Pour le moment, aucun signe de poussée d’inflation. Mais elle pourrait venir bien plus vite que prévu, prenant la Fed de court — et l’économie que Janet Yellen entend mettre sous pression exploserait.
Allumez la mèche ! Lancez les fusées !
Janet Yellen a fini par trouver comment sortir de la crise. La réponse, a déclaré l’éminente Madame Yellen, est une… « économie à haute pression. »
Si nous considérons que la faiblesse de la demande est un frein à toute perspective, Yellen claironne :
« La question suivante qui se pose naturellement est de savoir si on pourrait inverser ces effets secondaires indésirables sur l’offre en gérant temporairement une ‘économie à haute pression,’ caractérisée par une demande cumulée soutenue et un marché du travail tendu.«
« Une demande cumulée soutenue et un marché du travail tendu, » cela signifie en keynésien : « inflation ».
Janet semble laisser entendre qu’elle et ses compères devraient abandonner la vieille religion contre l’inflation. Assouplir un peu les règles. Laisser sortir l’inflation de sa cage pour un tour ou deux. Peut-être cela doperait-il la croissance.
Jeffrey Gundlach est directeur général du fonds d’investissement DoubleLine Capital. Voici comment il interprète les balivernes keynésiennes de Janet :
« On n’a pas besoin de resserrer la politique juste parce que l’inflation dépasse 2%… L’inflation peut atteindre 3%, si la Fed pense que c’est temporaire. »
Thomas Simons, économiste de la banque d’investissement Jefferies, confirme les propos de Gundlach. Les déclarations de Yellen « montrent qu’elle souhaite laisser l’inflation dépasser un peu la cible [des 2%] pendant un temps donné et que la Fed va pécher par excès de lenteur plutôt que par excès de vitesse à relever les taux. »
Nous avons totalement confiance en l’arbitrage de Janet.
Nous savons de source sûre que l’inflation envisage un come-back…
Les trois indicateurs clés de l’inflation ont récemment timidement franchi le seuil de 2%. Seul l’indice des dépenses de consommation personnelles ne se situe pas au-dessus. « Mais il tourne autour de 1,75% et progresse encore, » selon l’analyste en matières premières John Ross Crooks.
Les prix du pétrole, plus que bas, ont été l’une des principales raisons des faibles niveaux de l’inflation. Pas d’inflation, pas besoin de relever les taux. Et si on n’a pas besoin de relever les taux, cela signifie que Janet a été capable de maintenir le train de vie fastueux auquel le marché s’est habitué. Mais toute chose à une fin…
Nous voyons les prix de l’essence fomenter une petite insurrection ces derniers jours. Selon l’AAA (American Automotive Association), le prix moyen d’un gallon d’essence ordinaire à travers le pays se situe autour des 2,25 dollars, soit huit cents de plus qu’il y a un mois. « C’est beaucoup en 30 jours, » observe l’AAA, « en particulier à un moment où les prix ont plutôt tendance à baisser. »
ZeroHedge ajoute : « l’augmentation des prix de l’essence aura sans doute un effet hausssier encore plus grand à la hausse sur le panier de l’inflation des prix à la consommation. »
Pour Andrew Sheets, stratégiste en chef sur les marchés mondiaux chez Morgan Stanley, le pétrole était si bas l’année dernière qu’il ne peut que monter. L’inflation peut faire beaucoup de bruit lorsque le mot est lâché :
« Un tel retour de balancier peut susciter un changement rapide des chiffres de l’inflation, qui normalement évoluent lentement d’une année à l’autre. »
Pour Jim Rickards, l’apparente stabilité des prix de ces dernières années est un écran de fumée. Elle masque une lutte acharnée entre la déflation et l’inflation. Finalement, l’une des deux gagnera. S’il s’agit de l’inflation…
« L’inflation peut réellement échapper à tout contrôle très rapidement. Si c’était le cas, cela arriverait très vite. Nous verrions une hausse lente de 2% à 3%, puis un saut à 6%, puis à 9% ou 10%. »
Par conséquent, l’inflation est comme un porte-avion : difficile à faire bouger. Mais une fois en mouvement, difficile à stopper. Paul Volcker avait dû faire grimper les taux d’intérêt à 20% pour stopper net l’inflation en 1981. Imaginez essayer de faire cela aujourd’hui.
Qu’en est-il alors de « l’économie à haute pression » de Janet, donnera-t-elle un peu de mou à l’inflation pour voir ce qui arriverait ? Que se passera-t-il si l’inflation s’emballe et échappe à tout contrôle ?
Une fois encore, cette bonne vieille Janet se retrouverait avec un remède aussi néfaste que la maladie qu’il guérit…
Si elle relève les taux pour parer l’inflation, elle met un coup de frein à la croissance. Et peut-être fera-t-elle s’écraser le marché boursier par la même occasion. Si elle décide de ne pas relever les taux face à une hausse de l’inflation, qu’elle donne un coup de fouet à cette « économie à haute pression », alors l’inflation pourrait s’emballer. L’inflation que tout le monde craignait toutes ces années pourrait finalement obtenir sa revanche.
Janet n’aurait alors d’autre choix que de relever les taux… pour de vrai. Plus que d’un quart de point. Qu’arrivera-t-il si les taux remontent pour de vrai ? Nous vous laissons imaginer la réponse.
Selon John Stepek de MoneyWeek, Janet Yellen a « envie de laisser l’économie américaine ‘chauffer' » avec son histoire d’économie à haute pression.
Mais chauffer jusqu’où ? Et si tout cela explosait ?