La Chronique Agora

Objectif Lune pour le bitcoin ?

le bitcoin décolle pour la Lune

Le bitcoin est une monnaie bien adaptée à l’environnement actuel où les entreprises maquillent leurs comptes et les gouvernements les statistiques économiques.

Le bitcoin a franchi un nouveau cap.

Lundi 27 novembre 2017, la première cryptomonnaie du monde a battu un nouveau record en atteignant 9 680 $.

En début d’année, il ne se négociait qu’à 997 $.

« Je n’arrive pas à croire ce qui s’est passé », m’a dit un ami.

« J’ai acheté 1 000 $ de bitcoins en 2012. Il s’échangeait aux environs de 8 $, à l’époque. Ensuite, l’une des grandes plateformes d’échange, Mt. Gox, s’est fait pirater et près de 500 M$ de bitcoins ont été volés. Je me suis sorti de là.

« Si j’avais conservé ma mise, elle vaudrait plus d’1,2 M$, aujourd’hui ».

Les génies des marchés haussiers

Des histoires de ce genre, on en entend sans arrêt désormais. Ce sont des histoires de marché haussier. Le héros regrette d’avoir vendu trop tôt.

Plus tard, les histoires de marché baissier arrivent, lorsque l’on regrette d’avoir vendu trop tard.

Savourons les histoires de marché haussier, en ce moment… tant qu’on le peut.

Dans ces histoires, traditionnellement, il y a un héros… et un méchant. Le héros a acheté du bitcoin lorsque tout le monde lui disait de le faire. A présent, on le considère comme un génie. Même son beau-père lui demande son avis sur tout, de la politique aux recettes de cocktails.

La semaine dernière, les génies se sont multipliés…

D’après ce que nous pouvons dire, le bitcoin est parti pour la Lune. Ou l’enfer.

En état d’apesanteur… sans friction… pourquoi pas ?

S’il a atteint les 9 000 $… pourquoi pas les 90 000 $… voire les 900 000 $ ?

Le bitcoin est un « investissement » parfait, à l’ère de l’argent falsifié. Plus léger que l’air. Pas vraiment ici, ni vraiment là. Ni animal, ni végétal, ni minéral.

Immatériel. Invraisemblable. Impondérable. Et non mesurable. Rien ne peut le retenir.

Des bénéfices falsifiés

Presque tous les actifs sont surévalués ou frauduleux : habituellement les deux. Il fallait bien que quelque chose s’envole vers le sommet de ce tas gonflé à l’hélium. Pourquoi pas le bitcoin ?

Les actions ont été propulsées vers des sommets par l’argent falsifié des banques centrales.

Les dirigeants des entreprises se sont servis des taux d’intérêt ultra-bas de la Fed et ont fait semblant d’être des investisseurs : ils ont racheté et annulé les actions des sociétés qu’ils dirigent pour doper le bénéfice par action.

C’est incroyable, mais depuis 2009, le principal acheteur net sur le marché actions américain, n’est autre que ces sociétés elles-mêmes !

Les résultats ont été faussés, également, grâce à des rajustements non conformes aux GAAP (principes comptables généralement reconnus ou generally accepted accounting principles), pour donner l’impression que les sociétés étaient plus rentables qu’elles ne l’étaient vraiment.

Au troisième trimestre, cette année, un nouveau record a peut-être été battu. Sur les 30 sociétés de l’indice Dow Jones, 14 ont déclaré des bénéfices « réajustés », au lieu d’utiliser ces bons vieux « principes comptables généralement reconnus ».

Et ces 14 sociétés ont déclaré un revenu réajusté supérieur de 26% à ce qu’auraient révélé des chiffres conformes aux GAAP.

L’une de ces sociétés se distingue particulièrement : le laboratoire pharmaceutique Merck. Il a transformé une perte de 2 cents par action en profit de 1,11 $.

Comment a-t-il fait ?

Nous ne le savons pas vraiment, mais le tour de passe-passe habituel consiste à faire passer certains frais en « dépenses ponctuelles susceptibles de donner aux investisseurs une image erronée des bénéfices normaux et habituels de la société ».

Cela fait l’affaire sur un exercice. Ensuite, pour l’exercice suivant, vous dénichez d’autres erreurs en jurant que cela ne se reproduira plus.

Des tours de passe-passe comptables transforment des pertes en bénéfices

Dans les entreprises plus modestes, notamment du secteur des technologies, la pratique est encore plus extrême.

Twitter, par exemple, affichait une perte de 21 M$ en milieu de troisième trimestre. Mais en opérant des tours de passe-passe dans les livres de compte, il a pu transformer cela en bénéfices « non conformes aux GAAP » de 78 M$.

Le bitcoin est parfait pour ce type de marché. Il n’a pas besoin de tromper les investisseurs à propos de ses bénéfices. Il n’en a pas.

Bien entendu, les statistiques et systèmes d’évaluation que nous utilisons pour suivre l’économie ont également été falsifiés.

L’Etat fédéral américain affirme que le pays est en situation de plein emploi… alors que le nombre d’hommes en âge de travailler se retrouvant sans emploi est plus élevé que jamais auparavant : tous ceux qui vont faire leurs courses le savent parfaitement.

Cela ne nous arrive pas souvent, de faire les courses. Mais l’autre jour, nous avons acheté une grenade. Elle coûtait 2,50 $. La dame à la caisse a été horrifiée. « Vous la voulez quand même ? », a-t-elle demandé.

Le PIB « réel » (corrigé de l’inflation) augmente encore légèrement, mais seulement si vous le corrigez avec le taux d’inflation bidon. Si vous appliquiez un chiffre plus réaliste, il indiquerait que l’économie américaine est en récession depuis ces 10 dernières années.

En attendant, dans le monde entier, les gouvernements s’endettent toujours plus en partant du postulat bidon qu’ils rembourseront.

Le bitcoin n’a pas de problème de dette non plus. Et il n’a pas non plus les caractéristiques bidon d’autres investissements. Il est 100% véritable… ou du moins 100% non falsifié.

Il n’a pas de dirigeants apathiques à sa tête, susceptibles de gâcher les activités de l’entreprise… pas de frais de matériel susceptibles d’étouffer ses marges… pas de salaires à renégocier… pas de bonus à verser… rien de tout ce qui siphonne les profits.

Et il n’est pas obligé de mentir. La vérité est bien assez étrange.

Une nouvelle « cryptomonnaie » a été nommée UET. Son créateur a présenté les arguments d’investissement ainsi : « vous allez donner votre argent à une personne prise au hasard sur internet ».

UET signifie Useless Ethereum Token : cela fait référence à la valeur de la deuxième principale cryptomonnaie, Ethereum. Son logo représente une personne qui vous fait un doigt d’honneur.

Il n’en demeure pas moins qu’elle se négocie… pour pratiquement rien.

Ici, à La Chronique, nous nous montrons sceptiques à l’égard du bitcoin… mais prêt à être impressionné.
[NDLR : le phénomène cryptomonnaies est risqué mais cela ne doit pas vous dissuader d’investir. Notre spécialiste vous explique comment engranger 300% de gains grâce aux cryptomonnnaies… sans en acheter une seule. Tout est ici !]

Nos fils pensent que c’est du sérieux : le dernier cri, dans les cercles financiers. Ils ont investi de l’argent familial dans les cryptomonnaies en juin dernier. En moins de cinq mois, nous avons gagné plus de 200%.

Rien de tel que la réussite pour interrompre le processus d’apprentissage. Vous ne vous posez pas de questions lorsque les cours grimpent.

Nous ne pouvons nous empêcher de nous interroger. Peut-être bien que Satoshi Nakamoto, le mystérieux créateur du Bitcoin, était un génie. Mais il est peu probable qu’il y en ait beaucoup d’autres.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile