▪ 107. 12. 220.
Nous n’aimons pas particulièrement les chiffres, à la Chronique Agora. On ne peut pas leur faire confiance.
Mais nous en suivons quand même quelques-uns.
Le premier chiffre ci-dessus concerne le Dow. Le deuxième, c’est pour l’or. Ils nous montrent ce qu’il s’est passé durant la seule séance de mercredi cette semaine. Le premier chiffre est négatif. Le deuxième, positif.
Non qu’il n’y ait pas beaucoup plus de chiffres intéressants et provocants en ce moment. Mais nous ne suivons que l’ensemble du tableau. Et ces deux chiffres nous disent la majeure partie de ce que nous devons savoir.
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A tout le moins, ils nous donnent un bon point de départ.
Le chiffre du Dow est en baisse parce que les investisseurs s’inquiètent. C’est pour ça aussi que le chiffre de l’or grimpe.
Et si les Révolutions Céréalières échappaient à tout contrôle ? Et si elles s’étendaient à l’Arabie Saoudite ? Et si le prix du pétrole continuait de grimper ?
Quel effet aurait une hausse du pétrole sur l’économie occidentale ? C’est une autre des pièces du puzzle que nous avons mentionné hier. Ben Bernanke, qui ferait probablement un très bon garçon d’ascenseur ou professeur de maths, ne sait rien de l’économie. Il pense qu’il lui suffit d’ajouter de l’argent, et le tableau de la "reprise" sera complet. Les investisseurs verront leurs actions grimper. Les employeurs embaucheront. Les consommateurs consommeront. Les boulangers feront plus de pain. Les cireurs de chaussures feront briller plus de cuir. Les rémouleurs… enfin, vous voyez l’idée.
Mais soudain, les pièces du puzzle changent de forme. Ben injecte de l’argent. Le prix du pétrole grimpe. Idem pour celui de la nourriture. Et les Arabes, qui sont très dépendants des importations de céréales, commencent à s’énerver. Suite à quoi le prix du pétrole grimpe encore. Les actions commencent à chuter. Les consommateurs occidentaux paient leur carburant plus cher…
… et tout à coup, le tableau ne ressemble plus du tout à ce qu’espérait le président de la Fed.
▪ Mais attendez : il y a pire. Regardez le troisième chiffre. 220. C’est le niveau que, selon la grande firme financière japonaise Nomura, le pétrole pourrait atteindre grâce aux Révolutions Céréalières.
Peut-être est-ce vrai. Kadhafi n’est pas Moubarak, disent les journaux. Quand il dit qu’il luttera… il pourrait être sincère.
D’autres aussi se préparent à lutter. L’Arabie Saoudite essaie d’éviter les problèmes. D’autres sources nous disent que la Chine s’inquiète et augmente ses mesures de sécurité.
Qu’en est-il de la France ? Ou des Etats-Unis ?
Votre correspondant a-t-il perdu l’esprit ? Pas tout à fait.
"Je vais vous faire une prédiction", nous a dit une Française lors d’un dîner hier soir. "Ce qui se passe en Afrique du Nord arrivera bientôt en France".
"Et si l’on observe la manière dont la richesse est distribuée aux Etats-Unis", a dit l’un de ses compagnons, "c’est vraiment stupéfiant. Environ 95% de la population vivent sous ce qu’on considérerait comme le seuil de pauvreté ici en Europe. Je ne sais pas comment ils font. Seuls les revenus extrêmement élevés des cinq autres pour-cents font ressortir une moyenne normale. Quasiment toute la nouvelle richesse créée ces 10 dernières années est allée à un minuscule pourcentage de la population".
"Vous et moi savons peut-être que Ben Bernanke et les politiques monétaires américaines sont en grande partie responsables du fait que la richesse a été concentrée entre les mains des riches. Mais l’homme de la rue n’en a pas la moindre idée. Il pense juste que c’est mal. Et injuste. Ce qui est vraiment étonnant, c’est qu’il n’a pas encore commencé une révolution"…