La Chronique Agora

Un raisonnement par l'absurde

▪ Il fait très froid à Londres. "Il n’a jamais fait aussi froid depuis 25 ans", a déclaré un collègue.

Les gens sont emmitouflés dans leurs écharpes et leurs bonnets. Il y a des plaques de verglas sur le trottoir. On se croirait à Baltimore ou à New York.

Il fait en général plus doux à Londres. Il y neige à l’occasion… mais on constate rarement une vague de froid aussi sévère que celle qui règne en ce moment.

Enfin, nous prenons le monde tel que nous le trouvons. Et que trouvons-nous dans le monde financier ce matin ?

Ah…

▪ Le Premier ministre espagnol a donné un petit conseil aux spéculateurs. Ne vendez pas la dette espagnole à découvert, a-t-il dit.

Pour autant que nous en sachions, les autorités gouvernementales donnent des conseils d’investissements qui valent à peu près autant que ceux que vous donnerait quelqu’un d’autre. Mais ça ne signifie pas pour autant que Zapatero aura raison.

A l’heure où nous écrivons ces lignes, les investisseurs n’y prêtent guère attention. Ils semblent penser qu’ils peuvent trouver un meilleur endroit pour leur argent que les obligations espagnoles.

Mais comment se fait-il que le dirigeant élu d’un grand gouvernement européen fasse des commentaires financiers ? C’est notre travail. A la Chronique Agora, personne ne nous paie pour ça — mais nous le faisons quand même.

Il y a quelques nuits, nous avons rêvé… que nous avions été élu au Congrès US. C’était plutôt un cauchemar. Nous voulions demander un recomptage des voix. Nous sommes arrivé à Washington pour prendre notre poste, et ne pouvions comprendre comment fonctionnait la machine à voter. Les autres membres approuvaient des lois absurdes et coûteuses. Nous voulions voter "non", mais ne pouvions pas faire fonctionner la machine ! Nous n’avons jamais été très doué avec les gadgets, mais la situation était exaspérante. Heure après heure, ils proposaient et disposaient… tandis que nous ne pouvions rien y faire. Ils accumulaient des milliers de milliards de nouvelles obligations financières… plus de guerres… plus de subventions… Plus d’empêchage de tourner en rond. Plus d’améliorations au monde. Plus d’interventions.

Les Etats-Unis étaient déjà sur la paille. Mais ils continuaient à dépenser.

Attendez une minute, ce n’était pas un rêve. Ce n’était pas un cauchemar. C’était la vraie vie !

▪ La différence entre l’Europe et les Etats-Unis, c’est que les Européens ont commencé à faire fonctionner correctement leurs machines à voter. Aux dernières nouvelles, les Irlandais se sont engagés à réduire leurs dépenses gouvernementales de 20% supplémentaires. Les Grecs, les Espagnols et les Portugais prennent la même direction. Ils agissent comme des citoyens respectables. Pour convaincre les investisseurs qu’ils en auront pour leur argent, ils doivent réduire leurs dépenses.

Si les investisseurs perdent confiance, ces pays ne pourront pas emprunter d’argent à des taux bas.

Attendez… voyons un peu. Ils réduisent leurs dépenses pour emprunter de l’argent ?

Oui.

Et s’ils ne réduisent pas leurs dépenses, ils ne pourront pas emprunter à des taux décents, c’est bien ça ?

Et ensuite ? Ils devront réduire leurs dépenses plus encore.

Alors pourquoi ne pas simplement équilibrer leurs budgets maintenant, de manière à ce que les emprunts soient inutiles ?

Quoi, vous êtes fou, cher lecteur ? Equilibrer le budget ? Ne dépenser que ce qu’ils peuvent récolter en recettes fiscales ? Ne nous faites pas rire.

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