** La semaine dernière, un événement d’une importance planétaire a eu lieu. Tous les journaux en ont parlé ; la tension était palpable.
Faillite de Lehman Brothers ? Effondrement d’AIG ? Crise du secteur bancaire ?
Vous n’y êtes pas, cher lecteur : je parle de la mise en marche du LHC, l’accélérateur de particules géant mis en place par le CERN à la frontière franco-suisse, et qui devrait nous permettre d’en savoir plus sur l’origine de l’univers, la physique nucléaires et pas mal d’autres petites choses assez intéressantes.
Mais qu’est-ce que la physique des particules vient faire dans une Chronique consacrée à la finance ? Eh bien… avant le début des opérations, certains scientifiques s’inquiétaient du fait la mise en marche du LHC pouvait provoquer l’apparition de minuscules trous noirs — et que ceux-ci pourraient tout à fait ne pas se dissiper comme l’affirmaient les responsables du CERN, mais bien s’agglutiner et provoquer rien moins que la fin du monde.
Le jour fatidique est passé… et le monde est toujours là (pour l’instant, en tout cas). Nous n’avons pas été transformés en anti-matière, ni absorbés par un trou noir géant qui serait en train d’engloutir peu à peu le reste de la galaxie.
Mais ce n’est pas le cas de la finance ; pour elle, l’expérience a mal tourné. Les minuscules trous noirs créés ces 10 dernières années en accordant des prêts douteux à des gens qui ne pouvaient pas les rembourser ne se sont pas dissipés, loin de là. Ils se sont agglutinés, se nourrissant d’eux-mêmes… tandis que les apprentis-sorciers de Wall Street essayaient de faire passer ces masses d’anti-matière létale pour des actifs sains.
Comme Frédéric Laurent l’expliquait aux lecteurs de Vos Finances – La Lettre du Patrimoine : "méfiez-vous des propos des banquiers qui se veulent rassurants. Systématiquement ils rejettent toute hypothèse qui pourrait faire découvrir les erreurs qu’ils ont accumulées".
"Rappelez-vous, il y a quelques semaines de cela, le président de Lehman déclarait que sa banque était en pleine santé et détenait suffisamment de liquidités pour faire face à la crise. Tous tiennent le même discours, du président de Bear Stearns à celui de Natixis ou de la Société Générale qui nous ferait prendre des vessies pour des lanternes. Juste une anecdote personnelle : lors de mon passage chez Merrill Lynch, le mot d’ordre était CYA ("cover your ass"). No comment".
A présent, les pseudo-scientifiques ne contrôlent plus le phénomène qu’ils ont créé ; il est désormais à ranger dans la catégorie des "trous noirs supermassifs". Il grandit, absorbant tout ce qui se trouve dans les environs : Fannie, Freddie, Lehman, AIG… Le trou noir menace d’absorber le monde tel que nous le connaissons.
Avec le LHC, les responsables du CERN n’étaient pas sûrs de ce qu’ils allaient trouver. Création d’un nouveau "Big Bang"… découverte de nouvelles formes de particules… vérification de la théorie des cordes… dimensions parallèles… de nombreuses théories ont été avancées, mais dans l’ensemble, la science est en train de faire un grand saut dans l’inconnu.
Il en va de même pour le secteur de la finance — et, n’ayons pas peur des mots, pour l’économie mondiale toute entière. Tout ce qui se produit actuellement est entièrement inédit ; la Fed multiplie les initiatives exceptionnelles, les autorités politiques et monétaires cherchent désespérément des issues, le capitalisme est en train de basculer dans la 13ème dimension. Philippe Béchade nous l’expliquait hier :
"Les semaines et les mois qui se profilent s’annoncent passionnants. Wall Street et les Etats-Unis viennent en effet d’amorcer un virage historique vers une perte de leadership économique et diplomatique. La Chine et la Russie piaffent d’impatience et veulent profiter d’une situation qui s’apparente, par de nombreux aspects, à une version capitaliste de la faillite du système collectiviste soviétique ou à celui hérité de Mao fin 1989".
"Nous serons peut-être tous les acteurs, à notre modeste niveau, d’une nouvelle histoire dont des pages totalement inédites vont s’écrire au jour le jour pour l’ensemble de la planète".
J’espère que vous aimez la science-fiction, cher lecteur…