– La ruée des spéculateurs individuels, des hedge funds et autres dans le secteur agricole en si peu de temps est sans précédent. Une bonne partie de cette évolution résulte directement du boom de l’éthanol — et des prix record qu’il a contribué à générer pour le maïs.
– Assez ironiquement, les marchés des matières premières modernes doivent leur succès aux marchés céréaliers qui les ont lancés. Il y a quelques décennies seulement, on ne trouvait pas de futures sur l’énergie. En fait, les marchés céréaliers ont été les premiers à organiser des contrats à terme alors que bon nombre de places entraient en activité. A mesure que les marchés se développaient, les céréales ont pris une place plus discrète tandis que l’énergie et les titres financiers prenaient la tête.
– A présent, avec l’émergence du trading électronique et du boom de l’éthanol, les futures sur les céréales grimpent en flèche. La demande mondiale pour les soft commodities est si conséquente que ces marchés sont non seulement importants mais littéralement vitaux pour l’évaluation des cours.
– Les faits sont tout simple : la population mondiale se développe, et la demande exponentielle de pays comme la Chine et l’Inde met sous pression un système déjà incapable de répondre à la demande et atteint par des problèmes météorologiques dans le monde entier.
– La récolte de blé a été particulièrement endommagée cette année — sécheresses, inondations et même gelées ont fait des dégâts. Le blé a grimpé à 9 $ le boisseau, et 10 $ sont envisageable dans quelques mois. Pendant ce temps, le soja grimpe lui aussi en flèche tandis que la demande accumulée, en particulier de Chine, soutient le marché.
– Il est important de réaliser que non seulement nous avons une demande exponentielle de soja de la part d’une population mondiale en croissance, mais nous avons également une augmentation de la demande de fourrage — nécessaire pour nourrir une population croissante de bétail, laquelle répond à la demande accrue de viande de bœuf. Le soja est également victime/bénéficiaire du boom des biocarburants.
– Associez tous ces facteurs et ajoutez-y un peu de mauvais temps et de maladies — vous aurez là la recette d’une monde affamé… et de prix bien plus élevés.
– L’année a été incroyable pour les céréales, et bon nombre d’"experts" me disaient l’an dernier que j’étais fou d’acheter ces matières premières à des niveaux si élevés.
– Bien entendu, ils me disaient cela alors que le maïs était à 2,20 $ le boisseau et le blé à 5,50 $… Aujourd’hui, le maïs est solidement établi au-dessus des 3,50 $, tandis que le blé frôle les 9 $. Les mauvaises nouvelles ne cessent d’ailleurs d’affluer, pour le blé. Dernièrement, l’Australie a réduit ses prévisions de récoltes de 31% à cause de la sécheresse. Le blé grimpe à mesure que les importateurs se précipitent pour acheter tout ce qu’ils peuvent. Les réserves mondiales pourraient atteindre un plancher de 26 ans.
– Le soja a lui aussi dépassé toutes les attentes, la demande mondiale établissant un plancher solide pour les prix.
– Toutes les mauvaises nouvelles sont-elles déjà prises en compte dans les cours, et avons-nous vu le sommet, pour les céréales ? Pas vraiment. Le plus gros désastre reste peut-être encore à venir.
** Selon mes sources dans des fermes du Minnesota et de l’Iowa, les maladies pourraient s’installer — faisant courir de graves dangers au blé, au soja et au maïs.
– Le maïs pourrait souffrir du long été, tandis que chaleur et sécheresse ont affecté les récoltes au Minnesota. Ces conditions climatiques favorisent le développement des maladies. Différentes régions annoncent déjà la présence d’infections, et la qualité du grain provenant des champs affectés sera certainement réduite.
– Pendant ce temps, les choses ne vont pas mieux pour le soja. Selon les nouvelles, une défoliation prématurée a récemment affecté les champs du Minnesota.
– Selon Agriculture Online, "même si de nombreux champs de soja ont commencé à mûrir et ont jauni d’un seul coup cette dernière semaine, il est évident, dans bon nombre de régions, que ce jaunissement, accompagné de la mort des plants, s’est accéléré bien au-delà de l’ordinaire".
– Bien sûr, les prix du soja et des céréales sont déjà très hauts — en fait, certains des prix que nous voyons pour les matières premières agricoles ces dernières années sont tout bonnement stupéfiants. Il est important de reconnaître, cependant, que la demande a elle aussi été étonnante. Elle a toutes les chances de dépasser l’offre, surtout pour le blé et le soja. Même si nous voyons des cours record, ils pourraient grimper plus encore à mesure que l’hiver approche. Il semblerait donc prudent de consacrer une partie de votre portefeuille au secteur agricole.
– De toute évidence, le marché haussier agricole est loin d’être terminé — mais cela ne signifie pas pour autant que nous ne verrons pas une volatilité extrême. Dans l’ensemble, cependant, il est clair que les commodities essentielles comme les céréales seront de plus en plus demandées — et de moins en moins disponibles à mesure que le temps passe.
– Telle est donc ma prédiction pour le marché des céréales : en hausse, mais volatil.