La Chronique Agora

Un seul étalon dans la crise : l'or

Les précurseurs de l’or (ceux qui se sont placés en 2000 ou 2001), sont en général aussi très haussiers sur l’argent-métal. Qu’en est-il de ce parent pauvre de l’or en ce moment ?

En décembre 2000, le ratio or/argent était à 58,5, avec l’or à 271 $ l’once et l’argent à 4,64 $ l’once. Depuis le début du grand marché haussier de l’or, l’argent n’a pas fait mieux. Il a même fait un tout petit peu moins bien. Actuellement, une once d’or achète 59 onces d’argent. Pourtant, de nombreux analystes soutiennent que l’argent est promis à un potentiel exceptionnel.

Je n’en crois rien.

Mais pour expliquer mes raisons, je vous propose un détour dans l’Histoire.

Un très antique rapport de 10 à 15
Depuis longtemps l’or et l’argent sont liés par un rapport 10 à 15,5. L’organisation de la monnaie se déclinait en or, argent et bronze. En 1876, dans La monnaie bimétallique,  l’économiste Henri Cernuschi, écrivait : "l’or et l’argent sont deux monnaies naturelles et éternelles. Personne ne peut en produire artificiellement ni par décret, et c’est en quoi gît leur meilleure garantie." A l’époque, la plupart des systèmes monétaires fixaient la parité or/argent à 15,5.

Chez les pharaons, le rapport or/argent était de 13,33. Hérodote nous indique que le rapport était toujours de 13 en 440 avant J.-C., ce que nous confirme Xénophon. Chez les Ptolémée, en Gaule, à Rome, on trouve des traces d’un rapport 12 puis 14,40, plus tardivement.

La guerre des étalons : l’or domine
En Europe, on grince des dents en 1840, car on flaire que le rapport de 15,5 surévalue l’argent, devenu très abondant en raison d’une forte production en Amérique du Nord.

Dans la pratique, le rapport de 10 à 15,5 évolue au gré de la production minière, mais l’or est l’étalon dominant.

Ce qu’espèrent confusément les spéculateurs sur l’argent, c’est le retour au vieux ratio de 10 à 15,5. S’ils ont raison le potentiel de hausse de l’argent est colossal. Mais il me semble qu’ils ont tort.

Pourquoi le ratio or/argent a sombré
Le ratio or/argent s’est écroulé parce que l’or comme l’argent se sont démonétisés. L’argent plus encore que l’or. Les banques centrales ont encore un peu d’or dans leurs coffres, mais pas d’argent.

L’or trouve toujours un vaste débouché dans la joaillerie, mais les usages autres que monétaire de l’argent diminuent (photo argentique, argenterie).

Moralité : quand l’or monte, l’argent monte mais moins. Quand l’or baisse, l’argent baisse, mais plus.

L’argent : un marché de spéculateurs égarés ?
Pour beaucoup l’argent serait l’or du pauvre. Quand on ne peut pas acheter d’or, on achète de l’argent. Cet argument est difficilement défendable : l’or d’investissement se fractionne au gramme.

J’avance une autre explication. Les spéculateurs sont le plus souvent américains. Ils ont en mémoire l’interdiction de 1933 promulguée par l’administration Roosevelt faite aux citoyens américains de détenir de l’or. Que restait-il dans ces conditions à qui ne voulait pas de monnaie papier ? L’argent. Jusqu’en 1975, année à laquelle fut levée cette interdiction ; notre fameux ratio valait alors 39 et n’a depuis cessé de sombrer.

Pour nous, comme pour les Anciens : un seul étalon dans la crise, l’or.

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