Un cube d’or apparaît mystérieusement à New York : une monnaie est née. Toute son existence est devant elle, mais nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une pensée émue pour toutes les monnaies disparues qui l’ont précédée.
Une nouvelle monnaie a vu le jour en début de mois. Ses créateurs sont allés à Bethléem, pour l’occasion.
Selon l’US SUN :
« Mystère : un cube en or d’une valeur de 11,7 M$ ‘apparait’ dans Central Park, à New York, et il dispose de ses propres agents de sécurité.
Ce cube, qui représente 186 kg d’or pur de 24 carats, a été déposé devant le Namburg Bandshell [NDLR : kiosque à musique de Central Park, en forme de coquillage] tout enneigé, à cinq heures du matin, entouré de photographes et de policiers du NYPD.
Ce cube creux en or a été créé par Niclas Castello, artiste allemand âgé de 43 ans, qui l’a baptisé le ‘Castello Cube’. »
Mais c’est là que cela devient intéressant :
« Cette œuvre de 186 kg n’est pas à vendre, mais a servi de publicité pour le lancement d’une cryptomonnaie qui va avec, le Castello Coin.
Le cours de l’or se situant alors à 1 788 $ l’once, il vaudrait 11,7 M$, s’il était mis en vente. »
Mais attendez…
« ‘Le cube peut être une sorte de communiqué entre un écosystème culturel émergent du XXIe siècle, basé sur les cryptomonnaies, et l’ancien monde où l’or régnait en maître’, a déclaré la galeriste viennoise Lisa Kandlhofer, sur ArtNet.
Le Castello Coin se négocie sous le symbole $CAST et son cours initial est de 0,44 $. »
C’est cool, non ? On verra bien.
Des monnaies par milliers
Cela ne coûte pratiquement rien, de lancer une cryptomonnaie… ni d’en créer d’autres encore.
Alors quel que soit le cours auquel les gens en achètent… c’est pratiquement « tout bénéf » pour le créateur. Cool…
Mais… les Allemands doivent bien avoir un mot pour ce besoin implacable et irrésistible de vouloir aller explorer l’avenir… et pleurer. Lorsque vous découvrez votre voiture toute neuve… et que vous l’imaginez en train de rouiller à la casse. Vous adoptez un chiot… et vous pensez à une croix plantée dans un coin du jardin où reposera ce chien fidèle. Et ce chêne, que vous venez juste de planter, vous savez qu’il pourrira un jour et finira sous la hache du bucheron.
Oui, nous cogitons encore à propos d’hier… d’aujourd’hui… et de demain. Nous avons de vagues notions concernant hier. Et aujourd’hui est tout autour de nous. Mais demain ?
Un jour, nous sommes resté debout après minuit, en tentant d’avoir un aperçu de demain. Mais voilà : nos yeux se sont fermés. La cloche a sonné les douze coups. Nous les avons comptés. Ensuite, lorsque nous avons ouvert les yeux… raté… c’était déjà aujourd’hui, à nouveau.
Le cimetière des monnaies abandonnées
L’un des problèmes que posent les nouvelles formes de monnaie est le suivant : demain, elles auront disparu. Nous ouvrirons les yeux et elles ne seront plus là. Des centaines – des milliers – de nouvelles monnaies ont été créées au fil des ans.
Et à présent, elles sont presque toutes mortes. Sniff. Sniff. Recueillons-nous au moins en souvenir.
Le site DollarDaze a réalisé une étude portant sur 775 monnaies fiduciaires, c’est-à-dire des monnaies que les autorités d’un pays ont déclaré légale par décret. Cette étude a découvert qu’une monnaie moyenne avait une durée de vie de 27 ans à peine.
Et où sont leurs tombes ? L’assignat, la « monnaie volante » chinoise, la livre française, le franc français, les Papiermark et Reichsmark allemands… ou tout simplement le bon vieux mark allemand ?
Toutes dans la fosse commune ! Aucun veuf ne les pleure… Aucun petit-fils ne vient les voir… Elles tombent dans l’oubli, tout simplement.
Mais ne les imaginons pas en train de pourrir dans d’obscurs caveaux. Essayons de nous les remémorer telles qu’elles étaient… si heureuses, optimiste et pleines de vie. Rappelez-vous, elles ont vécu hier… quand tout évoluait à la hausse. La baisse, c’est toujours pour demain.
Qu’il doit être charmant, leur paradis des monnaies, débordant de devises pleines d’espoir : le dollar confédéré « grayback », le denier romain, le peso mexicain en argent, le franc marocain, le leu roumain en argent, le shilling du Maryland, le mark estonien de 1924, l’ōban japonais, le b.-pengő hongrois, le crusado novo brésilien, l’austral argentin, le karbovanets ukrainien, le super-dinar serbe…
Elles doivent bien s’amuser, dans le Valhalla, à gambader… à se compter, à faire du change éternellement … 2 pour 1… 5 pour 1… 50 000 pour 1… Ou, pour le dollar du Zimbabwe, 100 000 milliards pour 1 !
Et toutes ne valent absolument rien.
5 000 ans de stabilité
Il y a de nombreuses années, nous sommes devenu propriétaire d’une collection de monnaies défuntes. Elles étaient accrochées au mur de notre bureau… une sorte de memento mori monétaire… un rappel du destin de toute monnaie papier.
Mais attendez… Quid des cryptomonnaies ? Et ce tout nouveau Castello Coin ? Ce n’est pas du papier. Ce n’est pas une monnaie fiduciaire. C’est quelque chose de nouveau.
Si l’or représente 50 siècles de relative stabilité monétaire, dans l’ancien monde, est-ce que ce nouveau jeton nous offrira 5 000 ans de pouvoir d’achat dans ce nouvel « écosystème culturel » ?
Ou bien devons-nous commencer à sortir le crêpe noir et les faire-part de décès, en sachant qu’il disparaitra bientôt ?
Plus de 1 000 cryptomonnaies sont déjà mortes.
Quelle sera la durée de vie du Castello Coin ?
Nous l’ignorons.
Mais nous pensons que le cube en or durera bien plus longtemps, par contre.