La Chronique Agora

Total : l’effet boursier du nouveau PDG

banques centrales

Sylvain Frochaux

Que faut-il attendre de l’action Total après le retour de Thierry Desmarest aux commandes du groupe, suite au décès du PDG Christophe de Margerie ? Pour un tel groupe, une succession est toujours source d’inquiétude sur les marchés, mais elle peut aussi avoir des effets positifs sur le cours du titre. Ce qui semble être le cas pour le moment.

Pour se faire une idée de l’avenir, et à défaut de pouvoir le lire, on peut se tourner vers la recherche financière qui s’est bien sûr intéressée à la performance boursière des entreprises qui changent de PDG.

Faisons d’abord le point. Le mardi 21 octobre, quelques heures après l’annonce du décès accidentel du PDG du groupe pétrolier, l’action Total a ouvert en forte baisse. Précisément -2,19%. Une réaction de marché classique : la première entreprise française par la taille de ses activités, qui pèse près de 10% du CAC 40, se retrouvait sans patron !

Mais la suite de la séance boursière s’est montrée plus intéressante… l’action clôturant la journée sur une forte hausse de 3,46%, à 44,42 euros. Bien sûr, le rebond technique du marché ce jour-là explique probablement une partie de cette performance. Dès le lendemain 9h30, le titre Total avait retrouvé son niveau de la veille.

▪ Que s’est-il passé ?
A mon avis, les traders se sont souvenus de deux choses :
– Le cinquième groupe pétrolier mondial avait de toute évidence un plan de succession tout prêt ;
– Ce plan impliquait probablement Thierry Desmarest, l’ancien et très apprécié patron de Total de 1995 à 2010 (malgré sa gestion calamiteuse du naufrage de l’Erika).

Je m’avance peut-être un peu, mais les traders ont dû penser à un troisième aspect, qui me tient particulièrement à coeur : la recherche académique. Des études ont, en effet, démontré que la nomination d’un patron compétent avait un impact positif sur la performance de l’action en question.

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Vous trouvez peut-être que j’exagère, en imaginant que les professionnels de l’investissement se tiennent au courant des dernières recherches en finance ? Vous seriez surpris, c’est beaucoup plus fréquent que vous ne l’imaginez. Pourquoi ? Tout simplement parce que l’analyse scientifique permet de mieux se positionner suivant une multitude de scénarios.

Les auteurs de l’étude dont je vous parle aujourd’hui ont mesuré l’effet boursier d’un nouveau PDG, en se basant sur des données couvrant la période de 1998 à 2008. Ce qui permet au passage de tirer le portrait-robot du patron qui réussit à faire grimper l’action en Bourse.

Leur conclusion : l’arrivée d’un PDG « contributeur » accroît en moyenne la valeur d’une société de 1,8%. Par « contributeur », ils entendent un dirigeant qui a réussi dans le passé à générer de l’alpha, c’est-à-dire une performance supérieure sans prise de risque supplémentaire. Cela sous-entend donc que l’arrivée d’un patron ayant fait ses preuves par le passé est souvent saluée par le marché. L’étude démontre aussi que les patrons détenteurs de MBA ou du diplôme d’analyste financier (CFA) ont de plus fortes chances d’être des « contributeurs ».

Ce résultat est-il vérifié par le cas Total ? Il semble que oui. Le retour de Thierry Desmarest a été officialisé le 22 octobre déjà. Total a rapidement réagi, et dans le bon sens, en annonçant l’identité de son nouveau patron (qui forme une direction bicéphale avec le responsable de la branche Raffinage-Chimie, Patrick Pouyanné).

Mieux encore, le 28 octobre — quatre petites séances boursières plus tard –, Total a repris sa place de première capitalisation boursière du CAC 40. La compagnie pétrolière avait été dépassée par le groupe pharmaceutique Sanofi. Devinez qui a démissionné du conseil d’administration de Sanofi, ce jour-là ? Thierry Desmarest ! Et, depuis, Sanofi a changé de PDG… La preuve de l’importance des hommes dans la performance boursière.

Sylvain Frochaux

Directeur de la recherche chez Straight from The Lab
Sylvain Frochaux est le directeur de la recherche chez Straight from The Lab et fondateur de Solution ORION©. Il est surnommé par ses pairs le « Japonais blanc » de la finance, en raison de son caractère jusqu’au-boutiste et de son parcours de vie.

Après des études brillantes à HEC Lausanne (où il finit premier de sa volée, avec notamment une thèse de master en économétrie financière), il se dirige vers le Japon pour y effectuer son doctorat. De retour en Suisse, il devient responsable de l’analyse financière et de la recherche académique pour le quotidien financier L’Agefi.

En 2009, il quitte le journalisme pour créer le groupe Straight from The Lab qui a pour objectif de rendre accessible, aux investisseurs privés, les dernières recherches en finance. En 2013, après trois ans de recherche, il lance avec son équipe le service Solution ORION©, une solution d’investissement basée exclusivement sur l’analyse scientifique des marchés. Unique en son genre, cette stratégie fournit aux investisseurs un portefeuille clé en main, avec une garantie de performance (minimum 50% en cinq ans).

Toutes les études mentionnées dans les articles signés par Sylvain Frochaux peuvent être consultées en vous enregistrant sur la page commune des Publications Agora et de Solution ORION©.

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