La Chronique Agora

Transitoire, l’inflation ?

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Ne vous inquiétez pas, affirment les autorités : l’inflation ne durera pas, ce n’est qu’une fonction de la reprise, tout va très bien, circulez, il n’y a rien à voir. A moins que…

« Transitoire » ou pas ?

Les économistes étudient les chiffres. L’inflation est-elle en train de chauffer… ou de refroidir ?

Devraient-ils observer l’indice des prix à la consommation (IPC) ? L’IPC-U (pour les consommateurs urbains) ? Avec ou sans l’alimentation et le carburant ? L’indice des prix des dépenses de consommation personnelle ? Le site ShadowStats ?

Ils vérifient le thermomètre et surveillent les cieux.

Nous pensons qu’ils perdent leur temps.

On peut constater que les choses se réchauffent en regardant les données. Vérifiez le thermomètre chaque jour, et vous commencerez peut-être à voir une tendance.

Si vous plantez une récolte ou planifiez des vacances, en revanche… il vaut mieux vérifier aussi le calendrier.

Oui, il y a des schémas plus larges… plus longs… plus durables… plus prévisibles. Les températures grimpent et baissent. On peut les voir baisser chaque jour pendant une semaine… mais une fois le mois de mai arrivé, les fleurs éclosent malgré tout.

Prévision ensoleillée…

Politico nous donne ses prévisions :

« Selon la sagesse conventionnelle bien enracinée qui règne dans le secteur financier, la récente flambée de l’inflation – qui vient d’atteindre son plus haut niveau en une décennie – sera entièrement transitoire. »

Janet, Joe et Jerome nous disent de ne pas nous enflammer au sujet des derniers chiffres de l’inflation. Rangez parapluies et imperméables, disent-ils. Du soleil nous attend.

Ils pensent qu’il y a trop de « surcapacité » dans l’économie. Il va falloir l’absorber, disent-ils, avant que les entreprises ou la main d’œuvre regagnent un véritable pricing power.

Et ces prix plus élevés que l’on constate un peu partout ? N’y faites pas attention, répètent-ils ; ils disparaîtront dès que les problèmes de la chaîne d’approvisionnement seront réglés.

Par ailleurs, affirment-ils aussi, les niveaux de prix étaient si bas, il y a un an – suite à la panique provoquée par le Covid-19 – que les dernières mesures de l’inflation sont bancales. Nous observons une aberration statistique, disent-ils, pas de la vraie inflation.

… Ou orage en vue ?

De l’autre côté de la barrière, les alarmistes de l’inflation pensent que l’argument de la « surcapacité » n’est qu’une sottise. Ils voient des nuages d’orage se former.

Cette inflation est « intentionnelle, délibérée et désastreuse », écrit notre collègue Simone Wapler. Elle est structurelle et non cyclique. Si bien que la « surcapacité » n’est pas pertinente.

Le Venezuela, par exemple, compte des usines au point mort, des terres agricoles en friche et abondance de main d’œuvre au chômage. Mais le pays enregistrait aussi une inflation, il y a deux ans, à 10 000 000%.

Aux Etats-Unis, les entreprises ne trouvent pas de gens pour prendre des emplois. Elles sont forcées d’augmenter les salaires. Ce n’est pas parce qu’il n’y a pas assez de main-d’œuvre disponible, cela dit. C’est plus probablement parce que les autorités ont été trop prodigues avec leurs chèques de relance.

Dans de nombreux cas, les gens touchaient plus d’argent en étant au chômage qu’ils n’en gagnaient en travaillant.

Sans oublier que 30 années de relance – avec des taux d’intérêt ultra-bas et des marchés d’actifs soutenus par la Fed – ont créé une économie « financiarisée »… où on ne fait plus fortune grâce au travail ou à l’investissement honnête – en produisant des biens et des services (de la vraie richesse) pour les autres – mais simplement en empruntant et en spéculant.

A suivre…

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