La Chronique Agora

Une correction… mais de quoi ?

** C’était en gros titre dans le Guardian et Le Monde hier matin : la fin de la domination américaine est pour 2025. Les Etats-Unis ne sont d’ailleurs pas les seuls concernés : c’est tout le monde occidental qui pourrait être en train de couler, si l’on en croit le dernier rapport du Conseil national du renseignement américain, intitulé Tendances globales pour 2025 : un monde transformé.

"Aucune issue ne semble prédéterminée : le modèle occidental de libéralisme économique, de démocratie et de laïcisme, par exemple, que nombre de gens pensaient inévitable, pourrait perdre de son attrait — au moins à moyen terme", avertit le rapport, cité par le Guardian.

"Aujourd’hui, la richesse ne passe pas seulement d’Ouest en Est ; elle se concentre également sous le contrôle étatique" — et le rapport de nommer la Chine et la Russie en exemple.

"A la suite de la crise financière mondiale de 2008, le rôle de l’Etat dans l’économie pourrait être en train de gagner des faveurs dans le monde entier".

"Parallèlement", déclare le Guardian, "les Etats-Unis deviendront ‘moins dominants’ dans le monde — ils ne seront plus la superpuissance sans rival qu’ils ont été depuis la fin de la Guerre froide, mais ‘les premiers parmi leurs égaux’ dans un monde plus fluide et équilibré, rendant l’unilatéralisme de l’époque Bush intenable".

Le rapport prédit qu’au cours des deux prochaines décennies, "la multiplicité des acteurs influents et la méfiance à l’égard d’une vaste puissance signifient une marge de manoeuvre déclinante pour les Etats-Unis qui ne pourront plus mener les choses comme ils l’entendent sans le soutien de partenariats forts"

Des partenariats forts qu’il sera sans doute difficile d’obtenir, vu que les puissances émergentes risquent d’être nettement moins amicales à l’égard des Etats-Unis… tandis que l’Union européenne, si l’on en croit Le Monde, "se transformera en géant incapable de transformer sa puissance économique en influence globale".

C’est un point de vue intéressant… et il soulève une question dont je discutais justement avec Bill Bonner jeudi dernier : "que corrige vraiment la correction actuelle ?", demandait Bill. "Simplement la bulle de crédit et les excès de ces 10 dernières années… ou les siècles d’hégémonie occidentale — européenne ou américaine — sur le reste de la planète ?"

Pays développés/pays émergents, la balance est-elle en train de revenir à l’équilibre ? Si tel est le cas, cher lecteur, gardez les yeux bien ouverts : nous sommes en train d’assister à un changement historique — et le président américain nouvellement élu, Barack Obama, a une lourde tâche sur les épaules :

"A peine élu, Barack Obama porte les espoirs non pas des seuls Américains, mais du monde, pour sortir de la crise", déclarait Ingrid Labuzan, rédactrice au sein du magazine MoneyWeek. "[…] Les dirigeants de la planète lui ont adressé leurs appels au secours, afin que le président construise un nouvel ordre économique mondial".

"Ordre auquel entend cependant bien participer l’Europe. Certes, elle a plus que jamais besoin que l’économie américaine se reprenne, mais elle n’est pas prête à abandonner le rôle de leader qu’elle aimerait s’octroyer à la faveur de la faiblesse américaine. Les paroles de Jose Manuel Barroso, président de la Commission européenne, expriment ce double enjeu : ‘Il faut que nous transformions la crise actuelle en une nouvelle opportunité. Nous avons besoin d’un new deal pour un nouveau monde. J’espère sincèrement que, sous la direction du président Obama, les Etats-Unis d’Amérique joindront leurs forces à celles de l’Europe pour mener ce new deal‘".

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