** Les effets contraires des actions de Paulson — dont nous parlions mercredi dernier — n’ennuient pas seulement votre chroniqueur californien. D’une, renflouer des dirigeants incompétents permet à ces dirigeants incompétents de continuer à se comporter de manière tout à fait incompétente. De deux, donner des centaines de milliards de dollars à des entreprises qui périclitent, et qui sont maintenant au bord de la faillite, nourrit une illusion et des tromperies qui empêchent un processus de guérison qui mènerait à une remontée réelle de l’économie.
– Si vous donnez 10 milliards de dollars à n’importe quelle entreprise en faillite aux Etats-Unis, cette entreprise aura l’air en bonne santé pendant un temps. La vérité, c’est que la relance Paulson, et les initiatives conséquentes qui atteignent les multi-milliards de dollars, ont injecté des stimulants à court terme dans les entreprises ; un geste qui soigne les symptômes visibles, mais pas la grave maladie qui se développe en dessous.
– Il en résulte une véritable mascarade : des entreprises malades semblent être guéries. Elles peuvent prétendre être de nouveau sur pied, et les grandes huiles de ces entreprises peuvent prétendre n’avoir plus besoin de l’aide du gouvernement — et certainement pas de l’argent du TARP qui impose des limites aux rémunérations obscènes perçues par les dirigeants.
– Il se peut qu’en conséquence de ces mensonges, les investisseurs commencent à imaginer qu’ils voient réellement ce que les PDG des entreprises financières prétendent voir. Et en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, on a un rebond significatif des valeurs bancaires, entretenu uniquement par la tromperie, les plans de relance et l’espoir.
– Et n’oublions pas, chers investisseurs, que la relance d’AIG a peut-être contribué aux énormes bénéfices de Wall Street au cours du premier trimestre. Selon une théorie largement répandue, Paulson aurait renfloué AIG pour qu’AIG puisse renflouer Goldman Sachs et d’autres entreprises de Wall Street en faillite.
** Que ce soit de façon directe ou indirecte, intentionnelle ou non, le gouvernement fédéral a permis aux banques de Wall Street de faire des milliards de dollars de bénéfices au premier trimestre. Il est certain que le gouvernement fédéral va tenter de répéter l’opération au deuxième trimestre. Mais nous pensons que c’est fichu. Nous pensons que les bénéfices du premier trimestre étaient un coup d’une fois qui ne se répètera pas.
– Résultat, nous pensons que les revenus des entreprises financières vont se réduire à une trajectoire descendante pendant le reste de l’année, tout comme les tendances contraires du monde réel submergent les bénéfices subventionnés par le gouvernement.
– La vérité, c’est que la rentabilité bancaire ne se remet pas vraiment, et l’économie non plus. Et cela signifie que tous les rebonds des Bourses reposent sur un sol instable.
– Pourquoi ? Tout simplement parce que les fondamentaux restent mauvais. Aux Etats-Unis, les saisies sont devenues presque aussi nombreuses que les ventes de maisons. A moins que ces chiffres ne se mettent à diverger, plutôt qu’à converger, une remontée dans le secteur de la finance restera une supercherie, une remontée de l’économie demeurera un faux espoir et une remontée de la Bourse ne sera qu’une dangereuse illusion.
– Une dernière pensée : les Etats-Unis seraient-ils plus mal en point si Paulson avait simplement dit la vérité ?