La Chronique Agora

Rats et taxis

▪ "Heeeeeaaaaaa !"

"HiiiiiIIIIIIII !!"

Nous étions dans le métro parisien la semaine dernière… à minuit environ, à la station Ecole Militaire.

Soudain, nous avons entendu des cris. De filles. Des hurlements plus que des cris. Pas de détresse… mais pas de joie non plus.

La journée avait été longue et considérablement agitée. Les taxis étaient en grève. Ils tentent de protéger leur pré carré. Nous ne connaissons pas tous les détails, mais lorsque nous sommes arrivé Gare Montparnasse le matin, aucun taxi n’attendait. Dans les rues se trouvaient des groupes hommes armés de boîtes d’oeufs. Lorsqu’ils voyaient passer un véhicule Uber, ils le bombardaient d’oeufs — ou pire.

Un Uber — qui aurait transporté un couple américain avec un petit enfant — a été atteint par un caillou, son pare-brise éclaté. D’autres ont été malmenés par des chauffeurs de taxi en grève.

"Par là !" brailla l’un des groupes alors que nous quittions la gare.

Plusieurs hommes s’en détachèrent pour aller faire des misères ailleurs tandis que nous traînions nos bagages jusqu’au métro. Pendant ce temps, la foule s’était muée en manifestation, avec la bannière rouge de l’UGT et les chants familiers des manifestants parisiens. Ils remontèrent la rue vers la gare, 500 personnes environ accompagnées par quelques voitures de police.

Cela rappelle les années 60, quand les travailleurs avaient encore un pouvoir de négociation

"Il y a quelque chose d’incroyablement démodé là-dedans", nous a dit un voisin. "Cela rappelle les années 60, quand les travailleurs avaient encore un pouvoir de négociation. Aujourd’hui, ça nous rend juste nostalgique".

La grève — tout comme la dernière, qui s’est déroulée elle aussi alors que nous étions en France — a eu pour effet de saper encore plus la cause des chauffeurs de taxi. Nous avons pris un Uber pour nous rendre à l’aéroport.

▪ Est-il temps d’acheter la France ?
"La France est morte", a dit une jeune femme de notre connaissance. Nous avons tant entendu cette phrase que nous commençons à penser que ce ne peut pas être vrai. Il est peut-être temps d’acheter la France, plutôt que de la vendre. Peut-être que les gens commencent à abandonner le modèle économique des 30 dernières années.

Il suffit de regarder la couverture d’un magazine populaire en kiosque. Apparemment au désespoir, les rédacteurs demandaient en substance : "et si on donnait une chance à la libre entreprise ?"

En attendant, les jeunes ayant une éducation/de l’ambition quittent le pays. Par sa population, Londres est la quatrième plus grande ville française au monde.

"C’est épouvantable", a ajouté une autre connaissance. "Je dois faire installer une nouvelle fosse septique. J’allais demander à un vieil ami de le faire. Mais évidemment, ils n’ont plus de fosse septique. Ils ont des ‘micro-stations de traitement des eaux’. Evidemment, elles ressemblent en tous points aux bons vieux systèmes de fosses septiques mais elles coûtent beaucoup plus cher, il faut des ingénieurs pour dessiner des plans et il faut les faire approuver, ce qui signifie que des inspecteurs doivent venir. Et on attend et on attend parce que, bien entendu, ils sont en vacances".

"On pourrait facilement le faire nous-mêmes, mais si un voisin curieux ou un inspecteur nous voit, sans toute la paperasserie, ce sera un désastre".

Nous lui avons donné un conseil : "faites-le pendant la nuit".

"En France, seule la moitié de la population travaille", a conclu notre ami. "L’autre moitié essaie de les en empêcher"

"En France, seule la moitié de la population travaille", a conclu notre ami. "L’autre moitié essaie de les en empêcher".

Avec tant de gens tentant d’essayer d’empêcher les choses de se produire, pas étonnant que de nombreuses tâches restent à faire. Le contrôle des rats en est une, apparemment. Dans le couloir du métro trottait un gros rat gris.

"C’est François Hollande !" cria l’une des filles. Tout le monde se mit à rire.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile