Je suis une pessimiste heureuse : en s’attendant au pire, on s’expose à de bonnes surprises. Mon attente de la GAF (Grande Apocalypse Financière) m’a permis de faire de bonnes affaires. A l’heure où j’écris ces lignes, l’ombre de la GAF plane toujours. Les banques centrales (la Fed en tête) ne se résolvent pas à laisser une bulle se crever. Elles en regonflent une autre en croyant protéger leurs marchés.
Le camp des pessimistes auquel j’appartiens redoute une crise financière majeure : contraction brutale du crédit, diminution des dépenses d’investissement et de consommation, entrée en récession des Etats-Unis et coup de frein dans le développement des BRIC (Brésil, Russie, Inde, et Chine), le nouveau moteur de la croissance mondiale. L’indicateur déterminant à surveiller de très près sera la consommation de métaux de base (cuivre surtout) par la Chine. Si celle-ci vient à fléchir durablement, la GAF se matérialisera.
Que privilégier dans ce contexte ? L’investissement dans des entreprises saines : celles qui produisent ou fabriquent de vraies choses utiles : énergie, matières premières, équipements industriels. Celles qui sont exemptes de dettes ou la limitent à des investissements de recherche et développement, d’amélioration de leur outil industriel. Celles qui voient à la fois leurs chiffres d’affaires, leurs marges et leur cash flow augmenter.
Méfiez-vous des grandes entreprises valorisées en fonction de prospectives. Le schéma est acceptable lorsqu’il s’agit d’une petite valeur et/ou d’un secteur émergent. Mais lorsqu’il s’agit d’une entreprise ayant atteint sa vitesse de croisière, cela me paraît beaucoup plus dangereux.
La nouvelle économie a conduit à des dérives inquiétantes : on se persuade que demain sera toujours plus beau pour tout le monde, que tout le monde est assuré contre tout, qu’il suffit d’emprunter pour assouvir ses tentations et devenir plus riche.
Si krach il doit y avoir, je rêve d’un retour à la vieille économie. Les entreprises redistribueraient leurs gains aux actionnaires sous forme de vrais dividendes (pas une aumône symbolique). Les actionnaires seraient libres de réinvestir ou non leurs dividendes (dans la même entreprise, dans une autre, ou ailleurs). Après tout, leurs idées sont peut-être aussi bonnes que celles du conseil d’administration d’une entreprise qui se lance dans des investissements hasardeux sous le prétexte de création de valeur. Les actionnaires resteraient ainsi maîtres de leurs risques. La cote d’une action serait un simple multiple de son dividende. Les banques centrales pourraient un peu tripatouiller le marché par le moyen des taux d’intérêts : le ratio dividende sur cours deviendrait ainsi plus ou moins alléchant. Mais leurs interventions resteraient limitées et surtout quantifiables.
Mais je rêve, et nous n’en sommes pas là. En attendant…
Recherchez :
– des petites entreprises de croissance, des petites minières spécialisées dans des métaux qui n’intéressent pas les spéculateurs en raison d’un marché trop étroit.
– des grandes sociétés ayant un historique de généreuse distribution de dividende, privilégiez le secteur de l’énergie.
Achetez de l’or ou des certificats or (sous 660 $ l’once) juste pour le cas où les marchés s’apercevraient finalement que notre époque aura été celle de l’émission de monnaie à partir d’espérances (demain nous serons tous plus riches et nous rembourserons) finalement déçues.
Servez-vous des armes des pros : les ordres de vente stop
– Investissez en vous préparant à perdre une quantité limitée d’argent et placez un ordre de vente stop en conséquence.
– Ne soyez pas trop gourmands : sécurisez vos plus-values en remontant progressivement vos ordres de vente stop.
– Ne soyez pas ingrats : ne pleurez pas lorsque vos ordres de vente automatiques se déclenchent en vous laissant des vraies plus-values et non pas des espoirs de gains.
– Laissez tomber la place de Londres : les ordres de vente stop n’y sont pas acceptés !
Et surtout restez pessimistes, même si le pire n’est pas toujours certain !