L’homo politicus se distingue par sa propension à se répandre dans les médias. Naturellement, plus un individu est amené à s’exprimer publiquement, plus ses bourdes se diffusent.
Certains propos nous conduisent à nous demander si les personnalités les plus en vue de notre personnel politique vivent dans le même univers que nous.
Les piégés par les médias
Un grand classique des médias consiste à piéger un homme politique en le sondant sur des choses très concrètes. Sous couvert de se faire passer pour des défenseurs de la cause de monsieur Toutlemonde, certains journalistes vedettes se font un malin plaisir de coincer candidats et élus sur le prix de produits de consommation ou de services courants. Si le politicien interrogé se trompe grossièrement, comment pourrait-il alors gouverner la cité ? CQFD.
Pendant les primaires de la droite et du centre, Alain Juppé a ainsi été la risée des médias après avoir fait référence en novembre 2016 à « la vendeuse de Prisunic », enseigne disparue 15 ans plus tôt. Au mois d’octobre, c’était Jean-François Copé qui estimait le prix du pain au chocolat à « 10 ou 15 centimes ». Pendant la campagne présidentielle, François Asselineau s’est trouvé incapable d’indiquer le coût d’un porte-avion alors qu’il proposait dans son programme d’en construire un supplémentaire.
Après des gaffes de ce genre, il est de bon ton dans les médias de se demander comment on peut être à ce point hors sol.
D’aucuns n’ont d’ailleurs pas besoin de se faire interroger pour révéler leur ignorance du monde qui les entoure. « C’est quoi, Le Bon Coin ? », demandait Nicolas Sarkozy lors d’une rencontre avec des entrepreneurs il y a tout juste un an…
Certes, cette ignorance crasse est très inquiétante, mais elle ne me semble pas être la carence la plus importante du personnel politique français.
« Le sage désigne la lune, l’idiot regarde le doigt », dit l’adage.
Il est bien dommage que certains animateurs à succès participent de ce cirque, plutôt que d’orienter le débat sur les vraies questions.
Ceux qui veulent montrer qu’ils sont comme les « vrais gens »
Sans doute par compensation, certains politiciens essayent de vous convaincre que leur quotidien est jonché d’embûches et qu’ils sont par conséquent semblables au Français moyen.
François Fillon a expliqué au Parisien qu’il n’arrivait pas à mettre de l’argent de côté. Même refrain chez Henri Guaino qui a signalé qu’il « ne peut rien mettre de côté ».
De l’autre côté, stratégie est différente. Il s’agit d’essayer de faire accroire qu’on a les mêmes centres d’intérêt qu’une partie de son électorat :
Tout cela est ridicule, mais pas bien grave.
Ceux qui s’en foutent
A défaut de vouloir vous faire sentir plus proche d’eux, il y a ensuite ceux qui n’ont aucune vergogne à vous faire comprendre que votre opinion, ils s’en foutent comme de leur première chemise.
Ainsi Luc Chatel a-t-il déclaré à Libération pendant les présidentielles que « l’honneur de la droite française est précisément d’avoir le courage, parfois, de ne pas suivre ses électeurs ». Vous trouvez cette déclaration condescendante ? Alors sautez le paragraphe suivant pour rester zen !
« Lorsqu’on est un vrai député et qu’on travaille, on a d’autres choses à faire que de garder toutes les factures et de les envoyer », a déclaré Julien Aubert sur BFM TV. Pour le député Les Républicains du Vaucluse, les contraintes bureaucratiques, c’est bon pour les chefs d’entreprises, les artisans et les professions libérales, mais pas pour les élus de la République. « Tous les animaux sont égaux mais certains sont plus égaux que d’autres », écrivait déjà Orwell…
Tout cela n’est pas très joli, mais au moins pourra-t-on reconnaître à ces tristes sires le mérite d’une certaine honnêteté.