La Chronique Agora

Tous hors-la-loi, nos lecteurs aussi !

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▪ L’article de Bill Bonner de jeudi — Tous hors-la-loi ! — a fait naître de nombreuses réflexions, questions et remarques parmi vous. En voici quelques-unes, histoire d’enrichir un débat qui ne fait que commencer… mais dont l’importance dépasse la simple question du « faut-il avoir des billets de 100 euros ou non ? »

Commençons par G., qui nous dit que « je me considère humblement comme partie de la classe moyenne, et il faut bien avouer que les billets de 200 euros ou 500 euros ne me sont pas très utiles… A la rigueur 100 euros pour dire. Si on les supprime, je pense qu’on embêtera beaucoup plus les trafiquants et les ‘1% très riches’ que moi ».

Oui, c’est vrai : en l’état actuel des choses, qui a un billet de 500 euros en poche ? A part (véridique !) la jeune fille qui souhaitait payer son jambon-beurre avec un billet de 200 euros lundi dernier devant moi à la boulangerie — provoquant stupeur et consternation chez les vendeuses dont le fond de caisse n’était pas étudié pour de tels écarts fiduciaires, si bien que j’ai eu 10 minutes, montre en main, pour méditer sur l’avenir des devises avant de pouvoir régler mon propre déjeuner — à part elle, donc, bien peu sont ceux qui manipulent de hautes dénominations au quotidien.

Et alors ?

L’important, c’est le principe : pour empêcher une poignée de malfaiteurs de sévir, c’est l’ensemble de la population qui trinque. Si vous, cher lecteur, avez envie de garder une liasse de billets de 500 euros chez vous pour une raison X ou Y, pourquoi est-ce votre liberté qui tombe, encore une fois ? Les banques vont mal, c’est vous qu’on rackette. La Grèce va mal, c’est vous qu’on appelle à contribution. La France s’enlise, c’est vous qu’on ponctionne. Des trafiquants utilisent des billets de 500 euros… et c’est vous qui devenez aussitôt suspect si l’on vous trouve en possession d’un tel billet.

Il y en a un peu assez, non ?

Sans compter qu’on commencerait par les billets de 100 euros ou plus… mais qui dit que le billet de 50 euros n’est pas le prochain sur la liste ? On peut faire confiance aux trafiquants pour trouver des solutions et contourner les interdictions : de nouvelles seront mises en place… et qui sera à nouveau la victime ?

▪ P.L. apporte sa pierre à l’édifice en soulevant une question intéressante : « de mes lointains souvenirs d’économie, j’avais gardé la conviction qu’une ‘monnaie’ fiduciaire était appuyée sur une garantie légale de remboursement à tout moment et à la valeur nominale, donnée par l’émetteur de premier rang ; c’est à dire le Gouvernement. Quid de cette garantie dans un futur où le cash serait illégal ? Un simple déplacement de créance d’un nominal dématérialisé, d’un compte dit ‘courant’ (quel humour), vers un autre ? Ce serait bien une attaque directe du droit de propriété ; contraire à la Constitution et à la Déclaration des droits de l’homme »…

« Mais pourtant notre pétition (j’en suis signataire, avec mon épouse et quelques proches) et tous vos efforts, ne sont pas relayés suffisamment. Ne pourrait-on aussi rechercher le soutien de juristes, en développant l’argument de l’attaque au droit de propriété ? Et de sociologues ? Oui, la disparition du cash est une atteint mortelle à des pans entiers de la société : consommateurs (personnes du troisième âge, qui n’entrent pas dans la société numérique) mais aussi producteurs et commerçants qui alimentent une économie de proximité, favorablement accueillie par un nombre croissant de citoyens… pour ses vertus écologiques et de partage ? Merci pour ce combat et les autres que mènent les Publications Agora ».

C’est plutôt à moi de vous remercier, cher lecteur, pour votre soutien et votre témoignage. Nous ne restons pas inactifs en ce qui nous concerne et sommes constamment à la recherche de partenaires et interlocuteurs permettant de relayer notre action.

Certes, les discours sur la fin du cash se multiplient… mais il en va de même pour les inquiétudes, les réactions et les objections à de telles mesures. Nous finirons par nous faire entendre !

▪ G.V. nous apporte un témoignage édifiant sur les contraintes qui entourent désormais le cash :

« Merci M. Bonner pour ces réflexions inquiétantes et… vertueuses. Petite expérience personnelle : j’ai demandé à retirer 50 000 euros en liquide auprès de ma banque et cela en coupures de 50 euros ou au maximum 100 euros. Il m’a été répondu que ce serait difficile mais avec des coupures de 200 ou 500 cela irait… Et moi, je ferais quoi avec de telles coupures dont (presque) aucun commerçant ne veut. De plus, il est interdit de payer un bien avec plus de 3 000 euros en liquide. Et pour obtenir ces 50 000 euros, il fallait du temps, au moins une semaine. Comme quoi, il vaut mieux s’y prendre tôt assez si l’on veut retirer son argent des (grandes) banques. Non à la disparition du cash ! »

Pour rappel, notre pétition est toujours en ligne sur notre site dédié — vous pourrez la signer bien entendu, mais aussi découvrir des dépêches, informations et analyses sur le sujet, pour mieux en comprendre les enjeux.

▪ Terminons par une question de G. : « vous nous dites : ‘lorsque le cash sera hors la loi… seuls les hors-la-loi auront du cash. Et nous avons l’intention d’en faire partie’. J’ai plusieurs questions pratiques pour Mr Bonner : 1) Si le cash est hors-la-loi, comment pourrait-il encore avoir de la valeur ? A quoi pourrait-on encore l’utiliser et comment ? 2) Quel moyen de stockage de valeur à l’abri de la prédation systémique conseilleriez-vous à une personne qui sans être un ‘traîne-misère’ (pour utiliser une expression fleurie telle que vous semblez les affectionner), n’est pas aussi bien pourvu que vous ? »

Le cash — même hors la loi — aura de la valeur dès l’instant où une banque « sérieuse » sera mise à mal. A ce moment-là, tout vaudra mieux qu’une suite de uns et de zéros flottant dans l’éther numérique.

Mais il est vrai que, à plus long terme et pour répondre à votre deuxième question, c’est à notre lecteur Y. que revient le mot de la fin :

« Achetez des pièces d’or et gardez-les. C’est du tangible ! »

D’ailleurs, si vous souhaitez plus de conseils et d’analyses sur l’or — notamment les pièces et leur fiscalité –, rendez-vous dans Crise, Or & Opportunités : un nouveau service dont le programme est contenu dans le titre ! Cliquez ici pour en savoir plus.

Meilleures salutations,

Françoise Garteiser
La Chronique Agora

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