La Chronique Agora

Vers une semaine boursière « cinq étoiles » avec les élections italiennes ?

▪ Wall Street clôture en hausse le vendredi, c’est devenu une tradition depuis le 4 janvier dernier. Elle n’a pas été démentie ce vendredi avec une belle progression d’ensemble des indices américains : le Dow Jones a gagné 0,86% et s’est hissé au-dessus des 14 000 points à la toute dernière seconde, après avoir gagné une quinzaine de points au cours de la dernière minute. Le S&P 500 a pris 0,88% et le Nasdaq 0,97% à 3 162 points.

Ces progressions apparaissent toutefois relativement modestes par rapport à celle des deux champions de la volatilité haussière en 2013 : le Dow Transport s’est envolé de 1,16% et le Russell 2000 de 1,2% à 916 points.

Tout comme en Europe, la confiance semblait brusquement revenue sur les marchés sans qu’une statistique économique favorable ne l’explique. Cependant, les volumes de transactions n’ont pas suivi. Toujours pas de vague de rachats à bon compte ni de rotation au détriment des marchés obligataires puisque ces derniers ont progressé en même temps que les actions.

Le coup de stress de mercredi concernant un possible resserrement de la politique monétaire de la Fed (qui s’interrogerait sur la pertinence de ses rachats d’actifs) semble déjà remisé en-dessous de la pile des préoccupations du moment.

James Bullard, membre votant de la Fed, s’est employé — tout comme son collègue John Williams, président de la Fed de San Francisco jeudi — à rassurer Wall Street : « la Réserve fédérale reste très accommodante et va le demeurer pendant encore longtemps ».

Ouf, nous avons eu très chaud, voilà qui met fin à un suspense insoutenable. Les investisseurs ont quand même failli se demander qui rachèterait les bons du Trésor américain si la Fed cessait de le faire fin 2013.

Il sera toujours temps de se poser la question début 2014… Mais si les Etats-Unis voient leur notation souveraine dégradée d’ici début mai, la question ne se posera plus : le QE3 deviendra permanent, massif et illimité dans le temps.

▪ En attendant les Etats-Unis, c’est la Grande-Bretagne qui y passe
Nous qualifierons de demi-surprise la dégradation par Moody’s de la note du Royaume-Uni vendredi soir.

Un qui n’a pas paru surpris, c’est George Osborne, chancelier de l’Echiquier (ministre de l’Economie du gouvernement Cameron). Il a déclaré: « nous avons droit à un sévère rappel à l’ordre concernant le problème de dette auquel est confronté notre pays et c’est un avertissement très clair à quiconque penserait que l’on peut se soustraire à une résolution de ce problème ».

« Ceci redouble notre détermination à mettre en oeuvre notre plan de relance qui a réduit notre déficit d’un quart et nous a permis de maintenir des taux d’intérêt très bas tout en créant un nombre record d’emplois « .

C’est à croire — à le lire — que la Grande-Bretagne n’est pas retombée en récession au quatrième trimestre et que la réduction des déficits par les coupes dans les programmes sociaux n’engendre pas une paupérisation des classes moyennes sans équivalent depuis les années Thatcher.

En ce qui concerne le problème de la dette, il se règle chaque mois à coup de planche à billets. La seule promesse à laquelle nous croyons cette année, c’est à l’accélération du débit des rotatives de la Bank of England et le déversement d’une cataracte de livres sterling.

▪ La Chine à contre-courant, l’Italie en plein suspense
Inversement, la Chine serait en train de resserrer les vannes du crédit. Ce n’est certainement pas un hasard si la première semaine de la nouvelle année lunaire du serpent s’est soldée sur la place chinoise par une série de quatre séances de repli sur cinq et une perte globale de 4,5%, soit la pire semaine boursière depuis fin septembre 2012 (ce qui ramène le gain annuel à tout juste 2%).

Le principal sujet de conversation des prochaines heures sera le résultat des législatives italiennes anticipées — en particulier le score de Silvio Berlusconi, qui a promis le remboursement des taxes foncières mises en application par Mario Monti.

Nous ignorons par quel moyen légal et fiscal il compte y parvenir — sans oublier le coût budgétaire d’une telle reculade — mais c’est une proposition populiste qui plait à beaucoup d’Italiens de la classe moyenne… En tout cas, elle fait certainement moins peur que la promesse de « faire exploser le système » de Beppe Grillo, l’humoriste trublion dont les partisans revendiquent un score de 20% aux élections.

Beppe Grillo caresse un vieux rêve presque anarchiste de « citoyens qui s’élisent entre eux et s’administrent eux-mêmes » et qui mettraient massivement à la retraite la caste des politiciens professionnels.

Parmi les mesures pas aussi farfelues que ce qui précède, l’humoriste prône la mise en place d’un revenu minimum d’existence (cela existe en Alaska et pour certaines catégories défavorisées au Brésil), des coupes dans les dépenses militaires, la réduction du salaire des hommes politiques, internet gratuit pour tous.

Mais ce qui fait grincer des dents à Berlin et à Bruxelles, c’est sa proposition de réduire la semaine de travail à vingt heures (ce que les lois Hartz ont rendu possible dans les faits en Allemagne !)… et surtout une sortie de la Zone euro.

Nous souhaitons bonne chance au chef d’un des partis historiques qui sortira en tête des urnes : composer avec Beppe Grillo et les députés de sa liste « cinq étoiles » qui seront inévitablement élus ce lundi ne devrait pas engendrer la mélancolie !

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