La Chronique Agora

U. (R. S.) S. A.

L’économie soviétique était en grande partie factice, presque entièrement contrôlée par le parti communiste. Les déficits publics soutenaient une armée hypertrophiée, puissante sur le papier mais incapable de gagner une guerre.

« Le meilleur gouvernement est une tyrannie bienveillante tempérée par un assassinat occasionnel. » – Voltaire.

Il y a les élites d’un côté, et « le peuple » de l’autre.

Oui, les riches sont différents. Mais ce n’est pas qu’une question d’argent ; ils ont aussi le pouvoir.

C’est comme s’ils vivaient dans « deux pays séparés », selon Stephen Moore.

Mais les élites vivent sur les deux côtes. Elles envoient leurs enfants dans de bonnes écoles et universités. Elles exercent les « métiers de la parole », c’est-à-dire qu’elles ne transpirent pas avec des marteaux, des perceuses, des fours, des machines ou des produits chimiques. Elles manient des idées, des informations et des feuilles de calcul, en tant qu’investisseurs, avocats, journalistes, professeurs et gestionnaires. Elles gagnent plus d’argent. Elles vivent dans des maisons plus grandes. Mais elles pèsent moins lourd, en moyenne, que les partisans du « Make America Great Again »… et elles ne seraient pas prises en flagrant délit de participation à un rassemblement de Trump.

Comme l’a dit un jour la mondaine J. Gordon Douglas, parmi l’élite, « on ne peut jamais être ni trop riche, ni trop mince ».

L’institut de sondage Rasmussen a pris leur température à la fin de l’année dernière et a publié les résultats en janvier. Il définit l’élite comme ayant au moins un diplôme de troisième cycle, après avoir été diplômé d’une université de l’Ivy League, un revenu supérieur à 150 000 dollars et vivant dans une « zone urbaine dense ». Cette définition est probablement plus proche de la « super-élite » que des 20% les plus riches… mais les autres peuvent y aspirer.

Qu’ont-ils découvert ? Stephen Moore résume :

« Près des trois quarts des élites interrogées estiment que leur situation financière est meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’était lorsque Joe Biden est entré à la Maison Blanche. Moins de 20% des Américains ordinaires pensent la même chose… Les élites sont trois fois plus susceptibles que l’ensemble des Américains de dire qu’il y a trop de liberté individuelle dans le pays. Il est étonnant de constater que près de la moitié des membres de l’élite et près de 6 sur 10 des membres de l’Ivy League affirment qu’il y a trop de liberté.

Un pourcentage étonnant de 72% des élites – dont 81% des élites diplômées des meilleures universités – est favorable à l’interdiction des voitures à essence. Une majorité d’élites interdirait également les cuisinières à gaz, les voyages aériens non essentiels, les véhicules utilitaires sport et la climatisation privée. 

La plupart des élites pensent que les syndicats d’enseignants et les administrateurs scolaires devraient contrôler le programme des écoles. La plupart des Américains pensent que ce sont les parents qui devraient prendre ces décisions. 

Oh, et environ trois quarts de ces élites culturelles sont des partisans de Biden. »

Moore commente :

« Les snobs font un pied de nez aux Américains de la classe ouvrière qui manquent de raffinement. Les élites se croient intellectuellement, culturellement et moralement supérieures à la classe ouvrière et à l’Amérique rurale… La criminalité, l’immigration clandestine, l’inflation, le fentanyl et les fermetures d’usines n’empêchent pas les élites de dormir, car dans leur cocon, elles ne sont pas confrontées à ces problèmes au quotidien, comme le sont tant d’Américains aujourd’hui. Peu d’Américains lambdas peinent à trouver le sommeil en raison du changement climatique ou des questions LGBTQ. »

Mais la situation ne se résume pas à un simple clivage politique. Il ne s’agit pas seulement d’opposer les républicains aux démocrates, ni d’opposer les bons aux méchants. Si vous votez pour Donald Trump, vous pouvez penser que vous mettrez fin au contrôle des élites.

Mais ce n’est pas ainsi que cela fonctionne. Si vous vous débarrassez d’un groupe, un autre prendra sa place. Comme les pauvres, les élites seront toujours parmi nous.

Les prochaines élections ne changeront pas grand-chose, quelle que soit leur issue, car les deux partis sont des imposteurs. Ils ne font que représenter différents aspects de l’élite américaine ; aucun ne représente « le peuple ». Tous deux ont été corrompus par le pouvoir et l’argent ; tous deux ont signé les clauses importantes de l’agenda de l’élite – plus de dépenses, plus de guerres et plus de dettes.

Les républicains et les démocrates ont été subornés… aucun n’ose s’opposer aux puissantes élites qui les soutiennent. C’est pourquoi les « plafonds » de la dette ne sont jamais respectés, les budgets ne sont jamais équilibrés et les troupes américaines sont toujours stationnées dans plus de 700 bases à l’étranger, des décennies après qu’elles ont cessé d’être nécessaires.

L’Amérique soviétique

L’historien Niall Ferguson compare la situation des Etats-Unis en 2024 à une « gouvernance soviétique tardive ». Il note qu’en 1990, les observateurs remarquaient une « perte de moralité effroyable et tragique » au sein de l’URSS. « L’apathie et l’hypocrisie, le cynisme, la servilité et la délation » étaient monnaie courante. Près de la moitié de la population pensait que leur société était faite « d’injustices ». Les dirigeants de l’URSS étaient de vieux briscards du parti – Brejnev, Kouznetsov, Andropov, Tchernenko – et ils étaient tout simplement inefficaces.

L’économie soviétique était en grande partie factice… et presque entièrement contrôlée directement ou indirectement par le parti communiste. Le gouvernement enregistrait des déficits chroniques et soutenait une armée pléthorique qui paraissait puissante sur le papier, mais qui ne pouvait pas gagner une guerre.

« Cela vous rappelle-t-il quelque chose ? » demande Ferguson :

« Les enquêtes Gallup les plus récentes sur l’opinion américaine révèlent une désillusion similaire. La part du public qui fait confiance à la Cour suprême, aux banques, aux écoles publiques, à la présidence, aux grandes entreprises technologiques et aux syndicats se situe entre 25 et 27%. Pour les journaux, le système de justice pénale, les informations télévisées, les grandes entreprises et le Congrès, elle est inférieure à 20%. Pour le Congrès, elle est de 8%. La confiance moyenne dans les principales institutions représente environ la moitié de ce qu’elle était en 1979. »

Il y a longtemps que nous avons renoncé à résoudre les problèmes de la nation. Aujourd’hui, nous essayons simplement de les anticiper.

Ce n’est pas la faute des démocrates. Ni celle des républicains. Tous deux sont les instruments d’élites dégénérées qui risquent d’entraîner le pays toujours plus loin dans l’endettement, l’inflation… et la guerre.

Attendez-vous à une longue période de chaos financier, politique et social. Et gare à la guillotine !

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