La Chronique Agora

La vérité sur les booms et les crises (2/2)

cycle économique

Les modèles élaborés par les économistes ne sont pas infaillibles – surtout lorsqu’ils concernent les grands cycles économiques. Il convient donc de les prendre avec prudence, surtout lorsqu’il s’agit de déterminer la gravité d’une crise ou l’ampleur d’un boom.

Le soi-disant « boom » économique actuel, dont nous parlions hier, n’est rien d’autre que le résultat du développement d’activités dépendantes d’une politique monétaire laxiste. Il convient de noter que ces activités seraient incapables de survivre sans soutien monétaire. Elles sont parfois qualifiées de « bulles ».

Notez également que lorsque que le rythme d’expansion de la masse monétaire s’accélère sous l’impulsion de la banque centrale, alors le rythme auquel les richesses sont redirigées vers les activités en situation de bulle s’accélère également.

A l’inverse, lorsque la banque centrale resserre sa politique monétaire, il se produit un ralentissement du rythme auquel les richesses sont redirigées des activités productives vers les activités en situation de bulle.

Ces activités, qui doivent leur existence à une politique monétaire initialement plus souple, se retrouvent alors en difficulté, déclenchant une nouvelle crise économique.

Quelles proportions prend cette crise ?

L’amplitude de la phase d’expansion économique détermine la gravité de la crise 

Mises et Rothbard ont tous deux démontré que l’amplitude d’un boom économique détermine la gravité de la récession qui s’ensuit. Notez qu’un effondrement de l’économie est impossible sans une période d’expansion économique préalable.

On peut observer que les périodes de crise économique sont caractérisées par la liquidation des activités en situation de bulle qui se sont développées pendant la période d’expansion précédente. Gardez en tête que ces activités sont apparues en raison de l’augmentation de la masse monétaire créée ex nihilo.

Par conséquent, plus les activités de ce type se développent durant la période d’expansion économique, plus la purge de telles activités devra être profonde afin de revitaliser l’économie et donc plus grave sera la crise économique.

Alors comment devons-nous appréhender les différentes études sophistiquées qui soutiennent la théorie de Friedman selon laquelle les grandes récessions sont suivies de booms économiques de plus grande ampleur et non l’inverse ?

Quelles sont les capacités du modèle ?

Selon Friedman, la clef pour déterminer la validité d’un modèle théorique ne réside pas dans les définitions fondamentales des phénomènes observés qu’il propose, elle réside dans la capacité du modèle à réaliser des prédictions exactes.

Friedman a en effet écrit que :

« Le but ultime d’une science positive est l’élaboration d’une théorie ou d’une hypothèse qui permette de réaliser des prédictions valides et utiles (c’est-à-dire qui ne soient pas des truismes) sur des phénomènes non encore observés […].

La seule question pertinente qu’il faut se poser concernant les hypothèses sous-jacentes sur lesquelles est basée une théorie n’est pas de savoir si elles correspondent à une description exacte de la réalité, car ce n’est jamais le cas, mais si elles constituent une approximation suffisamment bonne par rapport à l’objectif visé. Et on ne peut répondre à cette question qu’en vérifiant si la théorie fonctionne, c’est-à-dire si elle fournit des prédictions suffisamment précises et exactes. »

La raison pour laquelle Friedman s’appuie sur des méthodes mathématiques et statistiques, c’est qu’elles lui permettent de valider son modèle théorique.

Pour résumer, la méthode de Friedman s’appuie sur « l’ajustement des courbes » pour prouver son hypothèse dérivée de l’analogie de la corde de guitare.

Il convient de noter que, sans préciser l’essence du sujet d’étude, on pourrait élaborer toutes sortes de modèles, qui pourraient être « validés » au moyen de méthodes statistiques et mathématiques. Mais cela ne prouve absolument rien (en torturant suffisamment les données, on peut prouver n’importe quoi).

Conclusion

Sans définir précisément la nature des cycles d’expansion et de récession, toute soi-disant validation d’un modèle théorique est forcément douteuse. Encore une fois, pour Friedman, tout est permis tant que le modèle est capable de réaliser des prédictions exactes.

Etant donné que Friedman n’a jamais véritablement défini la nature des cycles d’expansion et de récession, on peut légitimement douter que son modèle théorique permette d’établir les causes de ces cycles.

Par conséquent, la conclusion de Friedman selon laquelle les grandes récessions précèdent les booms de grande ampleur (et non l’inverse) est discutable.

Nous avons montré que les périodes de boom économique sont caractérisées par la formation de bulles dans certains secteurs d’activité en raison de la politique monétaire laxiste de la banque centrale. Les périodes de crise économique sont au contraire le résultat de la liquidation de ces activités suite à un resserrement de la politique monétaire.

Dans cette optique, plus la période d’expansion se prolonge, plus la crise sera sévère étant donné qu’un plus grande nombre d’activités en situation de bulle devront être liquidées.

Les politiques monétaires imposées par la banque centrale, dont l’objectif est de corriger les conséquences indésirables de ses tentatives antérieures de stabilisation de l’économie, constituent un facteur clé à l’origine des cycles successifs d’expansion et de récession.


Article traduit avec l’autorisation du Mises Institute. Original en anglais ici.

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