La Chronique Agora

Une économie d'escrocs

Mes mains tremblaient lorsque j’ai lu le dernier rapport concernant les données de la Réserve fédérale — en particulier le chiffre du crédit total. C’est toujours un moment bizarre pour moi, parce que je sais que je vais détester les nouvelles, quelles qu’elles soient. Et ma famille déteste ça aussi — c’est pour ça qu’ils s’enferment dans la salle de bains, attendant anxieusement ce moment.

Si le crédit total de la Fed est en hausse, je suis irrité de voir la Fed créer plus de crédit inflationniste dans les banques. D’un autre côté, si le crédit total de la Fed est en baisse, je ne suis pas content non plus, puisque cela signifie qu’on ne crée pas de crédit, ce qui signifie qu’on ne crée pas d’argent, phénomène qui n’est autre que (comme nous, économistes professionnels, les appelons dans nos articles de recherche économiques) le Grand Cavalier Assoiffé de Sang de l’Apocalypse Economique (GCADSDLAE) — lequel revient à faire fonctionner une économie d’escrocs (comme le font les Etats-Unis), financée par l’inflation de la monnaie, des prix et des dettes, et un système gouvernemental d’escrocs (financé par l’augmentation de la dette, des impôts et des dépenses), basé sur une devise dérivative (des chiffres électroniques), qui est elle-même basée sur une simple monnaie fiduciaire/papier, avec un système bancaire se permettant un ratio de réserve infiniment bas (c’est-à-dire aucune liquidité disponible en tant que réserve pour des dépôts ou prêts additionnels).

En décembre 1996, le crédit bancaire américain était de 2 769 milliards de dollars, tandis que l’épargne représentait 2 214 milliards. Aujourd’hui, en juillet 2006, les prêts sont de 5 738 milliards de dollars, tandis que l’épargne est de 5 457 milliards de dollars.

Le plus intéressant, dans tout cela, c’est qu’en décembre 1996, les réserves exigées étaient de 48 935 millions de dollars. Aujourd’hui, dix ans plus tard, avec deux fois plus de prêts et deux fois plus de dépôts dans les banques, les réserves exigées ne sont que de 44 139 millions de dollars, une baisse de près de 5 milliards de dollars !

Cela signifie que chaque centime de dette et d’argent créé par les banques ces dix dernières années a été littéralement produit à partir de rien, dans la mesure où il n’y a pas de réserve fractionnelle (en liquide) en guise de couverture pour les mauvais jours. Zéro réserves ! En fait, les réserves américaines sont environ 10% inférieures à ce qu’elles étaient il y a dix ans de cela !

Mais revenons-en au crédit total de la Fed et comment il crée du crédit, qui crée de la dette, qui crée l’argent qui crée les bulles. Et non seulement cela crée des bulles, mais également de l’argent à dépenser, comme nous l’apprenons de Stephen Church, de Piscatasquaresearch.com, dans un essai publié sur le site PrudentBear.com et intitulé : "Dernières nouvelles de la crise de consommation". Il écrit : "les dernières statistiques économiques de 2005 montrent que les consommateurs dépendaient de la nouvelle dette pour plus de 90% de leur cash flow courant 2005. La majeure partir du nouveau cash flow des consommateurs provient à présent de la nouvelle dette".

Intrigué, je le supplie de continuer — ce qu’il fait en disant : "les liquidités des consommateurs ont repris leur tendance baissière. Elles ont chuté à trois semaines de fonds selon notre mesure de référence. La masse monétaire de consommation coule désormais à l’envers".

Je pense, en mon for intérieur : "Hmm ! Je me demande ce que signifie cette ‘masse monétaire de consommation coulant à l’envers’ ? Et, plus important, va-t-il falloir que je travaille pour le découvrir ?" Heureusement, Church continue immédiatement en expliquant : "Historiquement, les revenus des ménages suffisaient à générer un surplus de liquidités après la consommation et le remboursement des dettes. A présent, les ménages ont un vaste déficit de liquidités".

Mais je suis resté si longtemps à regarder le crédit total de Fed que, du coin de l’œil, je peux voir que ma femme et mes enfants regardent timidement par l’entrebâillement de la porte de la salle de bains, se demandant s’il est temps de sortir. Ricanant dans ma barbe, je tire une salve de coups par la fenêtre avec mon fidèle Colt 45. Ils rentrent immédiatement se mettre à l’abri, claquant et verrouillant la porte. Je peux les entendre prier le Seigneur de les protéger.

Imaginez un peu mes émotions contradictoires en découvrant que le crédit total de la Fed a en fait baissé de 1,1 milliards de dollars la semaine dernière. Je regarde le graphique. Je note qu’en 2000, le crédit total de la Fed — fait stupéfiant — a aussi arrêté de croître, mais pendant un peu plus longtemps, il faut bien l’admettre. Cela a tout de même provoqué un krach des marchés boursiers, et le S&P 500 a perdu environ la moitié de sa valeur au cours des années qui ont suivi. Il y a eu d’autres courtes périodes depuis 2000 où le crédit total a stagné : les marchés n’ont pas été contents, mais ils ne se sont pas effondrés. Je suppose que c’est en grande partie parce que toutes les autres banques centrales et les "investisseurs" prenaient le relais.

Les choses sont bien différentes actuellement. De plus en plus d’analystes tombent d’accord pour dire que les liquidités mondiales sont en train de s’assécher, comme pour la Réserve fédérale.

Donc si vous avez oublié l’Indicateur de Marché Infaillible Mogambo (IMIM), un petit rappel : si le crédit total de la Fed grimpe et continue de grimper, les actions et l’économie grimperont. Si le crédit total de la Fed ne grimpe pas et continue de ne pas grimper, les actions ne grimperont pas. Au lieu de cela, elles chuteront, comme le reste lorsqu’on retire l’argent d’un marché surchauffé, gonflé, épouvantablement surévalué, monstrueusement surendetté.

Ajoutez maintenant à ce Signe Mogambo Classique (SMC) le triste fait que la Fed n’a acheté qu’un minuscule montant de 52 millions de dollars de dette gouvernementale la semaine dernière. Ensuite, ajoutez encore l’horrible facteur des banques centrales étrangères, qui n’ont investi que 830 minables millions de dollars pour acquérir de la dette gouvernementale américaine.

L’argent disparaît soudain, et ce n’est pas bon pour les prix des actions, les prix de l’immobilier, ou l’animosité meurtrière qu’entretient mon épouse à mon égard lorsqu’elle découvre qu’une partie de son argent a disparu de son sac — parce qu’elle l’avait bêtement laissé sans surveillance sur la petite table du couloir. Enfin quoi, je me tenais là. Je vois le sac. Elle n’est nulle part. Je remarque que ni elle ni ma rapporteuse de fille ne peuvent me voir. Je ne sais pas contrôler mes pulsions. Alors, qui est la vraie victime, dans l’affaire ?

Mais bon, on ne parle pas de ce que ma femme croit par rapport à ce qu’elle peut prouver, mais du fait que le manque de nouvel argent signifie que l’escroquerie du marché boursier, l’escroquerie du marché de l’immobilier et l’escroquerie des programme gouvernementaux vont bientôt se trouver privés de fonds pour continuer à grimper.

On peut exclure l’or, cependant, qui grimpera en flèche lorsque les gens (je veux dire ceux dont les fonds de retraite ont été bêtement confiés aux marchés ci-dessus) paniqueront et chercheront désespérément à rattraper leurs pertes, une fois qu’ils auront réalisé que tous leurs autres actifs boursiers bêtement gonflés, et leurs actifs obligataires bêtement gonflés, et leurs actifs immobiliers bêtement gonflés sont quasiment tous destinés à chuter lourdement de leurs sommets actuels.

Tout le monde cherchera un endroit sûr où investir… et ils finiront par apercevoir l’or et l’argent-métal. Ils découvriront — tout comme d’autres l’ont découvert depuis la nuit des temps — qu’aucun autre actif ne s’est jamais comporté comme les métaux précieux. Rien ne leur arrive même à la cheville.

Bientôt, l’or et l’argent vont grimper, grimper, grimper, parce que tous les gens riches et intelligents se débarrasseront de leurs actions, obligations et immobilier pour acheter de l’argent-métal et de l’or, faisant augmenter les cours, mois après mois, année après année.

Pendant ce temps, les pauvres rejets Mogambo lents, intellectuellement lourdauds et bas de plafond chercheront aussi un endroit, n’importe où, n’importe lequel, où faire des profits rapidement, parce que personne n’embauche. A la torture, ces pauvres crétins deviendront accidentellement assez sobres pour réaliser qu’ils ont observé les autres engranger régulièrement des gains spectaculaires dans l’or et l’argent, et ils voudront en profiter eux aussi. La ruée se transformera en curée, les histoires de fortunes faites grâce à l’or et l’argent-métal envahiront les journaux, les ondes radios, les lettres d’information et les magazines populaires.

Et voilà, Mignon Petit Scarabée Mogambo (MPSM), comment l’or et l’argent-métal connaîtront une hausse spectaculaire. Et voilà pourquoi vous devriez acheter de l’or et de l’argent maintenant.

Jusqu’à notre prochaine rencontre…

Meilleures salutations,

Le Mogambo Guru
Pour la Chronique Agora

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