ont semé le vent, ils moissonneront la tempête ».

Le problème, avec ces idées bibliques, c’est qu’elles sont difficiles à appliquer.

Qu’est-ce que le vent ?

Nous l’ignorons… mais, ici, à Dublin, ce calme plat est inquiétant, perturbant. Comme avec une casserole d’eau hors du feu : l’eau refuse de bouillir.

Les rues sont calmes. D’après ce que nous savons, pas une seule personne n’a été assassinée : ni par un citoyen, ni par un flic, ni par un vétéran de retour, ni par un adepte de Mahomet complètement fou.

La police semble particulièrement désoeuvrée, par ici.

En 2012, pour citer une année dont je connais les chiffres, 410 personnes ont été abattues par la police, aux Etats-Unis. L’une des sources affirme que la police tue un homme noir toutes les 36 heures.

Dans tout le Royaume-Uni, la même année, la police n’a tiré qu’un coup de feu. Personne n’a été blessé.

Et, ici, en Irlande, une recherche sur Google indique que seuls trois policiers de la Garda ont été tués au cours de ces 20 dernières années… et tous par des terroristes issus de l’IRA.

Quant aux citoyens tués par la police, nous n’avons pu dénicher que neuf cas, qui remontent à 25 ans. Enda Kenny, le premier ministre irlandais, pourrait tout de même mieux faire, non ?

Cela peut s’arranger.


Connaissez-vous ce moyen simple, efficace, discret et méconnu qui peut vous sauver en cas d’agression ?


Comment animer des rues trop calmes

Il faudrait que M. Kenny lâche de la drogue et des armes dans les rues. Et puis qu’il exerce une répression musclée… et construise des goulags de Donegal à Cork.

Depuis les années 1970, aux Etats-Unis, les dépenses affectées aux prisons ont augmenté trois fois plus vite que celles affectées à l’éducation.

Un jeune noir a plus de chances de faire ses études supérieures derrière les barreaux que dans une université.

S’il lui faut d’autres idées, M. Kenny pourrait aussi regarder la Convention des Républicains.

Là, il pourrait récupérer quelques idées sur la façon de créer une véritable culture fondée sur l’ennemi, la peur et la violence.

Il pourrait, en particulier, étiqueter certains groupes – des protestants ? – de violeurs et de voleurs, et proposer de les expulser du pays.

Il pourrait récupérer l’idée du « mur », également, ou d’un « Irexit » : pour bloquer l’entrée de ces immigrés d’Europe de l’Est qui, apparemment, exécutent toutes les tâches dans les hôtels, bars et restaurants irlandais.

Il faudrait qu’il muscle un peu son discours, aussi… qu’il ajoute un petit peu de vitriol… un petit peu de fanatisme qui dépasse les bornes.

Prenons l’ancien maire de New York, Rudolph Gulliani, par exemple, qui a pris la parole le premier jour de la Convention des Républicains.

« Vous, les terroristes islamiques fanatiques » a-t-il crié à des gens qui ne se trouvaient certainement pas dans le public, et n’écoutaient pas non plus, « vous savez qui vous êtes… et nous allons vous débusquer ! ».

Tiens, voilà une bouffée d’air chaud qui devrait faire bouger les choses !

S’il y a une chose qui brille par son absence, en Irlande, c’est bien la tuerie de masse. Nous n’avons rien trouvé de tel depuis les Insurrections de Pâques 1916, au cours desquelles les troupes britanniques ont tué plus de 300 Irlandais, hommes, femmes et enfants.

Kenny pourrait peut-être importer sur l’Ile d’Emeraude un peu de ces tueries frénétiques d’Amérique, en apportant son soutien à la Coalition contre l’Etat islamique, au Moyen-Orient.

Qu’il envoie de jeunes hommes et femmes en Afghanistan, pour qu’ils s’endurcissent à la violence. A leur retour… ils seront incapables de trouver un emploi. (Qui veut employer quelqu’un qui ne sait que tuer des gens ?)

Faute de travail, ces vétérans se suicideront deux fois plus que le reste de la population… et prendront également la police, et d’autres personnes, pour cible.

Bonne chance, M. Kenny. Nous ne pouvons affirmer que ce plan soit meilleur pour l’Irlande, mais au moins, nous trouverons plus facilement le sommeil, lorsque nous reviendrons ici.

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