La Chronique Agora

Uber : faire de l’argent avec de l’argent ?

uber

Le fondateur d’Uber a « démissionné ». La créature, Uber, va échapper à son créateur, Travis Kalanick.

Uber a donné le mot « ubérisation », comme le réfrigérateur est devenu frigidaire du nom de son fabricant, ou comme une chaussure robuste est devenue un godillot, du nom du fournisseur de l’armée impériale.

Mais Uber est plus qu’une chaussure ou un réfrigérateur. C’est un « phénomène de société ».

Wikipedia sur ce sujet :

« L’ubérisation est un phénomène récent dans le domaine de l’économie consistant en l’utilisation de services permettant aux professionnels et aux clients de se mettre en contact direct, de manière quasi-instantanée, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies.

La mutualisation de la gestion administrative et des infrastructures lourdes permet notamment de réduire le coût de revient de ce type de service ainsi que les poids des formalités pour les usagers.

Les moyens technologiques permettant l' »uberisation » sont la généralisation du haut débit, de l’internet mobile, des smartphones et de la géolocalisation.

L’uberisation s’inscrit de manière plus large dans le cadre de l’économie collaborative. Ce concept s’oppose en fait à celui connu depuis des générations, et particulièrement depuis les Trente glorieuses, c’est-à-dire le monde fixe et réglementé du salariat.« 

Remarquez dans cette définition l’utilisation du mot « usagers » et non pas « clients ». Très souvent, un usager est un utilisateur qui n’a pas le choix… Les « usagers » des transports publics, par exemple.

Taxe foncière : trop d’erreurs !

Ne payez plus les yeux fermés – grâce à quelques techniques simples et légales, vérifiez votre feuille d’imposition… pour économiser des centaines d’euros année après année.

Tout est ici.

Uber est valorisée 70 Mds$ alors que l’entreprise n’est pas cotée. Uber est en perte. Ce que paient les clients ne suffit pas à payer l’infrastructure et la gestion administrative.

Mais les actionnaires d’Uber estiment qu’ils vont un jour gagner de l’argent. A l’été 2014, ils ont apportés 1,2 Md$ et l’entreprise était estimée entre 6 Mds$ et 17 Mds$. Nouvelle augmentation de capital 15 mois plus tard, pour lever 1 Md$. Cette fois, l’estimation de 70 Mds$ est donnée pour Uber qui perd de l’argent.

Sur quoi cette estimation se fonde-t-elle ? Essentiellement sur la croissance de l’activité, du chiffre d’affaires : Uber triple de taille chaque année.
[NDLR : Des plus-values colossales hors des marchés boursiers sont évidemment possibles. Mais il vaut mieux participer aux augmentations de capital d’entreprises qui ont des clients ET gagnent de l’argent. C’est exactement le type d’entreprises que nous cherchons à sélectionner pour vous. Découvrez ce nouveau service exclusif et son énorme potentiel ici.]

Ce qui me ramène au sujet du jour. Les actionnaires d’Uber gagnent peut-être de l’argent avec de l’argent… mais Uber n’en gagne pas et ils n’ont pas de dividendes !

Uber n’est pas, comme dirait Bill Bonner, un concept gagnant-gagnant. Gagner de l’argent avec de l’argent n’enrichit pas tous les protagonistes de l’échange.

Comment fait-on de l’argent avec de l’argent ?

Bill Gross, l’ancien gérant du plus gros fonds obligataire Pimco, est un personnage que j’admire. Il fait partie des rares gérants de fonds suffisamment honnêtes pour avoir démissionné, estimant que la politique monétaire des banques centrales ne lui permettait plus d’exercer correctement son métier – à savoir trouver du rendement et assurer un revenu aux futurs retraités et déjà retraités dont ils gérait l’argent.

Bill Gross a rejoint un petit fonds de gestion, Janus Capital. Sa dernière note mensuelle est magistrale. Si vous êtes à l’aise avec l’anglais, vous pouvez vous la procurer ici.

Cette note s’intitule « Comment faire de l’argent ».

C’est un document de trois pages seulement qui mérite d’être ruminé pour être digéré mais rassurez-vous, aucun jargon, tout est compréhensible.

Voici deux points clés :

« Les épargnants / investisseurs gagnent de l’argent avec leur argent (liquidités, espèces) tant que l’économie croît et que l’inflation reste à un niveau raisonnable. Il n’y a rien de nouveau dans cela mais cela aide à comprendre un point fondamental : en quoi l’économie d’aujourd’hui est-elle si différente de l’économie d’il y a quelques décennies et pourquoi il y a aujourd’hui des risques qui n’existaient pas auparavant ?

[…]

Les investisseurs ont découvert que faire de l’argent avec de l’argent est une affaire profitable et ils ont troqué le soutien des banques centrales contre la vieille religion de la croissance de la productivité comme étant l’assise de leur stratégie. L’économie financière a usurpée l’économie réelle.« 

En d’autres termes, les valorisations ont complètement décroché des bénéfices et de la croissance des bénéfices. Et des bénéfices sains et robustes se tirent des gains de productivité.

Les étiquettes de prix sur les marchés financiers sont fausses car elles ne pèsent plus les gains de productivité et les bénéfices. Uber ne vaut pas 70 Mds$ car Uber ne gagne pas d’argent. Uber grandit sans gagner d’argent. Uber est – pour l’instant – une créature de l’économie irréelle.

La croissance du crédit ou du capital non productif n’est pas la croissance de la richesse. Sinon, les chauffeurs d’Uber seraient riches et les clients d’Uber paieraient de quoi récompenser les actionnaires d’Uber en dividendes et non en plus-values virtuelles.

Recevez la Chronique Agora directement dans votre boîte mail

Quitter la version mobile