Le fossé entre l’élite et le reste du peuple devient intolérable. Comment le fossé qui se creuse entre les élites américaines et les « petites gens » sera-t-il résolu ?
« L’affirmation selon laquelle les hommes sont objectivement égaux est tellement absurde qu’elle ne mérite même pas d’être réfutée. » – Vilfredo Pareto.
Voici les dernières nouvelles, rapportées par MSNBC :
« L’augmentation de l’immigration va stimuler la croissance américaine »
Une fois de plus, les statistiques prennent la forme qu’on leur donne et servent un objectif politique.
Nous nous sommes intéressés aux explications de ce phénomène.
Une jeune femme a déclaré que les taux de fécondité aux Etats-Unis étaient en baisse. Elle semblait penser que cette baisse – soit une autre statistique – était une source de grande inquiétude.
Qui paiera les impôts ? Qui augmentera la croissance du PIB américain ? Où trouverons-nous nos enseignants, nos pompiers et nos gestionnaires de fonds spéculatifs ? Qui paiera les intérêts de la dette nationale, qui s’élève aujourd’hui à plus de 1 000 milliards de dollars par an ?
Autant d’idées stupides, autant de chiffres idiots. Les élites américaines ont créé une économie endettée qui a besoin de croissance – en termes de crédit, de ventes, de PIB et de recettes fiscales – pour rester en activité. Et maintenant, nous devons faire plus d’enfants et ouvrir nos frontières, disent les experts en politiques publiques, afin de payer pour les politiques passées.
« Les femmes américaines n’ont que 1,6 enfant, explique l’expert. (Encore un mirage statistique… nous n’avons jamais rencontré de couple avec 1,6 enfant.) Il faut deux enfants par couple, simplement pour rester à l’équilibre. Nous devrons combler le déficit avec des immigrés. »
Les Etats-Unis comptent 330 millions d’habitants. Mais il en faut plus !
Pensons aux pauvres Suisses. Oui, ils vivent plus longtemps. Ils ont plus d’argent. Ils ne sont pas impliqués dans des guerres étrangères. Ils ont peu de criminalité. Leurs rues sont propres et sûres. Leurs frontières sont ordonnées.
Mais, les Suissesses n’ont que 1,5 enfant, et le PIB suisse ne représente que 2% du PIB américain. Et si chaque centime du PIB suisse était mis à contribution, il ne suffirait même pas à payer les intérêts de notre dette.
Le principal objectif des élites américaines est de maintenir le cap, en augmentant les dépenses, la dette, la puissance de feu et, désormais, le nombre d’immigrés. Les choix politiques suivent.
L’élitisme
Mais la réalité, c’est que c’est l’élitisme qui donne le la.
Un excès d’immigration peut en fait faire baisser les salaires et le niveau de vie de l’Américain moyen. Mais les immigrants sont une source de main-d’oeuvre à bas salaire, et aident le système à survivre. Les élites sont pour.
Il n’est pas flatteur d’être traité d' »élitiste ». Cela signifie généralement que vous pensez être meilleur que les autres et que vous devriez bénéficier de privilèges particuliers.
Ici, nous utilisons ce terme de manière purement descriptive. L’élitisme n’est pas une maladie, ce n’est pas un péché, ce n’est pas une erreur. C’est tout simplement le mode de fonctionnement des sociétés.
Notre guide à cet égard est le grand économiste italien Vilfredo Pareto. Vous le connaissez probablement comme l’auteur de la règle des 80/20. Toujours, et partout, disait-il, 80% du travail sera effectué par 20% des gens, 80% de vos profits proviendront de 20% de vos investissements, etc.
Quel que soit le nom que vous donnez à votre gouvernement, il y a toujours quelques personnes – une élite – qui dirigent réellement le pays. Louis XIV, par exemple, était un monarque absolu. Mais Louis ne collectait pas lui-même ses impôts, ne gagnait pas ses guerres, ne concevait pas et ne cousait pas ses uniformes. Son règne a été rendu possible par ce que Javier Milei appelle la « casta politica », la caste politique.
De même, ce sont les apparatchiks et la nomenklatura qui ont dirigé l’Union soviétique. Et ce sont les membres du parti nazi qui ont dirigé l’Allemagne d’Hitler.
Aujourd’hui, aux Etats-Unis, nous avons des politiciens, des lobbyistes, des PDG, des influenceurs, des économistes… Ils permettent aux citoyens de voter, souvent avec des résultats surprenants et perturbateurs. Mais les principales décisions et les politiques durables sont déterminées par les élites. Elles contrôlent la conversation publique.
Un canyon qui s’élargit
En règle générale, lorsqu’une société est nouvelle et/ou petite, il n’y a guère de différence entre les 20% de l’élite et le reste de la population. Ce sont des voisins, des amis, des associés… Le prêtre de la paroisse, le juge local, le maire de la petite ville.
Mais au fil du temps, les élites adoptent de plus en plus de lois et rédigent de plus en plus de règlements, gagnant progressivement de plus en plus de contrôle sur le reste de la population. Progressivement aussi, leurs points de vue et leurs intérêts divergent.
C’est ce qui s’est passé en France avant la Révolution. L’aristocratie s’est de plus en plus éloignée de ses propres propriétés et de la vie de ses locataires et paysans. Ils vivaient dans le faste, portaient des soies et des velours précieux et mangeaient des repas somptueux, alors que des millions de gens ordinaires – dans les années 1780 – grelottaient et mouraient de faim. Ils s’accordaient des privilèges spéciaux et s’exemptaient même d’impôts.
Finalement, le fossé entre l’élite et le reste du peuple est devenu intolérable. La guillotine a résolu le problème.
Comment le canyon qui s’élargit entre les élites américaines et le « petit peuple » sera-t-il comblé ?