La Chronique Agora

Une visite à la banque

– RealtyTrac, société possédant une base de données nationales sur l’immobilier US, nous en dit plus :

– "Alors que 43 états ont vu les saisies se multiplier au cours des 12 derniers mois, cinq états seulement — Californie, Floride, Michigan, Ohio et Georgie — représentent plus de la moitié de tous les dossiers de saisies du pays".

** Tout cela me rappelle une anecdote datant du temps où je vivais en Angleterre. Une de mes amies et moi étions en train de tuer le temps dans la salle d’attente d’une banque britannique qui — en plus d’un café décidément imbuvable — proposait une sélection de magazines plutôt limitée. "Comme des primo-accédants à la propriété peuvent-ils se permettre ce genre de prix ?" me demanda mon amie non-propriétaire, en parcourant les pages immobilières d’un journal londonien.

– "Ne me demande pas", répondis-je, en rappelant à mon amie que c’était précisément les prix immobiliers exorbitants qui m’avaient forcé à quitter Laguna Beach, en Californie. "Je ne pouvais même pas me permettre de louer une niche pour chien, là-bas — alors ne parlons même pas d’ACHETER une maison".

– Une jeune femme s’est approchée de nous à ce moment. "Numéro 24b", annonça-t-elle d’un ton guilleret, avant de nous mener vers son bureau et de demander ce qu’elle pouvait faire pour nous aujourd’hui. Mon amie déclara d’un air penaud qu’elle souhaitait augmenter son autorisation de découvert.

– "C’est tout à fait possible", répondit la jeune femme, avant d’ajouter sans hésiter : "combien voulez-vous ?"

– "Eh bien, je viens de commencer un nouvel emploi, et la paie est mensuelle", déclara mon amie, "donc là, je suis entre deux salaires". Cette information ne semblait guère intéresser notre interlocutrice. Elle répéta la question : "combien voulez-vous ?"

– Après avoir considérablement augmenté l’autorisation de découvert de notre amie — et décliné son offre de lui fournir un certificat de travail — notre aimable guichetière se lança sans transition dans une offre spéciale offerte par la banque… pour une carte de crédit.

– Ce petit séjour dans la banque locale nous a appris combien il était simple d’obtenir un crédit "sans dossier"… et nous avons également réalisé d’où provenant "l’argent" nécessaire pour acheter ces maisons aux prix ridicules. Si nous étions des banquiers plutôt que des emprunteurs, jamais nous n’aurions accordé de crédit à des gens comme nous… par pur bon sens.

** Mais le bon sens dérange rarement le secteur bancaire… sauf lorsque les défauts de paiement et les saisies sont en hausse. C’est bien le cas actuellement — ce qui signifie que l’ère de l’argent facile est bel et bien terminée… et que l’ère du resserrement est arrivée.

– Lassée de remplir des dossiers de faillite, l’industrie américaine du prêt se serre la ceinture… et les ventes ont donc commencé à ralentir. Pour des preuves de ce nouveau régime, il suffit de regarder les sites internet des plus grands prêteurs américains. Ces dernières semaines, plusieurs d’entre eux ont commencé à offrir des crédits sur 30 ans à des taux dépassant les 8%. Ils auraient aussi bien pu accrocher sur leur porte un panneau indiquant "Fermé pour congés".

– Les quelques prêts immobiliers réussissant à émerger portent donc des taux d’intérêt bien plus élevés que ceux qui prévalaient il y a six mois de ça.

– Lawrence Yun, économiste senior pour l’Association américaine des agents immobiliers, a récemment déclaré : "nous anticipons un ralentissement des ventes immobilières parce que de nombreux produits de prêt subprime ne sont plus disponibles". M. Yun continue : "de plus, un examen plus approfondi de la part des prêteurs freine l’attribution de prêts immobiliers risqués".

– Qu’est-ce que toutes ces bidouilles subprime annoncent pour les jours à venir ? Se pourrait-il que nous assistions à la fin de l’argent facile ?

– L’affaire Northern Rock, avec ses files de Britanniques attendant de pouvoir retirer leur argent d’une banque menaçant de couler, n’est pas là pour rassurer des investisseurs inquiets. Comme le dit souvent mon ami Dan Denning, "paniquez maintenant, évitez l’heure de pointe" !

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