La Chronique Agora

Un ressentiment extrême

Si vous voulez une bonne raison pour laquelle les Etats-Unis sont dans le pétrin — et si vous pensez que c’est à cause de la qualité de leur système éducatif — alors vous feriez mieux de lire "Une vision contrarienne : épargnez moins et assurez-vous une retraite confortable", dans le New York Times.

L’article commence ainsi : "un petit groupe d’économistes provenant d’universités, d’instituts de recherches et du gouvernement expriment clairement le blasphème selon lequel de nombreux Américains pourraient épargner moins que ne leur recommande l’industrie des services financiers — et dépenser plus — alors qu’ils sont jeunes. Le taux d’épargne négatif, disent-ils, est largement déformé".

Avant de péter les plombs devant le complet ridicule de tout ceci, j’ai décidé de continuer ma lecture, de manière à ce qu’on ne m’accuse pas de "jugement hâtif". C’est alors que j’ai vu : "selon eux, l’industrie financière, avec ses calculateurs en ligne ostensiblement objectifs, surestime la quantité d’argent nécessaire à la retraite d’une personne".

Pour donner à tout ça une ultime touche de surréalisme, l’article continue en disant : "une étude réalisée en octobre dernier par un autre groupe d’économistes — dont deux travaillent pour la Réserve fédérale — révèle que 88% des retraités âgés de 51 et plus avaient des fonds suffisants". Hahahaha ! Non, vraiment, c’est trop ! On parle de 60 000 $ ou moins ! On peut prendre sa retraite et vivre durant trente ans environ avec 60 000 $ ? Hahahaha ! Et la Réserve fédérale approuve ? Hahaha ! Arrêtez !

Ils ignorent mes rires, font entendre des lazzis assez insultants, et continuent en toute insouciance en disant : "en fait, certains affirment que les sociétés financières ont tout intérêt à persuader les gens d’épargner bien plus qu’ils n’auront besoin, parce que les sociétés en question gagnent des commissions sur la gestion de cet argent". Hahaha ! Evidemment, espèce de crétin ! C’est vrai ! C’est toujours vrai !

C’est ainsi que les couvreurs pensent que vous avez besoin d’un nouveau toit, que les peintres en bâtiment pensent que vous devez repeindre votre maison, tout comme les décorateurs pensent que votre salon a besoin d’un nouveau "look", et tout comme le coiffeur de votre femme pense que vous devez payer un "régime oriental rajeunissant" très cher, comportant des huiles rares, des émollients et des essences parfumées, pour que la chevelure de mon épouse soit belle et brillante. Sans doute pour que je sois… je ne sais pas… plus heureux lorsqu’elle me donne un coup de poing dans l’estomac si elle a de beaux cheveux, ou quelque chose de ce genre. Eh bien, on verra !

Mais tout est une escroquerie, en fin de compte, d’une manière ou d’une autre. Ou, comme je l’ai entendu dire, "90% de tout est nul".

Bien entendu, l’article continue en disant : "les découvertes de ces économistes sont accueillies comme on accueille généralement la plupart des remises en question de principes orthodoxes : avec un silence glacial ou un extrême ressentiment". L’article cite ensuite Christopher Jones, responsable des investissements chez Financial Engines, qui déclare : "je me considère comme étant profondément sceptique".

Si vous faites partie de ceux qui aiment diviser les gens en groupe, mettez-moi dans le groupe de ceux qui font preuve d’un "extrême ressentiment" devant une telle idiotie, puisque cela pourrait être la sottise la plus absurde qu’on ait jamais vue sortir d’une université américaine ou de la Réserve fédérale. Et je peux le prouver en notant simplement qu’il n’y a pas un seul exemple, dans toute l’histoire, où "les gens" avaient épargné assez d’argent pour vivre une retraite confortable, surtout lors d’une période inflationniste, doublement lorsque l’inflation est causée par une devise fiduciaire, triplement lorsque les banques fonctionnent sans aucune exigence de réserve (ce qui leur donne la possibilité de multiplier à l’infini le niveau des dépôts) et quadruplement lorsque tout cela est financé par un grand gouvernement étouffant qui emploie désormais directement un travailleur sur sept dans le pays, et représente le seul moyen de subsistance d’un tiers du pays ! Pas une seule fois ! Jamais ! Même de loin ! Jamais !

Et non seulement "les gens" n’avaient pas épargné assez d’argent pour prendre leur retraite, mais ils ont quasiment toujours terminé leur vie dans la pauvreté la plus criante, alors qu’une inflation persistante détruisait cruellement le pouvoir d’achat du peu d’argent qu’ils avaient accumulé.

Aujourd’hui, je suis censé croire que, sans aucune raison particulière, l’inflation va soudain prendre fin ? Hahaha ! Et les "cagnottes" des retraités américains vont, pour la première fois de l’histoire, garder leur pouvoir d’achat contre une hausse garantie de l’inflation, qui durera dès la première seconde de la retraite en question, pendant les quelques décennies que durera encore cette folie monétaire ? Hahahaha ! Arrêtez ! J’ai mal au ventre à force de rire ! Hahahaha !

Enfin, aujourd’hui, nous sommes au bout du plus grand boom de l’histoire américaine, financé par l’explosion la plus grande et la plus irresponsable d’argent et de crédit, durant depuis des décennies entières, bâti sur des milliers de milliards de dollars, alors que les revenus financiers grimpaient de plus en plus, et s’accumulaient comme jamais auparavant dans les poches des sous-traitants gouvernementaux et des propriétaires de valeurs financières.

Et cependant, les retraités ont de plus en plus de mal à joindre les deux bouts, et ont besoin de plus en plus d’avantages sociaux — toujours avec l’idée de voir le gouvernement compenser l’érosion persistante causée par l’inflation des prix !

Et cependant, alors que je me frotte les yeux avec incrédulité en entendant de telles sottises, des gens ostensiblement diplômés, ostensiblement sains d’esprit, déclarent à présent qu’il est possible pour la plupart des gens de prendre une retraite confortable ? C’est trop trop bizarre !

Donc oui — pour l’amour de Dieu, oui ! — mettez-moi dans le groupe de gens qui ressentent "un extrême ressentiment" devant ces grosses têtes d’universitaires et ces études tout aussi ridicules de la Fed. Et tant qu’on y est, mettez-moi aussi dans le sous-groupe enregistrant une mesure "extrême, très extrême, extrême maximum", après la ligne rouge, dans le Ressentiment-o-Mètre — du genre : "tous aux bon sang d’abris ! Ca va sauter !"

Mais pas besoin de stupide Ressentiment-o-Mètre pour savoir que c’est une Vérité Mogambo Eternelle (VME) : personne ne pourra jamais épargner assez d’argent lorsqu’une banque centrale peut créer un excès de crédit, créant ainsi de la dette, créant ainsi un excès de liquidités, créant ainsi de l’inflation monétaire, créant ainsi de l’inflation des prix — parce que c’est inévitable. Les banques centrales le feront (une petite pause, pour l’effet dramatique) toujours.

Et en plus (maintenant que je suis bien échauffé), je vous dirai que c’est un Sacré Fait Mogambo (SFM) : si vous voulez avoir un mois de revenu pour votre retraite, alors vous devez épargner au moins l’équivalent de 100% de tout ce que vous dépensez en un mois actuellement — et vous devez le faire tous les jours de votre vie. En bref, vous devez épargner tout ce que vous gagnez, et vivre de rien.

En termes liés aux voitures et à la nourriture, vous devez investir un sandwich maintenant pour avoir un sandwich durant votre retraite, et vous devez investir dans une voiture maintenant pour avoir une voiture durant votre retraite.

Et il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir, net d’inflation — cette dernière étant encore aggravée par les impôts élevés et le laminage constant des actifs par l’industrie des services financiers à grands coups de frais, de commissions et de coûts.

Et ce ne sont pas les mathématiques, la théorie ou ma Grosse Voix de Stentor Mogambo (GVSM) qui font de cela une réalité ; c’est un triste fait de l’histoire — et il suffit de prendre deux secondes pour faire quelques calculs afin de vous en rendre compte par vous-même.

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