La Chronique Agora

Une panic room financière

** La poussière redeviendra poussière. L’énergie redeviendra matière et ainsi de suite, sauf que dans la crise actuelle, les capitaux sont simplement détruits au lieu de redevenir énergie. Tel est le coût réel de la bulle du crédit. Les capitaux se font rares. Les bons projets ne trouvent pas de financement. Le gouvernement aspire tout ce qu’il reste d’argent dans le monde pour financer ses stimulations inefficaces.

– Dénouement des positions à effet de levier, déflation et crise. Les marchés financiers ont été témoins de la première perte de liquidités qui ait entraîné le dénouement des positions à effet de levier. Cela vous donne des actions américaines au plus bas depuis cinq ans. Ce qui rend tout ça déroutant, c’est que dans une "récession de bilan", ce qui pousse une entreprise ou un investisseur à réduire ses capitaux en les vendant n’a rien de prévisible.

– Les compagnies d’assurances, les fonds de pension, les bourses universitaires, les supers fonds… ils ont tous leurs propres catastrophes sur leurs bilans. Ce qu’ils ont en commun, c’est que chacun d’entre eux, à un moment ou à un autre, va décrocher son téléphone pour dire "vendez". C’est ce qui explique l’instabilité historique des indices.

** La déflation nous ramène au milieu des années 1990, puisque les bourses sont au même niveau qu’à cette époque. Elle apparaît dans l’économie réelle quand les entreprises doivent réduire leurs dépenses pour tenter de maintenir le bilan. Réduire les dépenses. Licencier des employés. Réduire les stocks. Et faire ainsi chuter les prix à la consommation et à la production.

– Mais les employés licenciés sont des consommateurs. Et non seulement ils vont réduire leur consommation quand ils ne feront plus partie de la main-d’oeuvre, mais le processus de dénouement des positions à effet de levier et les restructurations ont un effet psychologique sur tous ceux qui font encore partie de cette main-d’oeuvre. Envahis par la peur, les consommateurs font grève. Ils épargnent. Ils économisent. La demande individuelle s’effondre. Et la crise s’ensuit.

– Que pouvez-vous faire dans cette situation ? Toute la semaine dernière, des équipes de construction ont foré, excavé et creusé dans l’un des appartements qui jouxtent nos bureaux. Tout ce tapage est extrêmement gênant. Nous nous sommes demandé ce qui pouvait bien se tramer derrière le mur. Puis cela nous a frappés. Ils sont en train de construire une panic room financière.

– Qu’est ce qu’une panic room financière, et qu’y a-t-il à l’intérieur ? Et bien, il s’agit d’une pièce dans laquelle vous pouvez mettre tous vos actifs à l’abri pendant la durée du marché baissier et de la crise. Ils seront à l’écart de tout danger supplémentaire. Vous y trouverez également de l’eau, de la nourriture en conserves, et quelques bons livres (La Loi de Bastiat, L’Action humaine de Mises, La Monnaie et le gouvernement de Rothbard, et Vingt milles lieues sous les mers de Jules Verne).

– Construire une panic room sûre est plus facile à dire qu’à faire. Tout dépend du genre d’actifs que vous avez. Vous allez devoir en discuter avec votre conjoint, votre partenaire, votre conseiller financier ou votre comptable pour constituer le bon mélange d’actifs. Plus de liquidités, beaucoup moins d’actions, quelques obligations à l’épreuve de l’inflation, un portefeuille d’actions de premier choix avec des liquidités et peu de dettes, et bien évidemment, des actions aurifères, des pièces d’or, des lingots et des bijoux en or. Et en argent.

– Votre choix d’actifs est un sujet hautement personnel, nous ne pouvons pas vous donner de conseils là-dessus. Nous tenons seulement à vous indiquer qu’il s’agit d’un sujet dont il faut discuter (si vous n’avez pas encore pris de décision).

** Enfin, il semble que l’inflation ne redonnera des signes de vie qu’à partir de mi-2009. Les choses s’enchaînent très vite en ce moment, cela pourrait donc être plus rapide. Mais cela va prendre un certain temps avant que le nouveau stimulus fiscal ne commence à couler dans les veines de l’économie. L’expansion des prêts de la banque centrale et la croissance des actifs de la Fed n’ont pas encore entraîné d’inflation parce que l’argent et le crédit ainsi produits ont servi à rapiécer les bilans des entreprises, et n’ont pas atteint l’économie réelle.

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