La Chronique Agora

La « transition énergétique » est un luxe futile

La transition énergétique veut imposer autoritairement la façon dont les gens utilisent les ressources disponibles. Mais ils savent très bien optimiser eux-mêmes leur activité.

Il y a des expressions qui subitement se propagent à la vitesse d’une traînée de poudre.

En France, c’est la « transition énergétique » qui est actuellement sur toutes les lèvres des journalistes.

Voici le début d’un cours du CNAM intitulé : La transition énergétique : les clés du développement durable de l’Europe et de l’Afrique

« La transition énergétique désigne le passage du système énergétique, dominant depuis la seconde révolution industrielle, reposant sur l’utilisation des énergies fossiles (le pétrole, le charbon, et le gaz naturel) vers un bouquet énergétique donnant la part belle aux énergies renouvelables et à l’efficacité énergétique.

 Il s’agit en quelque sorte de la troisième révolution industrielle dont les opportunités sont colossales : 

 Ces enjeux sont fondamentaux, tant pour l’Europe qui a besoin de trouver un nouvel essor que pour l’Afrique »…

Le lecteur dubitatif, cynique, mal-pensant, notera avec un ricanement que les révolutions industrielles se sont faites sans aucune proclamation de ce genre. La révolution agricole aussi…

En pratique, les entrepreneurs se débrouillent toujours pour faire plus avec le moins de ressources possibles. L’énergie est une ressource parmi d’autres. Nulle « transition écologique » n’a conduit à abandonner la vapeur et le charbon au profit du pétrole et de l’électricité.

Chacun recherche à son niveau le « découplage de la croissance économique et de la consommation énergétique ». C’est ainsi que surgissent les innovations, que le moteur à explosion a remplacé la turbine à vapeur. En réalité, aucune grande invention de l’humanité n’a été planifiée.

Ce cours indique que la « transition énergétique » serait indispensable à l’essor de l’Afrique.

Là où je suis actuellement, au Congo, c’est aussi surréaliste que de dire qu’il faudrait que les Esquimaux aient de la crème solaire.

Nous sommes allés voir un embryon de cultures maraîchères à Dolisie, à l’ouest de Pointe-Noire.

Pointe Noire est un port très peu ravitaillé en produits frais locaux (même le poulet arrive congelé du Brésil). Dolisie est une capitale administrative sommeillant dans le massif de la Mayombe, un point sur la route entre Pointe-Noire et Brazzaville. La Mayombe a une terre plutôt riche, contrairement aux marécages de Pointe-Noire.

L’idée est de faire de la culture maraîchère locale sur des terrains mitoyens ; les produits seraient acheminés depuis Dolisie vers Pointe-Noire.

Nous sommes donc allés trouver un petit producteur local…

Au premier plan, ce sont des aubergines, au deuxième plan ce sont des piquets de clôture qui ont fait des rejets.

Et nous avons parlé à note pionnier maraîcher…

… qui cultive avec une aide un terrain d’environ 3 000 m2.

Ses tomates sont tombées subitement malades. Il ne sait pas trop pourquoi mais il aimerait bien tester un insecticide mais il n’a pas encore assez d’argent pour se le payer. Les carottes, les courgettes et la ciboule poussent très bien.

Rien n’est mécanisé, sauf le moteur de la pompe qui, lors de la saison sèche, remonte un peu d’eau de la rivière en contrebas.

Lorsque je lui ai montré une photo de motoculteur sur mon téléphone, il m’a avoué qu’il ne savait pas s’en servir…

Comment peut-on parler de transition énergétique à des gens dont la principale source d’énergie reste musculaire ?

Ensuite, nous avons parlé transport…

Là, comment dire… les standards sont facilement améliorables.

La croissance, les innovations, les révolutions industrielles ou agricoles ne sont pas le fait de grands planificateurs. Elles sont le fait d’individus qui cherchent à produire plus et mieux avec le moins possible. Moins on leur met de bâtons dans les roues, mieux c’est.

Et les gens se passent de subventions si les bureaucrates ne leur mettent pas d’obstacles sur la route.

Mais les gouvernements n’aiment pas ça.

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