La Chronique Agora

Vendez Goldmans Sachs !

▪ Pour une fois, nous sommes d’accord avec les initiés de Goldman Sachs. L’action de l’entreprise est à la vente.

Certes, les initiés n’ont pas exactement dit que leur action est à la vente mais ils n’en ont pas eu besoin. Leur comportement est assez éloquent. La semaine dernière, neuf d’entre eux se sont débarrassés de leurs actions aussi vite que la loi le leur permettait.

Ils ont liquidé pour une valeur de 20 millions de dollars d’actions au prix moyen de 107,44 $ l’action. On parle ici de la même action pour l’achat de laquelle Goldman — pour le compte de ses actionnaires — a dépensé 21 milliards de dollars au cours des cinq dernières années — au prix moyen d’environ 171 $ par action.

Nous posons alors la question : pourquoi l’action Goldman est-elle une action « à acheter » à 171 $ pour les actionnaires, mais « à vendre » pour certains initiés à 107 $  l’action ? Il y a quelque chose qui sent mauvais dans cette affaire… qu’il serait intéressant de décortiquer pour trouver la source de la puanteur…

▪ Des chiffres inquiétants
Tout d’abord, on remarque que les bénéfices de Goldman chutent plus rapidement que sa réputation. Il y a deux semaines, l’entreprise a rapporté une baisse vertigineuse de 58%, comparé à 2010, de ses bénéfices au quatrième trimestre.

Ce dernier rapport trimestriel affirme une tendance inquiétante qui se dessine depuis trois ans. Le bénéfice net de Goldman sur l’année entière a atteint la somme record de 13,4 milliards de dollars en 2009, pour passer à 8,4 milliards en 2010 avant de chuter à 4,4 milliards l’année dernière.

Reflétant cette tendance à la baisse des bénéfices, le cours de l’action Goldman a plongé de son plus haut à 192 $ en 2009 à sa cotation actuelle de 111 $. Peut-être l’action a-t-elle atteint sa « zone plancher ». Les actions bon marché peuvent devenir encore meilleur marché lorsque les opérations essentielles de l’entreprise sont en grande difficulté. Si les opérations de base de Goldman n’en sont peut-être pas encore à ce stade, elles semblent du moins traverser une mauvaise passe.

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De façon étrange, pires sont les performances de Goldman, plus l’entreprise rachète ses propres actions en masse. En 2009 et 2010, Goldman a consacré 71% de son revenu net au rachat de ses actions. Mais l’année dernière, elle y a consacré le pourcentage exorbitant de 264%. Même sans prendre en compte le rachat de l’action préférée de Warren Buffett, Goldman a encore affecté 140% de son revenu net à racheter ses propres actions l’année dernière — le double du taux de 2009-2010.

En outre, Goldman n’a pas racheté ses actions de manière très opportune — c’est-à-dire à un prix « intéressant ». L’entreprise a payé une moyenne de 128,33 $ pour les actions qu’elle a acquises en 2011, comparé au plus bas de l’année à 84,27 $ et à une cotation actuelle à 111 $. N’est-il pas un peu étrange que cette entreprise de Wall Street, censée être constituée de génies, n’ait pas pu acquérir ses propres actions mieux que ne le ferait un investisseur amateur ?

Lorsque les têtes pensantes de l’entreprise tentent de construire la valeur actionnariale via une stratégie de rachat des actions, elles essaient généralement d’acheter leurs actions quand elles sont en baisse… et uniquement dans ce cas. A contrario, lorsque les responsables essaient de valoriser leur propre compte, ils achètent leurs actions de façon frénétique, quel qu’en soit le prix.

« L’investissement » de Goldman dans ses propres actions a peut-être été exécuté avec tant de négligence et si peu de profit (jusqu’à présent) parce qu’en réalité il ne s’agit pas ici d’investir mais plutôt de hisser l’action à un niveau qui récompenserait les associés de l’entreprise, bardés d’actions.

Nous y reviendrons…

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