La Chronique Agora

Grosse fatigue… mais pas chez tout le monde !

▪ Avalanche de réactions à la rédaction suite à ma chronique de samedi dernier… Merci pour toutes vos réponses (et messages d’encouragement — ça va mieux de mon côté, mais oui !) ; en voici une petite sélection, représentative de l’ensemble.

J’ai noté que vous étiez nombreux à être inquiets au sujet de ce qui nous attend — comme M.R., par exemple : "je pense pour ma part que nous sommes dans un monde manipulé par des groupes privés (traité transatlantique) et des Etats incompétents (dettes). J’ai peur que tout cela finisse dans la violence (guerre, révolution) ou même que cela finisse pacifiquement (explosion de l’euro, dévaluation, pénurie et chaos social temporaire)".

"[… J’essaie de me préparer", continue M.R. — avec des mesures vraiment exhaustives : "je reste en France car mes enfants y sont et je les ai en garde partagée une semaine sur deux. Pour la version pacifique : […] un peu d’or, un je vote protestataire même si aucun parti ne semble pouvoir mener la France vers une rupture constructive".

"Pour la violence : des jerricans d’essence à la cave pour fuir à la campagne, inscription dans un club de tir, reprise du sport, sac d’évacuation (couchage, abri, hydratation…) Pour la finance : des biens tangibles […]. L’inflation m’arrangerait bien, mais Dieu seul sait si et quand elle viendra".

Sur cette dernière phrase, il suffit de lire les dernières notes de Bill pour se rendre compte que l’inflation devrait venir… mais les autorités ne l’entendent pas de cette oreille — et semblent prêtes à sortir lapins, billets verts et crédit de leur chapeau jusqu’à la rupture complète du système.

▪ Concernant la rupture du système, nombre de nos lecteurs semblent accepter, voire souhaiter, une sortie de l’euro — G.D.F, par exemple, se demande "en quoi l’euro serait totalement irréversible ; je crois qu’il faut réellement étudier une sortie de l’euro préparée et concertée (le choc de dévaluation, fuite de capitaux, etc. serait dur au début mais on pourrait
s’en remettre — et surtout notre commerce extérieur serait boosté — plus vite qu’une crise à la japonaise de 20-25 ans de déflation, non ?).

C’est à voir… Personnellement, je pense qu’un retour au franc serait une erreur douloureuse — mais l’euro, il est vrai, est un concept entièrement artificiel. Comme nous le disons souvent, l’Histoire a démontré à maintes reprises que toute monnaie fiduciaire qui ne s’appuie pas sur des actifs solides est condamnée à disparaître…

M.A., en tout cas, complète ce point de vue avec une nuance importante :
"L’Europe […] existera toujours car c’est une entité géographique même si certains voudraient réécrire la géographie en y [ajoutant] la Turquie et les Balkans etc. […] L’Union européenne par contre est à mon sens une entité pseudo-politique bâtie sur des rêves. Les politiques des années 50 avec Jean Monnet étaient partis de la CECA pour reconstruire après la Deuxième guerre mondiale. Mais je crains que très vite la politique ne soit devenue la motivation d’egos en soif de pouvoir utilisant divers partis qui à telle et telle époque ‘montaient’."

"Pour revenir à l’UE. Sa construction de base a très vite été viciée et déviée lorsque la croissance a été stoppée par les crises pétrolières de 1973 et 79. Nous avions une sorte de projet de redressement dans la politique de Raymond Barre, mais peut-être qu’il aurait fallu dépasser le cadre du septennat de l’époque et ajouter une donnée sociale plus forte afin d’éviter de susciter le ‘changement’ que 1981 nous a apporté. Je ne juge rien, j’observe".

"La suite, nous la connaissons ; l’opportunisme a grandi et s’est développé allant jusqu’à ‘gonfler’ l’UE vers la Grèce etc. Mais rien n’a été fait en UE vers une union réellement politique, économique, industrielle, sociale, etc. Au contraire chacun y est allé de son ‘indépendance’… démagogie électoraliste oblige. En 1989 l’acte unique a tenté de resserrer ces écarts, puis plus tard la Constitution de l’UE rejetée par des peuples dont la sagesse a vu, là, la mise à l’écart. Alors on l’a faite passer en force, cette mise à l’écart des peuples. L’UE ne ressemblait plus à son destin initial mais à une sorte d’amibe avalant les peuples et leur autonomie (je ne dis pas indépendance car un peuple sera toujours indépendant même aliéné par des politiques)".

"L’euro, lui pouvait jouer le rôle régulateur de cette UE en mal d’union… [Mais] il a été confisqué par le mondialisme financier qui s’est craquelé dès 2007et la crise des subprime… Alors oui, l’UE et l’Europe actuelle ne survivront pas, pas plus que l’euro qui sera emporté dans la tempête ; à moins que les fissures monétaires mondiales en avalant l’euro ne viennent à bout de notre UE".

"Mais la fin de l’UE et de l’euro ne signifient pas le retour à la myriade de petits Etats indépendants et autarciques. Au contraire nous pressentons une renaissance du libre échange dont nous parlait Adam Smith et qui a été déguisé en mondialisme, ainsi que du monétarisme cher à Milton Friedman qui nous décrivait la ‘destruction créatrice’, et qui a été détourné aux manipulations monétaires du genre QE, etc. Nous ne reviendrons pas à ces formules mais nous repartirons sur des bases plus fiables"…

"Nous sommes dans une transition face à un monde fondé sur des pouvoir égocentriques au détriment des peuples qui réagissent et se réveillent", termine M.A. "Une chose est certaine, vivre au détriment des Etats et de ceux qui peuvent payer, sera de plus en plus difficile sans ‘mettre la main à la pâte’. N’est-ce pas mieux ? Je ne serai jamais un optimiste béat mais j’essaye d’être réaliste. Ne sombrez pas non plus dans la ‘déprime’."

▪ De l’autre côté de la gamme, quelques lecteurs sont aussi optimistes qu’A.V. la semaine dernière — comme P.L., par exemple : "merci d’avoir évoqué A.V qui a bien raison", dit-il.

"Beaucoup d’étrangers s’installent en France (derniers en date les cuisiniers). Scolariser ses enfants, se soigner, se nourrir, se cultiver, profiter de la diversité de nos paysages, créer son entreprise, être libre de ses choix, mode de vie et OPINIONS… la France sait faire. L’argent ne fait pas le bonheur, il y contribue".

Une dernière phrase qu’il est difficile de contredire !

▪ Je terminerai avec le point de vue de B.C., qui reprend notamment ma question finale :

"Alors qu’est-ce qu’on fait, demandez-vous : nouvelles technologies ou abri anti-atomique ? Vos analyses (et autres) m’ont fait comprendre qu’on allait vraiment vers une rupture fondamentale, vers une crise financière et monétaire majeure qui laissera 1929 comme une crisette, un épiphénomène rigolo".

"La vision de l’état de la planète, de sa biodiversité, de son réchauffement climatique et ses corollaires, tempêtes, inondations, hausses des océans, désertification galopante, destruction des sols agricoles, manque d’eau etc. etc. me dit que les survivants de la crise financière vont avoir du travail".

"La marchandisation de notre société occidentale, le pistage de notre vie électronique, la diminution rapide des libertés individuelles, l’omnipotence donnée volontairement par les états aux sociétés commerciales (par exemple dans le cadres d’accord EU-Etats-Unis qui sont censés amener des centaines de milliers d’emploi mais vont en détruire, ici et là-bas des millions) prépare à ceux qui survivront aux deux premières crises une vie pleine de challenge".

"Et quand enfin on descend au niveau de l’individu lui-même, quand on lit que 25% des Américains souffrent ou souffriront de maladies mentales, à voir les burn-out, à voir que la majorité des couples a explosé, quand on constate que les peuples mêmes inventent leur révolution française les uns après les autres et si enfin, après toutes ces menaces, ces perspectives on ne peut plus réelles, tangibles, indéniables on se permet de lancer un ‘si’, on se dit que ‘si’ un certain virus incontrôlable, inguérissable vient à fermer frontière après frontière, on se dit que les survivants aux premières crises pourraient se retrouver enfermés pour simplement survivre".

"Nouvelles technologies ? Oui si elles inventent des choses lumineuses, simples, économes et révolutionnaires dans le non gaspi des ressources naturelles. Non si elles dépendent de grosses structures, si elles sont artificielles, si elles ne tiennent que sur du marketing et du commercial".

"10 ans de subsistance en autarcie ? Non certainement si c’est pour s’enfermer dans sa propre mesquine individualité. Mais certainement oui, oui, oui, si c’est pour inventer des solutions collectives, et solidaires et pleines de créativité. Oui, oui, oui, si c’est pour apprendre à dépasser nos ego, nos conditionnements individuels et collectifs".

Vaste programme tout de même… et on peut se demander par quels chemins sans doute accidentés parvenir à cette société éclairée. A la Chronique Agora, nous nous efforçons en tout cas d’apporter notre (très) modeste pierre à l’édifice, jour après jour — restez à l’écoute !

▪ Avant de vous laisser profiter de la fin de votre week-end, je me permets quand même de vous signaler une nouvelle performance (encore une, eh oui !) engrangée par Mathieu Lebrun dans le cadre de son service Agora Trading. Grâce à l’option 100% CAC, ce sont pas moins de 148% que les lecteurs de Mathieu ont pu enregistrer cette semaine… Pour tous les détails sur ce service, continuez votre lecture — vous verrez que ce gain n’est ni un coup de chance… ni unique en son genre !

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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