La Chronique Agora

Un jour à la rédaction

▪ Puisqu’il ne se passe pas grand’chose sur les marchés, cher lecteur… venez faire un petit tour dans nos bureaux !

L’ambiance y est calme et studieuse, en ce moment, éclairée par le soleil qui se reflète sur les murs de la cour intérieure. A l’heure du déjeuner, un silence paisible règne.

Dans la petite salle de réunion, Eric Lewin essaie de passer un appel sur son portable — en vain : le réseau est si mauvais, dans cette petite enclave, qu’il faut se tenir 10 cm à côté de la fenêtre de droite par jour de grand vent et lendemain de pleine lune pour espérer capter quoi que ce soit.

▪ Pendant que je vous écrivais ces quelques lignes, Nathalie Boneil nous a envoyé par e-mail un extrait passionnant de la dernière lettre de Jim Rickards, Intelligence Stratégique :

"Bon, si l’on recherche des opportunités d’investissement liées à la levée des sanctions, j’irais voir du côté de l’Europe", déclare Jim, "car le pays entretenant les relations les plus étroites avec l’Iran, c’est l’Allemagne. Je ne suis pas analyste en macro-économie mondiale. Je ne fais pas non plus dans la sélection d’actions, mais si vous voulez parier sur des actions liées à l’Iran, alors regardez du côté de Siemens, SAP, Volkswagen et Daimler".

"Ces sociétés allemandes sont celles qui profiteront le plus de la normalisation des relations commerciales avec l’Iran. Je suis sûr que des sociétés américaines prendront le prochain vol pour Téhéran une fois que les choses seront normalisées mais le moment n’est pas encore venu. Alors que pour les Allemands, c’est le moment. En fait, ils n’ont jamais quitté l’Iran. Ils ont juste respecté les sanctions car ils étaient obligés de le faire. Mais les grandes gagnantes vont être les sociétés comme Siemens, Volkswagen, Daimler, et d’autres grandes sociétés allemandes. Et vous savez également que je pense que l’euro a atteint une sorte de plancher".

"Or, encore une fois, lorsque l’on anticipe de grands changements, on a tendance à les surdimensionner. Et il est vrai que les marchés réagissent démesurément. Donc, l’euro a baissé de 1,40 $ à 1,06 ou 1,05 $ je crois, quelque part à ce plus bas. Donc, tout le monde s’exclame que l’euro et le dollar vont être à parité. L’euro a déjà été à 0,80 $. J’étais en Europe lorsqu’il était à 0,81 $ et j’ai adoré. Impossible de dépenser 100 $ pour un repas. Si vous aviez des dollars, en Europe, en 2000, lorsque l’euro était à 0,81 $, vous étiez un peu le roi du pétrole".

"Mais il semblerait que l’euro ait atteint son plancher : je ne dis pas qu’il ne va pas remonter à 1,20 $, mais ce n’est probablement pas de sitôt. L’euro ne va pas beaucoup remonter, mais il ne va pas beaucoup baisser non plus. Comme pour le pétrole, on dirait que le la parité eurodollar se situe dans une fourchette. On dirait qu’ils se sont relativement stabilisés à ces niveaux".

"Là encore, ne sous-estimez pas les rôles des banques centrales, de l’Arabie Saoudite et de l’OPEP car ils sont en coulisse et ils tirent vraiment toutes ces ficelles. Je ne dis pas non plus qu’ils contrôlent totalement les marchés. Je ne nie pas non plus les imprévus. Ils peuvent toujours surgir. Mais si vous pensez que l’euro a atteint un certain niveau, comme cela semble être le cas, et que vous pensez que les relations commerciales avec l’Iran vont se normaliser, suite à la levée des sanctions, comme cela semble être le cas, alors, vous pouvez regarder du côté des sociétés allemandes car vous disposez de deux facteurs gagnants : la solidité de l’euro et la croissance des exportations allemandes".

"Que pensez-vous de ce point de vue ?" demande Nathalie, en guise de conclusion à son message.

(Nathalie connaît les théories de Jim presque par coeur, en ce moment… vu qu’elle travaille d’arrache-pied au lancement de deux nouveaux services signés Jim Rickards. Restez bien à l’écoute, vous n’allez pas tarder à en entendre parler !)

▪ Les réponses à la question de Nathalie, en tout cas, ne se sont pas fait attendre. Le temps de voir passer ma collègue Laurence, proposant à la ronde ses légendaires cookies au chocolat, et Simone Wapler avait répondu :

"Oui dans le fond. Pour les boîtes cependant je ne miserais pas sur Siemens ou Daimler ; SAP et Volkswagen, oui, plutôt".

▪ Cécile Chevré, de La Quotidienne de la Croissance, a aussi son mot à dire — et une opinion moins affirmative que Simone :

"Sans vouloir être trop négative, après avoir un peu creusé sur cette histoire Iran et pétrole, les investissements étrangers en Iran ne sont pas hyper simples. Administration très lourde, ultra-corrompue, systèmes de financement extrêmement complexes et dissuasifs pour les étrangers".

"En outre, la levée des sanctions est encore hyper hypothétique. Même si les sanctions autour du pétrole sont levées (le sénat US est contre), vont demeurer toutes les sanctions prises depuis 1979"…

▪ Enfin, Philippe Béchade a rajouté sa pierre à l’édifice :

"J’abonde dans le sens de Cécile", dit-il, "et ne perd pas de vue que les sanctions seront levées lorsque les multinationales US se seront assurées de s’être taillé la part du lion, ne laissant que les miettes aux partenaires occidentaux".

"Des ‘partenaires’ que la justice américaine rackette à loisir comme on l’a vu avec la BNP coupable — comme la plupart des banques américaines — d’avoir donné accès aux transactions en dollars à… l’Iran (alors sous embargo)".

Et vous, qu’en pensez-vous ? Seriez-vous prêt à investir en Allemagne pour profiter de la situation du pétrole ?

▪ En parlant d’opinions de lecteurs, J.H. nous a fait part de son point de vue sur l’article de Chris Mayer relatant son séjour au Japon. J.H. parle en connaissance de cause, puisqu’il vit dans l’Empire du Soleil levant, de même que son fils.

Voici son avis "sur le terrain" concernant le refroidissement déflationniste nippon et ses conséquences potentielles :

"Tout ce que vous racontez à propos de Tokyo est rigoureusement exact. Maintenant, sur le plan économique, il n’y a pas de souci à se faire quant à la santé du Japon, le deuxième pays le plus innovant du monde mais rapporté au nombre d’habitants certainement le premier et de loin devant les Etats-Unis, la dette japonaise va s’évanouir d’elle-même puisqu’elle est détenue par les fonds de pension gigantesques tant privés que publics et les titres de dette ne sont virtuellement pas cessibles en raison des droits de succession exorbitants (plus de 90%). Le beau-père de mon fils, retraité de Sumitomo haut niveau pourrait vendre des titres de dette (qui lui permettent en grande partie d’avoir une retraite) pour s’acheter une nouvelle voiture. Par civisme il ne le fait pas et il sait que tous les titres dont il est porteur seront rendus à l’Etat sous forme de taxes sur les successions. Ma belle-fille sait très bien qu’il faut qu’elle se débrouille avec son mari pour éventuellement acheter une plus grande maison. Pas question d’attendre l’aide ou l’héritage de papa ! C’est une autre forme d’économie inexistante naturellement en France".

Naturellement… pour l’instant. Peut-être que l’avenir de nos caisses de retraite se chargera de nous apprendre la même leçon qu’au Japon…

▪ Sur ce, cher lecteur, permettez-moi de m’éclipser — une réunion m’attend dans quelques minutes, et avant ça, je dois déménager mon caisson de tiroirs. Marc, responsable informatique et gardien vigilant du bon fonctionnement des bureaux, m’informe qu’un électricien va passer et que "l’accès aux prises doit être libre"… ce qui est loin d’être le cas dans le capharnaüm de livres, de classeurs et de câbles qui encombre les abords de mon bureau.

J’espère en tout cas que vous aurez apprécié cette petite plongée dans la vie de la rédaction — et si vous avez d’autres avis sur l’Iran, l’Allemagne, le pétrole ou le Japon… n’hésitez pas à nous en faire part !

Ah, et un dernier message de la part de Claire Diaz, de Libre d’Agir : un petit sondage est en place sur leur site, libredagir.fr. Si vous pouviez prendre quelques minutes pour y répondre (il se trouve dans la colonne de droite sur la page d’accueil), ça leur serait d’une grande aide pour de futurs articles.

Merci d’avance… et bonne fin de week-end !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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